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Le péplum dans les séries (2/2): … et à Dieu ce qui est à Dieu

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Longtemps considéré comme un genre mineur voire ringard, le péplum est revenu en grâce depuis une vingtaine d’années, à la faveur du succès de Gladiator. Les chaînes de télévision n’ont pas tardé à s’engouffrer dans la brèche. Mais qu’en est-il exactement du péplum sur le petit écran ? Dans cette seconde partie, VL remet sa toge pour explorer les séries bibliques et mythologiques, ainsi que les comédies à l’antique. Bis repetita placent.

Que l’on soit croyant ou pas, on ne saurait nier que la Bible est un (sacré) recueil de belles histoires, édifiantes et bien écrites, avec des personnages charismatiques. Et là encore, nous en connaissons tous les épisodes les plus célèbres, ne serait-ce qu’approximativement. Noé (avec son arche), Moïse (avec ses Tables de la Loi), Jonas (avec sa baleine), David (avec sa fronde), Samson (sans ses cheveux mais avec Dalila), Jésus (avec ses apôtres), Judas (avec ses 30 deniers). La diversité et le nombre des sujets traités pourraient laisser supposer que la télévision y trouverait une mine d’idées à exploiter, à l’instar du cinéma avant elle. Et puis, Dieu comme scénariste, on peut difficilement faire mieux ! Pourtant, les chaînes sont généreuses en téléfilms mais étrangement avares en séries bibliques. Dans l’actualité récente, tout au plus relève-t-on deux titres marquants : The Bible (2013 – History) etA.D. : The Bible continues (2015 – NBC). Encore la seconde est-elle, comme son titre l’indique, la suite de la première… On pourrait ajouter Of Kings and Prophets, diffusée sur ABC mais annulée au bout d’une poignée d’épisodes, faute d’audience.

The Bible couvre l’Ancien et le Nouveau Testament, de la Genèse aux Révélations. Elle inclut donc des passages aussi célèbres que le Déluge, l’Exode, le règne de David, la naissance et la mort du Christ, puis sa résurrection. A.D. : The Bible Continues est centrée sur le Nouveau Testament et reprend les épisodes de la crucifixion et de la résurrection, avant de poursuivre avec les Actes des Apôtres pour raconter, entre autres,  la naissance du Christianisme et les premières persécutions des chrétiens. Les deux séries étant en quelque sorte les deux saisons d’un même projet, il n’est pas étonnant qu’elles abordent le sujet de la même manière – c’est-à-dire en reprenant le texte biblique quasiment à la lettre, en adoptant par conséquent un point de vue spirituel en ayant recours au merveilleux. Elles s’y emploient par le truchement de ressorts habituels et convenus mais néanmoins efficaces, par exemple les effets visuels sensés illustrer la parole divine : ciels d’orage, éclairs, éléments déchaînés, jeux de lumière. Il faut bien reconnaître que montrer le Divin est une gageure, et au moins nous épargne-t-on la voix off caverneuse d’un Dieu invisible…. Le scénario se permet même – blasphème ! – d’en rajouter, faisant apparaître lors de la destruction de Sodome des anges vengeurs armés jusqu’aux dents, absents de la Bible (désignés par les téléspectateurs sous le nom de ninja angels !); la mise en scène du Nouveau Testament n’a pas non plus été exempte de polémiques, en raison d’un Jésus (Diogo Morgado) jugé trop sexy (au point que les fans l’ont surnommé Hot Jesus !) et de quelques raccourcis et interprétations controversés, ce qui est compréhensible dans la mesure où les Evangiles ne s’accordent pas toujours entre elles sur les détails. L’ensemble est donc une adaptation relativement fidèle, en tous cas à visée religieuse et clairement prosélyte.

Au commencement…

Of Kings And Prophets, quant à elle, s’appuie sur le Livre de Samuel et relate le règne de Saül (Ray Winstone) et de son successeur, le berger David (celui de David et Goliath, interprété par Olly Rix). Pour le peu qu’on en ait vu, la série avortée s’opposait à The Bible en choisissant de s’inscrire dans une autre démarche. Dans les deux épisodes diffusés, elle excluait toute démonstration de puissance divine voire même toute allusion au surnaturel, pour se porter sur le terrain purement politique. Elle prétendait en fait illustrer la manière dont Saül, par le jeu d’alliances politiques et matrimoniales, tentait de fédérer derrière lui les 12 Tribus d’Israël, dans la guerre contre les Pharisiens. L’idée, intéressante, demeurait toutefois inaboutie dans la mesure où le récit, maladroit et déséquilibré, ressemblait davantage à un ersatz de Game of Thrones (sans les dragons) qu’à une analyse approfondie de la construction du pouvoir… Reste que la comparaison entre les deux séries donne à voir deux façons radicalement différentes de porter à l’écran un texte religieux – le Spirituel contre le Temporel. C’est justement l’absence d’autre alternative  qui explique, sans doute, que le sujet ait été si peu abordé par la télévision au cours des dernières années.

L’absence d’un regard purement religieux coïncide avec l’émergence de séries appartenant à deux registres qui lui sont antagonistes : d’un côté, des séries post apocalyptiques comme The Walking Dead, et de l’autre, des séries axées sur le paranormal comme Penny Dreadful ou X-Files avant elle. Dans tous les cas, la religion apparaît comme un thème sous-jacent mais totalement remis en question. La foi de Vanessa Ives ou de Dana Scully vacille sous le coup des épreuves qu’elles traversent ; les personnages de The Walking Dead (y compris le Père Gabriel) ont perdu tout sentiment religieux et tout espoir en une possible salvation divine ; les anges de Dominion sont des chefs de guerre implacables et sanguinaires ; Dieu est singulièrement absent de Supernatural quand Dean et Sam affrontent tous les démons de la création ; Damien, fils paumé de l’antéchrist, n’envisage pas un seul instant de se tourner vers la religion pour échapper au destin que lui réserve son père; et même Lucifer a quitté l’Enfer, désabusé, pour élire résidence dans un Los Angeles bêtement humain ! Face à cette critique générale de la foi et de la religion, on ne s’étonnera pas de l’absence de séries strictement bibliques.  Plus encore, le propos religieux s’affiche davantage comme prétexte à la subversion – par exemple dans American Horror Story : Asylum (2013).

En parallèle, l’illustration de questions géopolitiques ou sociales transposées dans l’Antiquité biblique a perdu, sinon de son acuité, du moins de son actualité. Au cinéma, les films ont bien souvent instrumentalisé le récit biblique afin d’évoquer des thèmes contemporains, comme une manière d’aborder de biais des sujets sensibles. Quand Sodome et Gomorre (1949) ou Salomon et la reine de Saba (1959) renvoient en filigrane au conflit israélo-palestinien, La terre des Pharaons de Howards Hawks (1955) fait clairement référence à la guerre du Sinaï – et les autorités égyptiennes ne s’y sont pas laissées prendre et ont interdit le film. Of Kings and Prophets prend ce même parti, en racontant comment des peuples du Moyen-Orient sont amenés à s’unir pour lutter contre l’oppression religieuse des Pharisiens… Certes, une mise en place maladroite et chaotique dessert le propos, mais l’allusion n’en demeure pas moins limpide. Or, le paysage télévisuel actuel n’a plus besoin de ces artifices, quand des séries comme Homeland, 24 ou Madam Secretary traitent frontalement des questions géopolitiques actuelles. Dès lors qu’un Martin Oden (Sean Bean) de Legends infiltre une cellule terroriste islamique ou que Alicia Florrick (Juliana Marguiles – The Good Wife) vient en aide aux opposants d’une dictature arabe, pourquoi prendre la peine d’appeler Moïse ou Salomon à la rescousse ?

Olympe et les dieux

Bizarrement, l’évolution des péplums mythologiques à la télévision présente un certain nombre de points communs avec celle des séries d’inspiration religieuse. Bien que plus nombreux, ils restent tout de même assez rares, rattrapés voire dépassés par des modèles plus actuels. Et, comme pour les séries bibliques, celles tirées de la mythologie sont confrontées à deux lectures possibles : soit elles adoptent l’angle du surnaturel et du merveilleux, soit elles tentent une interprétation politique de la légende. Le premier cas est de loin le plus fréquent. Des séries comme Hercule (1994 – avec Kevin Sorbo), son spin off Xena la guerrière (1995 – avec Lucy Lawless), Atlantis (2013) ou Olympus (2015) prennent le corpus mythologique au pied de la lettre, comme point de départ dont elles s’inspirent pour en décliner les grands thèmes. Bien évidemment, il serait totalement inepte de reprocher à ces séries les libertés qu’elles s’octroient par rapport aux textes antiques ! La légende, par essence, se prête à merveille aux réécritures et réinterprétations. Notons d’ailleurs qu’aucune d’entre elles ne prétend relater précisément les mythes antiques, mais bien les utiliser comme matière première à partir de laquelle créer un univers qui leur est propre, amalgame des différentes mythologies existantes – grecque, romaine, scandinave, indienne, étrusque, etc. Le résultat, dans la droite ligne des classiques du cinéma, ne manque ni de fraîcheur ni d’intérêt : spectaculaires et astucieuses, ces séries (et Hercule et Xena en particulier) réussissent à recycler de vielles légendes et à les faire évoluer pour créer leur propre mythologie.

Beaucoup plus rare, le versant politique est parfaitement exploité par Odysseus (2013). Après la guerre de Troie et au sortir de décennies d’errance en Méditerranée, Ulysse (Alessio Boni) est enfin sur le point de regagner son île d’Ithaque. Alors que tous le croient mort, la lutte fait rage pour sa succession, opposant entre eux les prétendants de son épouse Pénélope (Caterina Murino) et son fils Télémaque (Nils Schneider). Si l’Odyssée d’Homère sert bien de base au scénario, la série s’attache bien davantage à l’étude de la constitution du pouvoir et de sa légitimité qu’aux aventures d’Ulysse. En dépit de quelques maladresses, Odysseus est une série passionnante et intelligente, sorte de House of Cards de l’Antiquité. Mais justement, des séries comme Boss ou House Of Cards traitent du même sujet dans une perspective plus actuelle, et donc plus en phase avec leur public.

Et Hercule et Xena, me direz-vous ? On annonce un reboot des aventures de la barbare sexy… Mais entre-temps, d’autres héros sont apparus à la télévision, et ils ne sont pas tellement éloignés des héros mythologiques, qu’ils sont en passe de reléguer… au rayon des antiquités ! Arrow, The Flash ou Daredevil, par leurs histoires personnelles ou leurs aptitudes hors-norme, apparaissent en quelque sorte comme les successeurs des héros antiques : traumatismes fondateurs, origines inconnues et / ou paranormales, armes et pouvoirs surnaturels, costumes et identités cachées… L’énumération serait longue et fastidieuse, et le sujet a maintes fois été traité, y compris par des universitaires ; on renverra au remarquable travail du professeur Robert Delord (lien en fin d’article)  Reste à savoir si Xena pourra rivaliser avec Jessica Jones ou Black Canary, et reconquérir sa couronne de princesse guerrière.

C’est pas faux!

Flamboyant parfois jusqu’à la grandiloquence, ou au contraire à la limite du pathétique lorsqu’il manque de moyens, servi par des dialogues ampoulés et emphatiques, le péplum se prête facilement à la caricature. Le cinéma s’y est employé, avec des films comme La vie de Brian des Monty Pythons (1979), Le forum en folie (tiré d’une comédie musicale – 1966) ou chez nous Deux heures moins le quart avant J.C. (avec Coluche et Jean Yanne – 1982). Les séries ne sont pas en reste : la britannique Plebs (ITV2 – 2013) ou les françaises Kaamelott (2005) ou la bien-nommée Péplum (2015) creusent le même filon, en reprenant peu ou prou les mêmes ficelles. Elles jouent sur la carte parodique, en accentuant les clichés de l’Antiquité en général et du péplum « sérieux » en particulier, misent sur l’outrance, l’absurde et l’anachronisme. Dans ces conditions, il est bien évident qu’on est moins exigeant quant à la rigueur et l’exactitude historique puisque l’idée générale est bien de détourner l’Histoire à des fins comiques. Et pourtant, nonobstant les incohérences – volontaires ou non – ces comédies peuvent faire preuve d’une étonnante pertinence voire d’une lucidité qui ne l’est pas moins.

Très réussie, la série Plebs raconte les (més)aventures  des plébéiens Marcus (Tom Rosenthal) et Stylax (Joel Fry), deux jeunes Romains qui n’ont que deux ambitions dans la vie : s’inviter dans les soirées et les orgies de la bonne société romaine, et s’envoyer en l’air (avec n’importe quelle représentante du sexe opposé pour Stylax, avec  la jolie voisine bretonne fraîchement arrivée à Rome pour Marcus.)  Accompagnés de leur esclave Grumio, aussi benêt et fainéant qu’eux, ils accumulent les échecs et les galères.  Drôle (quoi que l’humour soit parfois très primaire, et à ne pas mettre entre toutes les oreilles…), très bien écrite et bien jouée, la série mise à fond sur le décalage temporel et repose surtout sur la transposition de problèmes actuels : on fait du bénévolat dans un foyer pour SDF lors des Saturnales, les combats de gladiateurs prennent des allures de match de foot, les vases antiques aux décors érotiques sont les magazines porno de l’époque, les loyers ne cessent d’augmenter, et la main d’œuvre est remplacée par des machines (en l’occurrence, le « déchiqueteur de papier » voit son poste menacé par un braséro !)  Le tout ponctué de scènes surréalistes – ne ratez pas la découverte de la banane, hallucinante ! Et si l’on sent bien que le budget alloué à Plebs est modeste, le manque de moyens fait aussi parti du charme de cette production sans prétention, et n’empêche pas une reconstitution très fidèle des décors romains.

Série-culte créée et interprétée par Alexandre Astier, Kaamelott est une relecture de la Geste arthurienne : le Roi Arthur (Alexandre Astier, donc) part à la recherche du Graal, avec l’aide de ses fidèles chevaliers de la Table ronde. Encore que l’aide en question soit toute relative : le malheureux souverain est entouré de bras cassés. Idiots, peureux, paresseux, naïfs (voire tout ça à la fois), ou au contraire ambitieux et violents, ses vassaux brillent par leur incompétence. Mais vaille que vaille, la petite troupe persévère, secondée par un Merlin aussi nul que les autres… Le ton très particulier de Kaamelott laisse rarement indifférent. Hyper-référencée, avec un humour allant du plus trivial au plus subtil, la série est en tous cas bien plus érudite qu’on pourrait le croire. Outre l’écriture ciselée de dialogues souvent irrésistibles, la qualité des scénarii laisse entrevoir une grande maîtrise des écrits constitutifs de la légende arthurienne. Certes, la série est imprécise quant à son cadre temporel, mais elle ne fait que s’aligner sur les textes, rédigés au Moyen-Age mais relatant des faits supposés s’être produits au Vème siècle, et illustrés par une imagerie médiévale. De nombreux éléments renvoient donc à l’Antiquité tardive (évocation du mur d’Hadrien, dernières traces de présence romaine en Bretagne, décadence de l’Empire), quand d’autres sont en revanche caractéristiques du Moyen-âge (les armures ou les châteaux forts, par exemple) Une représentation traditionnelle, et qui correspond aux attentes d’un public plus enclin à imaginer Lancelot en Du Guesclin qu’en Stilicon.  Mais sur ce sujet, l’intéressant dans Kaamelott est ailleurs : il y a, derrière l’ironie et la gaudriole, une idée très juste de la fin de l’Empire romain. Quand Caius (Bruno Salomone)  balance :  « On fait marrer tout le monde avec nos chenilles à la purée d’fraises et nos couilles d’oursins aux amandes, et je sais plus quelles autres saloperies ! » ou qu’il parle de Romulus Augustule en disant : « Lui on lui donne pas deux mois avant qu’il s’fasse égorger. C’est bien simple, en ce moment à Rome y a deux push par an. », les historiens n’oseraient pas lui donner tort. Tout au plus choisiraient-ils une autre formulation pour avancer les raisons de la chute de l’empire romain d’Occident… L’acuité de l’analyse n’est évidemment pas l’essentiel, mais elle est pourtant bien là.

En comparaison, Péplum est moins heureuse. Dans un Empire Romain en pleine décrépitude, l’ancien esclave Bravus (Pascal Demolon) est devenu le conseiller du tyrannique empereur Maximus (Jonathan Lambert). Coincé entre une vie professionnelle stressante et une situation familiale chaotique où il doit notamment composer avec un fils fraîchement converti au christianisme et une fille délurée, Bravus frôle le burn-out… Présentée au public comme une comédie dans la lignée de Kaamelott, Péplum en reprend effectivement certaines caractéristiques mais s’en éloigne toutefois rapidement. Encore une fois, l’utilisation des idées reçues et leur exagération est amusante, malgré ce qui est sans doute le pire amalgame historique jamais vu à l’écran ! République, empire, haute antiquité, émergence du christianisme se mélangent sans distinction, brouillant les repères temporels. Aux yeux de l’amateur d’Histoire antique, ce n’est pas si anecdotique qu’il y paraît : Plebs et Kaamelott profitaient par exemple de leur implantation historique et de leur contexte crédible pour accentuer le décalage des situations et des dialogues, et y imposer un univers foutraque encore plus savoureux… En revanche, il faut reconnaître que l’humour, plus grand public et moins segmentant, rend Péplum plus accessible; malheureusement, si certains traits d’esprit sont très bien trouvés, elle manque globalement de finesse et d’originalité. Cela dit, le vrai problème est plus général et n’a rien à voir avec le thème : paradoxalement, Péplum en fait un peu trop, et l’accumulation de vannes et des gags nuit à l’installation d’une histoire solide et intéressante, la transformant en une succession de sketches redondants et parfois lassants. C’est d’autant plus dommage que l’idée de départ, lancée par Thierry Ardisson, n’est pas mauvaise ; on sent bien qu’il y a un grand potentiel comique et qu’il ne faudrait sans doute pas grand-chose pour transformer l’essai. On annonce une deuxième saison, avec des épisodes plus courts (3 min 30 au lieu de 90 min.) : une chance pour la série de trouver un autre rythme et de se montrer plus convaincante.

Genre minoritaire, mais néanmoins présent, le péplum se décline donc à la télévision dans plusieurs registres. On a évoqué les séries historiques, bibliques, mythologiques et comiques, mais on aurait également pu aborder toutes les séries de science-fiction qui, au prétexte d’un épisode, se sont offert le luxe du voyage temporel ou dans un monde parallèle. Citons, pêle-mêle et au hasard, Sliders, Doctor Who, Jinny de mes rêves qui ont, entre autres, envoyé leurs héros respectifs fouler de leurs sandales le forum romain, l’agora grecque ou le désert égyptien. Pour le coup, la science-fiction les affranchit de toute contrainte quant à la rigueur de la reconstitution historique et leur permet d’accumuler les clichés, avec d’autant plus de facilité que l’exercice est limité dans le temps. Signalons tout de même le cas – unique, à notre connaissance – de personnages antiques voyageant dans le futur : Samantha Stevens (Elizabeth Montgomery) alias Ma sorcière bien-aimée, a eu l’insigne honneur d’accueillir dans sa cuisine rien moins que Jules César, Cléopâtre, et une poignée d’esclaves nubiens ! Comme dirait le Jules César d’Astérix : je suis venu, j’ai vu… et je n’en crois pas mes yeux !

Difficile à définir mais aisément identifiable, le péplum revient en force sur les écrans, de cinéma et de télévision. Avec bien souvent une portée qui dépasse le simple récit, historique ou fictif, d’événements se déroulant dans l’Antiquité. Qu’il évoque en filigrane des questions politiques ou sociales, ou qu’il réinterprète l’Histoire et les mythes à travers une grille de lecture contemporaine, le péplum a ceci de particulier qu’il peut être compris à plusieurs niveaux. Rome raconte l’agonie de la République romaine et l’instauration du principat, mais les thèmes de l’impérialisme, la justification de la guerre, la crise sociale et le poids de l’argent en politique résonnaient particulièrement avec la situation mondiale lors de sa première diffusion  (soit pendant la deuxième guerre d’Irak, dans l’Amérique de George W. Bush). Odysseus prend le prétexte du mythe d’Ulysse pour poser la question de la construction du pouvoir. Plebs dépeint les ambitions contrariées de losers romains qui galèrent dans leur vie quotidienne, et elle ausculte en même temps le malaise des classes moyennes… Et si le péplum apparaît parfois comme moins pertinent au regard de modèles plus proches du public actuel, il a encore beaucoup de choses à dire… Ils ne sont pas aussi fous que ça, ces Romains !

Photos : The Bible (History Channel) / Of Kings and Prophets (ABC) / Xena la Guerrière (universal Pictures) / Plebs (ITV2) / Kaamelott (M6)/ Peplum (M6)

Lien vers l’article de Robert Delord sur les liens entre héros antiques et superhéros :http://www.arretetonchar.fr/wp-content/uploads/2013/IMG/pdf/fiche_discipline_lca-2.pdf

Liste des séries citées :

  • The Bible et A.D. : The Bible continues : 2 saisons – 22 épisodes – disponible en DVD.
  • Of Kings and Prophets – annulée en cours de saison – 2 épisodes – inédite en France.
  • Hercule – 6 saisons – 5 téléfilms +111 épisodes – disponible en DVD.
  • Xena la guerrière – 6 saisons – 134 épisodes – disponible en DVD.
  • Olympus – 1 saison – 13 épisodes – inédite en France.
  • Odysseus, la vengeance d’Ulysse – 1 saison – 12 épisodes – disponible en DVD.
  • Plebs – 2 saisons – 14 épisodes – Inédite en France
  • Kaamelott – 6 saisons – 459 épisodes – Disponible en DVD.
  • Péplum – 1 saison – 3 épisodes – Disponible en DVD.
About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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