Le populisme a le vent en poupe. Donald Trump aux Etats-Unis, Viktor Orban en Hongrie ou Recep Tayyip Erdogan en Turquie. En France, quelle part de populisme chez certains de nos candidats ?
Décryptage.
Qu’est-ce que le populisme et comment se traduit-il en France ?
Rejet de l’élitisme, méfiance des institutions démocratiques
Le populisme est un rejet manifeste de l’élitisme des gouvernants. Cette tendance politique se réfère au peuple, pensé comme un et indivisible, un État et une nation. Le populisme attaque les institutions et transforme certains fonctionnements de la démocratie. Il jette le trouble sur les indépendances juridiques ou médiatiques, accusées d’être sous l’emprise d’un complot ou d’une manipulation. Cette tendance politique est aussi accusée de flatter les plus bas instincts du peuple, plutôt que de s’adresser à sa raison.
François Fillon : le “tournant populiste” de sa campagne ?
Dans les colonnes du Monde, (02.03.2017) Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France, alerte du virage populiste pris par le candidat de la droite après l’annonce de sa mise en examen dans la cadre du Pénélope Gate. Sa défense s’est radicalisée, François Fillon a dénoncé “ un gouvernement des juges” ainsi qu’un jugement du « tribunal médiatique ». Deux arguments de la culture populiste, puisque les autorités judiciaires indépendantes garantissent l’impartialité, certes imparfaite, d’une démocratie. Une affaire tombée au plus mal, depuis que le candidat a fait de l’exemplarité politique, un pilier de sa campagne et de sa victoire aux primaires de la droite.
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Marine Le Pen : le populisme au cœur de son programme politique
La candidate du Front Nationale incarne certainement la plus forte tendance populiste française. Clé de voûte de son programme à l’élection présidentielle, elle dénonce les élites LR-PS (l’herpès), milite pour un Frexit et souhaite constitutionnaliser la “préférence” nationale à l’emploi, au logement et aux aides sociales. Le climat de tensions religieuses et la pesanteur de l’état d’urgence sont un terreau fertile à l’idéologie du Front National.
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Emmanuel Macron : un populisme d’extrême centre ?
Le candidat du mouvement En Marche ! semble lui aussi s’inspirer de la culture populiste. En se présentant comme le candidat anti-système, celui qui transcende les clivages au delà des tractations partisanes (ni de droite, ni de gauche). S’écartant toutefois du chauvinisme, pierre angulaire de l’extrême droite, le populisme d’Emmanuel Macron en appelle à la raison, à des mesures réalisables et modérées, loin de la radicalité proposée par François Fillon, Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon.
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Jean-Luc Mélenchon : un populisme de gauche, contre l’Europe
« Par certains côtés, il rejoint un populisme qu’on aurait habituellement associé à l’extrême droite, sur le souverainisme, sur le scepticisme par rapport à l’Europe » déclarait la porte-parole du PS, Corinne Narassiguin, au micro de Sud Radio en octobre 2016. C’est sur la rhétorique virulente anti-européenne que les similitudes sont les plus perceptibles.
Toutefois, Jean-Luc Mélenchon diverge fondamentalement de l’extrême droite (qu’il qualifie sans être condamné pour ses propos, de fasciste). Il faut plutôt y voir un populisme de gauche, qui flatte les “passions collectives” et tournées vers des idéaux de « justice sociale », d’« égalité » et de « souveraineté populaire ».