Ce 14 juillet a eu lieu le traditionnel défilé militaire sur l’avenue des Champs-Elysées entre l’Arc de Triomphe, et la place de la concorde. Après avoir mis à l’honneur plusieurs pays de l’Europe de l’Est dans un contexte de guerre en 2022, puis l’Inde en 2023, c’est cette année l’Indonésie qui participera au défilé avec 260 de ses militaires. Devenu le deuxième client, après l’Inde, de la France en terme d’armement en asie du sud-est, l’Indonésie est un partenaire majeur pour la France, tant économique que geopolitique.
Un partenaire économique
L’indonésie cherche à devenir une puissance militaire, et en conséquence, modernise et développe son équipement. Néanmoins, ne pouvant pas encore compter sur une industrie de défense nationale suffisament solide et expérimentée, Nusantara a décidé de faire appel à la France.
En effet, après avoir vendu en 2022 pas moins de 42 rafales pour une valeur de pas moins de 8 milliards d’euros, puis 2 sous marins de classe Scorpène en 2024, pour 2 milliards d’euros, l’Indonésie semble enhancer son fournisseur français et multiplie les commandes d’armements, mais aussi de systèmes de détéction radar, faisant la joie des industriels français. On estime que la valeur des contrats passés est de 17 milliards d’euros.
Des partenaires stratégiques
À une époque où le monde se polarise toujours plus entre la Chine et les Ètats-Unis, la France, historiquement relativement plus indépendante des Etats-Unis que le reste de l’Occident, conserve une industrie de défense solide et indépendante dans tous les domaines. Elle incarne cette « troisième voie » qui permet aux pays non-alignés de se fournir en armement, sans pour autant choisir un camp, ou devenir dépendant de son fournisseur. Puisque c’est là une grande promesse des industriels français : de permettre le développement des compétences locales, de transférer des technologies, et donc ne pas rendre les pays acheteurs dépendants des compétences de leur fournisseur.
De son côté, la France, suite à la rupture du « contrat du siècle » avec l’Australie en septembre 2021 prévoyant l’achat par ces derniers de 12 submersibles, cherche à diversifier ses partenariats stratégiques dans la région. Ce alors que la Chine gagne en puissance et ne fait plus doute de ses velleités bellicistes dans l’Indo-Pacifique. La France, qui possède de nombreux territoires ultra-marins dans la région, avait cependant été écartée par les Etats-Unis lorsque ces derniers avaient avec l’Australie et le Royaume-Uni, formé l’alliance AUKUS pour contrer la Chine. Obligé de faire cavalier seul, ce type de contrat d’armement revêt, au-delà de l’aspect économique, un aspect hautement stratégique d’un rapprochement subtil mais certains entre les deux pays.
Illustrer un partenariat
C’est une forme de respect et de remerciement, peut-être la plus impactante qu’ait la France. En permettant à des soldats Indonésiens de défiler le 14 juillet sur les Champs-Elysées, Paris donne à Nusantara une légitimité et une portée internationale. C’est aussi l’idée que la France ne les toise pas de haut, mais les considère et les respecte comme ses égaux. Vestige du colonialisme, peut-être la France tente-t-elle ici de déconstruire cette image, et de réincarner cette « troisième voie », une voie du dialogue d’égal à égal entre un pays en développement et un pays de l’Occident.
Mettre à l’honneur ces militaires indonésiens et les faire passer en premier, c’est aussi mettre à l’honneur leur culture, leurs traditions militaires, et leur donner une place au centre même d’une des places fortes du monde occidentale.