Alors que le viol est devenu une véritable épidémie en Inde, deux jeunes femmes originaires du pays ont créé une arme afin d’aider leurs compatriotes potentiellement victimes d’agressions sexuelles : cette arme, c’est un pantalon anti-viol.
Elles n’ont que 21 et 23 ans. Diksha Pathak et Anjali Srivastava, deux jeunes étudiantes originaires de Varanasi ont choisi de ne plus se laisser écraser par le poids des hommes, dont le sexe, en Inde, les élève au sommet de la société. Un sexe qui, parce qu’il est masculin, s’autorise trop souvent à dépasser les limites : celles de l’agression sexuelle. Et c’est pour protéger les femmes du viol que ces deux indiennes ont décidé d’associer leurs formations en sciences et en communication électronique pour mettre au point ensemble un pantalon anti-viol.
Selon le site India Today, ce pantalon nouvelle génération est conçu de façon à envoyer un signal d’alarme dès lors que celle qui le porte est menacée. Il suffit qu’elle appuie sur un bouton qui envoie directement un message de détresse au poste de police le plus proche. Muni d’un signal GPS, le pantalon permettrait à quelque 200 postes de police de Varanasi et ses alentours de recevoir un message en cas de problème et de localiser l’agression. Mais encore faut-il que le(s) violeur(s) ne s’enfuient pas entre temps…
Cette nouvelle arme anti-viol est peu onéreuse : elle coûte 1 euro et sa batterie a une autonomie d’environ 3 mois. Mais contrairement à d’autres dispositifs anti-viol tels que les collants poilus inventés en Chine, ce jean anti-viol n’a pas pour but de « dégoûter » l’agresseur (en lui faisant croire, par exemple, que sa victime a la pilosité d’un ours), mais de lui faire peur en déclenchant le bouton qui préviendra immédiatement les autorités. Mais là encore, cette invention n’est pas sans failles : en effet, il arrive parfois que des policiers eux-mêmes agressent sexuellement des femmes indiennes. Et dans ce cas-là, il est probable qu’il soit plus difficile pour la victime d’user de son gadget…
D’autres gadgets anti-viol
En Inde, le viol s’est presque banalisé. Un viol y aurait lieu toutes les 22 minutes. Les médias du monde entier relaient régulièrement des faits divers abordant des viols collectifs. Ce sont d’ailleurs ces types de viols qui ont poussé Diksha Pathak et Anjali Srivastava à créer leur pantalon anti-viol. Mais ce n’est pas la première « arme » de ce genre inventée en Inde : il existait déjà un spray au poivre, un soutien-gorge et des sandales électriques : élaborées par deux autres étudiantes issues du même établissement que Diksha Pathak et Anjali Srivastava, ces chaussures envoient des décharges électriques aux violeurs et des SMS à l’entourage de la victime à partir du moment où l’on tape quelqu’un avec.
Malheureusement, le fléau du viol ne pourra jamais être réglé à l’aide de gadgets. La solution ne peut se trouver ailleurs qu’entre les mains du gouvernement qui doit lourdement sanctionner les auteurs de ces viols. De plus, pour éradiquer ce mal, il serait nécessaire de mettre en place un système de prévention qui passerait notamment par l’éducation des jeunes.
L’Inde, pays du viol ?
Si les médias évoquent souvent les viols commis en Inde, ce n’est pourtant pas le pays où l’on en dénombre le plus. Dans le monde, il se commet 903 viols par jour, soit 329 708 viols déclarés chaque année, dont 95 136 aux Etats-Unis (dix viols par heure y ont lieu), 52 425 en Afrique du sud, 24 350 au Canada, et 15 630 en Australie. L’Inde, elle, se retrouve cinquième du classement avec 15 468 viols. Il faut cependant tenir compte de la démographie des pays : le nombre de viols est proportionnel aux nombres d’habitants.
Mais sans prendre en considération la taille des pays et de leur nombre d’habitants, c’est en République démocratique du Congo que se commettent le plus de viols. En effet, en temps de guerre, les viols sont particulièrement épouvantables. D’ailleurs, en 2008, le Conseil de sécurité de l’ONU a voté à l’unanimité en faveur d’une résolution considérant le viol comme arme de guerre, prenant ainsi une mesure capitale en faveur de la protection des femmes et des filles de RDC et du monde entier.
Concrètement, cette résolution de 1820 affirme que le viol et d’autres formes de violence sexuelle peuvent constituer un crime de guerre, un crime contre l’humanité ou un élément constitutif du crime de génocide. Elle facilite également la prise de sanctions contre les auteurs de ces crimes et évalue les coûts politiques, militaires et économiques de ces actes de violence. Mais dans les faits, quel soit le pays, les sanctions contre les violeurs sont encore trop peu souvent appliquées, du fait notamment du silence des victimes qui, trop fréquemment, n’osent pas porter plainte… Et là encore, il revient aux gouvernements d’inciter les femmes à en parler.