REPORTAGE. Les musulmans de France se sont rassemblés en nombre ce vendredi devant la Grande Mosquée de Paris. Tous ont témoigné leur soutien indéfectible à Hervé Gourdel et ont manifesté leur aversion envers Daesh.
#Notinmyname. » Nous sommes tous là pour Hervé « Un soleil de plomb écrase le parvis de la Grande Mosquée de Paris mais la foule ne bronche pas et continue de louer le martyr. Quelques visages s’éclairent d’un sourire, d’autres sont encore voilés par le linceul du deuil. Tous ont encore en tête les terribles images de la décapitation d’Hervé Gourdel par le groupe terroriste algérien Jund al-khilafa, assimilé à Daesh. C’est pour manifester leur solidarité envers le guide de haute-montagne que des centaines de musulmans ont répondu à l’appel de Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris.
Ce dernier place le rassemblement sous le signe de la paix en rappelant ce verset du Coran : » Tuer un homme, c’est tuer l’humanité. Sauver un homme, c’est sauver l’humanité entière. » Le recteur prêche une religion qui prône le respect de la vie et salue ce rassemblement qui est « l’expression forte » de leur « volonté de vivre ensemble ». Puis c’est au tour des personnalités politiques de prendre la parole telle Anne Hidalgo, Valérie Pécresse ou encore Nathalie Kosciusko-Morizet. Et l’ancienne candidate à la mairie de Paris de témoigner sa tristesse. » En 24h, nous avons tous eu le sentiment d’être son intime, on a tremblé, on a eu peur, on fait tous aujourd’hui parti de sa famille. »
Dans la foule, et comme beaucoup d’autres coeurs blessés, Samia applaudit. Elle se reconnaît dans l’oraison de la députée. « J’ai l’impression d’avoir perdu mon frère. J‘ai pleuré pendant trois jours tellement c’était insoutenable ». Abdillahi est inconsolable « je veux dire toutes mes condoléances aux parents d’Hervé. Je suis père de deux enfants, je ne pourrais pas vivre ce qu’ils vivent« .
« L’Etat Islamique offense l’Islam »
D’autres sont déchirés par la colère. Car ils ne sont pas seulement venus rendre hommage à « Hervé », ils sont aussi là pour dénoncer la barbarie des terroristes. Ces terroristes qui se réclament de la même religion, de leur religion. » L’Islam ce n’est pas ça ! approuvent-ils en choeur. C’est la religion de la paix, ce n’est pas la religion de la peur« .
« Faites taire les amalgames », répète comme une supplique Abdillahi. Et c’est peut-être l’ultime moyen pour eux de s’affranchir des actes commis par Daesh : abroger définitivement ces assimilations dont les musulmans sont si souvent les victimes. « Il y a trois nuances à distinguer, soutient Sarah, arabes, musulmans et islamistes : il ne faut pas les confondre ! » Et ces derniers, souligne Adil, « ont choisi la religion du Diable tandis que nous nous avons choisi la religion de Dieu« . Noufissa, elle, ne supporte pas qu’ils soient associés au terrorisme. « Ils nous salissent et ne nous ressemblent pas, ce ne sont pas de vrais musulmans ! » assène-t-elle.
» En aucun cas je ne les autorise à parler en mon nom, en aucun cas je ne les autorise à parler au nom de l’Islam, en aucun cas je ne les laisse parler au nom de Dieu «
Un constat dénoncé par l’imam de Paris qui refuse non seulement de s’excuser mais aussi d’être intégré aux actes des terroristes. » En aucun cas je t’autorise à parler en mon nom, en aucun cas je t’autorise à parler au nom de l’Islam, en aucun cas je t’autorise à parler au nom de Dieu » martèle-t-il en interpellant les islamistes, largement ovationné par l’ensemble des présents. Ils resteront plus d’une heure sur place avant de se retirer dans le calme.
Une nouvelle manifestation aura lieu ce dimanche, celle-ci organisée par l’association SOS Racisme, à 14h30 sur la Place de la République.