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Patrick Duffy : de Dallas à Amour Gloire et Beauté

Patrick Duffy est l’une des figures incontournables des séries des années 80 avec son rôle de Bobby dans Dallas. Quelles différences entre jouer dans Dallas et Amour gloire et beauté?

Pour tout fan de séries télé, quelques séries sont incontournables pour se forger sa culture. Sans doute moins incontournable que Le Prisonnier ou Hill Street Blues, Dallas compte pourtant parmi les séries importantes. Si la série est marquée par le rôle de JR joué par le regretté Larry Hagman, Bobby est un personnage très important, et Patrick Duffy le campa à merveille entre 1978 et 1991, puis entre 2012 et 2014. Entre ces deux versions de Dallas, Patrick Duffy joua aussi dans un daytime soap Amour Gloire et Beauté. Quelles différences pour un comédien de jouer dans ces deux types de séries? Nous avons posé la question à Patrick Duffy lors du 55ème Festival de télévision de Monte-Carlo.

Vous avez joué dans de nombreuses séries TV et bien sûr des soap operas. Relevez-vous des différences entre le tournage d’une série et d’un soap comme Amour, Gloire et Beauté ?

Patrick Duffy : Oh oui. Dans un sens, mes séries TV ont toujours été des soap operas, mais des soap operas très différents des feuilletons quotidiens. Les acteurs de soaps sont les plus gros travailleurs qui existent dans l’industrie, pour leur interprétation. Ils obtiennent moins de reconnaissance, parce que les gens se disent : « Les soap operas, c’est tellement mélodramatique… » Je suis arrivé sur Amour, Gloire et Beauté, et j’avais un énorme travail, qu’on me donnait la veille. Je regardais tout ça, et je disais : « Vous êtes fous ! Vous vous fichez de moi ?! 30 pages, rien que pour moi ? » « Oui, et on commence demain. » Je rentrais chez moi, et Argh ! J’ai du développer ça comme un muscle pour y arriver. Vous ne maîtrisez pas 30 pages de dialogues, mais vous pouvez ingérer 30 pages de dialogues et si vous travaillez suffisamment dur, vous pouvez les régurgiter de façon assez proche des vrais mots, et vous apprenez à faire ça régulièrement, chaque jour. Et il n’y a pas de répétition, jamais. Le réalisateur vous dit : « Mets-toi là pour cette réplique, à ta troisième réplique tu seras par-là, après tu vas là et tu te diriges vers la porte. » Et c’est parti, vous devez le faire. C’est un don, et si vous pouvez apprendre, c’est un don que vous emporterez partout avec vous.  Mes 5 ans sur Amour, Gloire et Beauté m’ont donné l’énergie pour travailler dur sur le nouveau Dallas.

Etiez-vous meilleur sur le nouveau Dallas que sur le premier ?

J’étais plus discipliné. Je ne sais pas si « meilleur » est le mot qui convient ; je pense que mon interprétation, comme celle de n’importe quel autre acteur, s’améliore avec l’âge, mais les qualités premières restent toujours les mêmes. Ma discipline s’est améliorée, parce que j’y étais obligé. A mes débuts, je m’adaptais beaucoup au script, je ne l’amenais jamais à la maison, je ne mémorisais jamais mes répliques ; j’arrivais le matin pour le maquillage, j’y jetais un œil et je me disais OK, je le tiens. Je pouvais faire toutes les scènes où j’apparaissais, je pouvais même réciter la moitié des répliques des autres. C’était comme une photo, c’était temporaire, mais ça le faisait pour la journée. 40 ans plus tard, je ne suis plus aussi affûté qu’auparavant. Ça demande donc un peu plus d’efforts, mais Amour, Gloire et Beauté m’a amené à me redéfinir et à retravailler là-dessus. Ce n’est plus photographique mais maintenant, je mémorise très rapidement et ça reste en moi. Sur le nouveau Dallas, je n’amenais jamais le script avec moi sur le plateau, je l’emportais à la maison et je travaillais – ce que je n’avais jamais l’habitude de faire. Ma règle, c’est qu’on ne devrait jamais apporter un script sur le plateau, on ne devrait jamais avoir à le faire. Si vous êtes consciencieux dans votre art, vous ne devriez jamais apporter le script sur le plateau. Vous volez quelque chose aux autres acteurs si vous le faites, vous êtes ici au lieu d’être là. C’est ma règle et j’y tiens, elle me rend très sûr de moi.

A la fin de la saison 2 de Dallas (2012), vous avez dit qu’en lisant le script, vous aviez été très surpris et que vous aviez adoré la manière dont est traitée la mort de JR. Pour moi, c’est une des histoires les plus brillantes de tout Dallas

Pour moi aussi, et c’est intéressant. C’est tragique – tragique dans le sens où j’ai perdu  un ami ou un complice – c’est ce que nous étions. C’est ce qui me manque, mais je ne suis pas triste du tout d’avoir perdu Larry. Il n’y a pas une once de tristesse en moi quand je pense à lui. Chaque fois que je pense à Haggy (Larry Hagman ndlr), je souris, parce que les minutes que j’ai passées avec lui sont les meilleurs moments de ma vie. Il n’y a pas de sentiment de vide en moi, parce que je me dis toujours qu’il n’est pas en train de nous observer de là-haut – ou d’en-bas, peu importe ce que vous mettez derrière tout ça selon votre philosophie – mais il fait encore partie de ma vie aujourd’hui. Quand il est mort, à la mi-saison, ça a motivé tout le monde, ça a poussé tout le monde en avant, parce que la série n’était pas terminée. Il aurait été le premier à dire que Dallas n’était pas la série d’un seul personnage : Dallas, c’est Dallas et nous en faisons tous partie. Mais quand il est mort, nous avions encore 5 épisodes à tourner, et tout le monde s’est dit : « O.K., on continue, on joue le jeu et on trouve un moyen de s’en tirer. » L’écriture et le scénario se sont améliorés,  tout le monde a dû innover. D’abord, on a dû trouver comment le garder en vie assez longtemps pour le faire mourir. Comment fait-on ça ? On s’est plongés dans les archives de tournage, les images et les voix… Même à partir d’un seul mot : peut-on en faire une conversation téléphonique ? Peut-on prendre un mot ici, un mot là, et créer une intrigue à partir de ces mots ? Y a-t-il une séquence qu’on puisse utiliser ? On l’a déjà utilisée, mais peut-on changer l’arrière-plan, changer la couleur  – parce qu’on peut colorer la pellicule maintenant, ce genre de choses. Tout le monde a été poussé en avant. Les acteurs se sont dit : quoi de neuf ? Et maintenant ? Qu’est-ce qu’on fait ? C’était très amusant, et c’était la manière la plus digne de lui rendre hommage. [youtube id= »klbetjyK0oE »]

Crédits: TNT/CBS
Traduction par Fanny Lombard Allegra
Retrouvez ici notre émission spéciale soap de La loi des séries

About author

Rédacteur en chef du pôle séries, animateur de La loi des séries et spécialiste de la fiction française
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