Alors que le Front National a largement remporté les élections européennes de mai 2014, et que l’opération de « dé-diabolisation » semble porter ses fruits, Jean-Marie Le Pen a encore défrayé la chronique avec des propos assez choquants. Dans une vidéo hebdomadaire publiée dans son « journal de bord » le 6 juin dernier, le Président d’honneur du FN a proposé de faire une « fournée » des artistes qui critiquent son parti politique et surtout de Patrick Bruel, de confession juive, qui refuse de donner des concerts dans les villes dont le maire est un partisan FN.
Marine Le Pen, présidente du Front National et de nombreuses personnalités du parti ont sévèrement critiqué les propos de Jean-Marie Le Pen. Cependant, elle estime que les paroles de son père ont été mal comprises, et détournées de manière malveillante. Louis Aliot, vice-président du FN a lui estimé que si M. Le Pen “a bien utilisé le terme de fournée, c’est une mauvaise phrase de plus. C’est stupide politiquement et consternant“.
Le Front National qui voit sa côte de popularité au beau fixe depuis presque un an risque de pâtir des déclarations controversées de son Président d’honneur. Alors que l’heure est à la « dé-diabolisation », même si le projet n’est pas avoué, ces paroles sonnent antisémites, à l’image de Monsieur Le Pen plusieurs fois condamné pour incitation à la haine raciale ou pour négationnisme.
De nombreuses associations comme SOS-Racisme ou le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples, ont annoncé le dépôt d’une plainte pour provocation à la haine et à la violence antisémite. Patrick Bruel a même réagi sur Twitter en dénonçant l’antisémitisme et la xénophobie de Jean-Marie Le Pen.
Monsieur Le Pen ne s’est pas laissé impressionné et estime que le mot « fournée » n’a aucune connotation antisémite, sauf pour ses ennemis politiques.
Quoiqu’il en soit, si le Front National espère avoir un jour une vraie légitimité politique, et un nouveau visage, les annonces de ce genre sont à bannir définitivement. Il semblerait que l’image dont le FN essaie de se débarrasser lui colle à la peau.