Entre ambitions géopolitiques et histoire soviétique, Moscou persiste à vouloir s’emparer de l’Est Ukrainien.
Une région convoitée
Le Donbass. Un nom devenu synonyme de guerre et de tensions géopolitiques depuis plus de dix ans. Cette région de l’est de l’Ukraine, riche en ressources minières, est encore aujourd’hui au centre des revendications du Kremlin. Vladimir Poutine la considère comme une terre historiquement russe. Un point de friction majeur entre Moscou et Kiev et un obstacle considérable à toute paix éventuelle.
Après un sommet sans véritable issue en Alaska, le président américain a surpris en renonçant à exiger un cessez-le-feu préalable. Prônant un « accord de paix« , Trump se montre même ouvert à une proposition russe visant à geler le front dans deux régions et à céder à Moscou le contrôle de Donetsk et Lougansk, les deux « oblasts » qui forment le Donbass. Selon une source citée par l’AFP, Vladimir Poutine « demande dans les faits que l’Ukraine quitte le Donbass« .
Cette exigence s’inscrit dans une volonté d’annexer un territoire que le Kremlin considère comme étant russe et non ukrainien. Depuis 2014, Moscou n’a cessé d’armer, financer et soutenir les séparatistes pro-russes du Donbass, tout en affirmant protéger les russophones de la région « victimes d’un génocide » selon la rhétorique du Kremlin.
Un territoire stratégique et historiquement russe ?
Si la Russie insiste autant sur le Donbass, c’est notamment en raison de sa valeur économique. Cette région représente une immense réserve de charbon, cruciale pour l’Ukraine. Ses centrales thermiques assuraient avant la guerre près de 40% d’électricité du pays. Pour Moscou, récupérer cette zone permettrait à la fois d’affaiblir Kiev et de renforcer son propre potentiel énergétique.
Historiquement, le Donbass est un territoire russifié de longue date. Initialement composé d’une population mixte, à la fois ukrainienne et russe, il est rattaché à la Russie au XVIIIe siècle, devient par la suite un pilier industriel de l’Empire, puis de l’URSS. Les mines de charbon, les aciéries et les usines y fleurissent grandement.
Dans les années 1930, l’Holodomor, la grande famine organisée par Staline, y fait des ravages. Dans les années 1950, la langue ukrainienne y est même interdite dans l’enseignement supérieur. Résultat, à la fin des années 1980, près de la moitié de la population s’identifie comme russe. Cependant, c’est avec l’effondrement de l’Union soviétique en 1991, que la région devient officiellement partie intégrante de l’Ukraine indépendante.
L’objectif du Kremlin
L’intention est clair pour Moscou. Il faut « libérer » les populations russophones et rattacher ces territoires à la Russie. Déjà en 2014, deux « républiques populaires » autoproclamées voient le jour à Donetsk et Lougansk, sans reconnaissance internationale. En 2022, la Russie en reconnait l’indépendance, avant de lancer une invasion totale de l’Ukraine.
Aujourd’hui, la Russie contrôle environ 20% du territoire ukrainien, dont une grande partie du Donbass. Moscou ne recule pas. Poutine aurait promis à Trump de ne plus étendre ses ambitions au-delà du Donbass, en échange d’un accord entérinant la cession de ces territoires. Une proposition que Trump envisage de présenter à Zelensky. En contrepartie Kiev recevrait des États-Unis une garantie de sécurité inspirée de l’article 5 de l’OTAN, mais hors du cadre de l’Alliance atlantique.