Les tensions s’aggravent entre la Pologne et le Bélarus. En cause : des milliers de migrants coincés à la frontière polonaise.
Ces derniers jours, les tensions ont particulièrement grimpé entre les pays polonais et biélorusses, des tensions qui donnent lieu à une grave crise humanitaire. En effet, le gouvernement biélorusse du président Alexandre Loukachenko a fourni des visas à des milliers de migrants et les a laissé passer volontairement en direction de la Pologne. Problème : le pays polonais ne souhaite pas accueillir les migrants et ces derniers se retrouvent donc dans une situation très problématique, coincés en pleine zone interdite dans un froid glacial. Il y aurait déjà eu au moins 10 victimes.
» On est très préoccupés par la situation humanitaire. Nous appelons les deux États à assurer la sécurité, mais aussi le respect des droits des migrants et des réfugiés. Il y a eu plusieurs décès tragiques qui ont été enregistrés dans cette zone frontalière, ces dernières semaines. «
Céline Schmitt, porte-parole du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR)
Pour quelles raisons la Biélorussie a-t-elle provoqué cet afflux de migrants ?
Une instrumentalisation des migrants
En fait, le gouvernement très autoritaire d’Alexandre Loukachenko a volontairement envoyé les migrants en Pologne, afin de se venger des sanctions prises par l’Union Européenne contre son pays. En effet, en mai 2021, les dirigeants biélorusses avait forcé un avion à atterrir, dans le but d’arrêter l’opposant au pouvoir Roman Protassevitch accompagné de sa compagne. Un journaliste et opposant très problématique pour le pouvoir en place.
En réponse à cet acte jugé inacceptable, l’Union Européenne avait donc pris certaines sanctions contre le pays biélorusse. De ce fait, plusieurs pays européens puis l’Union Européenne tout entière ont donc bloqué leur accès aérien à la Biélorussie. De plus, d’importants projets d’investissements en Biélorussie ont aussi été gelés par l’UE, tout comme des avoirs de plusieurs personnalités et structures biélorusses placés dans l’Union Européenne.
A cause de ces multiples sanctions, le gouvernement d’Alexandre Loukachenko souhaite donc répliquer et se sert des migrants pour faire pression contre l’Union Européenne. En effet, les flux migratoires constituent des problèmes considérables que l’UE doit gérer et Alexandre Loukachenko tente de les aggraver.
Une situation dramatique
L’ennui, c’est que le gouvernement polonais n’est pas prêt à accepter cet afflux de migrants et ces derniers se retrouvent dans une impasse.
Justement, ce mercredi, la police polonaise aurait arrêté près d’une cinquantaine de migrants qui tentaient de traverser la frontière. La Pologne aurait aussi déployé des renforts militaires et douaniers dans la zone pour faire face à ce problème et stopper les migrants.
» Au cours des dernières 24 heures, la police a détenu plus de 50 personnes près de Bialowieza après qu’elles ont traversé illégalement la frontière «
Tomasz Krupa, porte-parole de la police régionale, pour l’AFP
Bloqués dans le froid, de nombreux migrants tentent de traverser la frontière polonaise car ce conflit politique menace leur survie.
La situation n’est pas calme. Nous avons dorénavant affaire à des groupes plus petits, quoique fournis, qui attaquent simultanément la frontière polonaise en plusieurs endroits. »
Le ministre de la défense polonais, Mariusz Blaszczak, ce mercredi
Sans aide humanitaire assez importante et en proie à une surveillance accrue de la police, les migrants font donc face à des risques considérables. La haute-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a justement dénoncé une » situation intolérable. » et a demandé un » accès humanitaire immédiat « . Les réponses fortement axées sur la sécurité et la politique des deux côtés – y compris le déploiement accru de troupes – et la rhétorique incendiaire qui les accompagne, ne font qu’exacerber la vulnérabilité et les risques auxquels les migrants et les réfugiés sont confrontés » a-t-elle affirmé. De ce fait, Michelle Bachelet a appelé la Biélorussie et la Pologne à prendre des mesures pour mettre fin à cette situation dramatique.
» Ces centaines d’hommes, de femmes et d’enfants ne doivent pas être contraints de passer une nuit de plus dans un climat glacial sans abri, nourriture, eau et soins médicaux adéquats « .
Michelle Bachelet
Une situation alarmante qui n’est qu’un exemple de ce qui pourrait se multiplier à l’avenir, si le réchauffement climatique vient accélérer les flux migratoires.