À peine neuf jours après sa nomination au poste de Secrétaire d’État en charge du Commerce extérieur, du Tourisme et des Français de l’étranger, Thomas Thévenoud a présenté sa démission au chef du gouvernement Manuel Valls. Il sera remplacé par le député Matthias Fekl.
Mis en doute sur la régularité de ses déclarations d’impôts, l’ex-secrétaire d’État aurait pu écorner le « lien de confiance » voulu au sommet des institutions politiques de la France par François Hollande depuis sa nomination. Si le communiqué de l’Élysée ne s’attarde pas sur les motifs exactes de cette décision, les « raisons personnelles » qui y sont évoquées pourrait fragiliser l’image du nouveau gouvernement.
Si la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche Najat Vallaud Belkacem a exprimé vendredi 5 septembre sur RTL son regret, déplorant « un nouveau coup dur pour le gouvernement », elle affirme que ce nouvel épisode nuageux prouve toutefois le succès de la mise en place des règles sur la transparence dans la politique française. La « mauvaise nouvelle qui nourrit la défiance » dans un contexte de fracture sociale doit, selon la ministre à la tête de la rue de Grenelle, être un motif de plus pour travailler « sur l’exemplarité, sur la transparence, sur le financement de la vie publique ». Cette dernière a tenu à saluer les hommes et femmes politiques qui « respectent les lois ».
Après le scandale de l’affaire Cahuzac en 2013, la lutte pour la transparence des politiques s’est faite plus intense encore. On le rappelle, l’ex-ministre délégué chargé du Budget, Jérôme Cahuzac, avait du démissionner de son poste suite à l’ouverture d’une information judiciaire, le 19 mars 2013, concernant l’existence de fonds non déclarés sur plusieurs comptes à l’étranger notamment en Suisse. Le scandale politico-financier déclenché par les révélations du site d’information en ligne Médiapart avaient touchés les plus hautes sphères de l’État. Le ministre délégué, s’était d’abord présenté comme innocent dans un discours devant l’Assemblée Nationale, avant de reconnaître les faits qui lui étaient reprochés devant les juges d’instruction le 2 avril 2013.
Sa mise en examen pour blanchiment d’argent provenant de fraude fiscale avait placé au coeur du débat la question de la transparence des acteurs politiques et de la nécessité de consolider « le lien de confiance » qui les unis aux français. Les conséquences du scandale ne s’étaient pas faites attendre. Le 10 avril 2013, François Hollande, au cœur d’une tempête médiatique concernant son propre rôle dans la fraude déguisée de l’ex-ministre désavoué, avait, à l’issue du Conseil des ministres annoncé plusieurs mesures en vue d’une grande réforme sur la « transparence de la vie publique. » On se souvient du débat houleux qui avait défrayé la chronique suite à la volonté du chef de l’État, de rendre publiques les déclarations de patrimoine de tous les membres du gouvernement, des parlementaires et des principaux responsables d’exécutif locaux.
Thomas Thévenoud avait déclaré dans les colonnes du Journal de Saône-et-Loire alors qu’il était occupait encore le poste de député : « J’ai voté pour cette loi sur la transparence, j’y suis donc favorable, mais en cette période particulière, il faut aller au-delà du factuel et expliquer les choses aux citoyens : on n’est pas tous des Cahuzac ! ».
Alors que les frontières entre vie publique et vie privée se font quasi-inexistantes dans certains domaines, comme le démontrent, par exemple, les retombées médiatiques de la sortie du livre très dérangeant de Valérie Trierweiler Mardi 2 septembre (elle y retrace, sans phare, son intimité avec l’actuel chef de l’État, donnant des détails sur son rôle d’ex-première dame de France.) Le gouvernement Valls expérimente la question de la transparence avec la démission rapide de Thomas Thévenoud à l’heure où la communication de ses membres est chaque semaine un peu plus fragilisée. Un récent sondage TNS Sofres-Le Figaro Magazine illustre la perte de confiance des Français dans l’exécutif : seulement 13% des Français feraient confiance au Président et 30% au Premier ministre. L’annonce du départ d’un membre du gouvernement tout juste remanié, ne devrait pas faciliter la tâche de l’exécutif auprès de la reconquête des Français largement désabusés par la politique.