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Pourquoi Wes Anderson est un réalisateur incontournable ?

Wes Anderson est sûrement l’un des réalisateurs indépendants les plus marquants du paysage cinématographique du XXIème siècle. Depuis la sortie de son premier film en 1998, le réalisateur a construit de fil en aiguille son propre style : univers mêlant réel et fiction, détail du décor et des accessoires, symbiose musicale et plan symétrique… Le style andersonien se reconnaît entre mille sans pour autant pouvoir être reproduit. La sortie de son dernier long métrage The Phoenician Scheme ce 28 mai, ainsi que l’exposition « Wes Anderson » à la cinémathèque de Paris sont les occasions de revenir sur l’atypicité de ce réalisateur aux multiples facettes.

Une vocation qui naît au Texas

Avant de plonger au milieu de l’univers de Wes Anderson, revenons d’abord sur la génèse de son parcours cinématographique. En réalité, Wes Anderson, né en 1969 au Texas, a passé très peu de temps de sa vie sans cinéma… Dès son plus jeune âge, le réalisateur en devenir se munie de la caméra super 8 de son père et s’adonne au 7ème art sans plus jamais s’arrêter. Ses premiers films, Bottle Rocket et Mushmore, sont les premiers piliers sur lesquelles reposent toute l’architecture de son génie.

Bottle Rocket constitue son tout premier film. Il y travaille déjà avec son compagnon de route Owen Wilson, qu’il rencontre à l’université à l’âge de 18 ans et qui l’accompagnera jusqu’à La Merveilleuse Histoire d’Henry Sugar en 2023. Bottle Rocket raconte le parcours de trois jeunes texans rêvant de devenir criminels mais restant trop spontanés et maladroits pour arriver à leur fin. Anderson expliquera plus tard que cette première œuvre « est né du style de vie quelque peu déstructuré que nous menions à l’époque », mettant ainsi en scène famille tumultueuse, rêve et fantaisie. Bottle Rocket donne alors naissance aux personnages burlesques et rêveurs du réalisateur, tandis que son deuxième film, Rushmore, approfondit ses idées tout en structurant sa direction artistique entre plan frontal, musique et esthétique rétro.

Costumes de Rushmore (toutes les images sont issues de l’exposition Wes Anderson, actuellement à la cinémathèque de Paris)

La machine andersonienne est ainsi lancée. Le réalisateur texan trouve très vite son fil rouge, et s’entoure rapidement des bonnes personnes : celles qui lui seront fidèles tout au long de son parcours. En plus d’Owel Wilson, Wes Anderson collabore dès Rushmore avec Bill Murray, acteur phare de la fimographie andersonienne, avec des apparaitions ultérieures dans Moonrise Kingdom, The Grand Budapest Hotel et même the Pheonician Scheme.

La famille et Wes Anderson : l’inspection d’un thème riche de sens

Le mot « famille » est sûrement le terme qui résonne le plus avec les œuvres et la vie de Wes Anderson, d’abord parce que le réalisateur compose avec une même équipe qui l’accompagne dans chaque projet. On compare souvent les collaborateurs d’Anderson à une troupe de théâtre avec laquelle il fait corps, voyageant à travers le monde en créant son univers. C’est ainsi que Wes Anderson aime forger son art : avec la famille qu’il a choisie.

Collection de polaroïdes de Wes Anderson

Plus que dans le processus de réalisation, la famille est un thème central du cinéma andersonien. On y explore ce qui lie les personnages entre eux, ce qui les désunie, ce qui les irrite, ce qui les ravit. Que ce soit la famille dans laquelle on naît, à l’image de Fantastic Mrs.Fox où La Famille Tennenbaum, où celle que l’on se construit, comme celle de l’île au chien où La Vie aquatique, toute les facettes et représentations que l’on peut se faire de la famille sont décortiquées.

Wes Anderson met souvent en scène des personnages remplis d’émotions, des personnages vivants, humains – cela vaut aussi pour les renards où pour les chiens – et explore leur sensibilité les uns vis-à-vis des autres. On pense notamment aux aventures de Royal et ses petits enfants dans La famille Tennenbaum, à l’amour insouciants des jeunes Suzy et Sam dans Moonrise Kingdom, à la fougue étudiante illustrée dans The French Dispatch, ou encore à l’amitié entre Monsieur Gustave et le lobby boy de Grand Budapest Hotel.

Suzy et Sam dans Moonrise Kingdom

Un dialogue entre réel et fiction, la vraie touche andersonienne

Wes Anderson a fait ses preuves en ce qui concerne la conception d’univers alternatifs. Mais ce qui fait toute son identité, c’est son style fantastique bien articulé. C’est alors en incorporant au réel des touches d’absurdes, de burlesques et de rêverie qu’Anderson explore toute la puissance de son art.

Ainsi, dans La famille Tennenbaum, Anderson s’inspire de familles fictives mais aussi de la sienne. The Grand Budapest Hotel illustre le fascisme des années 30, tandis The French Dispatch constitue un pastiche du New Yorker. On peut aussi citer A bord du Darjeeling dont l’intrigue se déroule dans le désert non fictif du Rajasthan en Inde.

Même ses films d’animation, L’île au chien et Fantastic Mrs Fox, comprennent une forte dose de réel : les animaux y sont presque humains. Leurs interactions soulignent des problématiques actuelles et sont dotés d’une complexité propre à l’homme.

Marionnettes pour le stop motion Fantastic Mrs Fox

Une direction artistique qui ne trompe pas

L’esthétique andersonien a beaucoup participé à sa renommée. Le réalisateur se démarque en effet par sa maîtrise des palettes, des lumières et des plans qui font de chacune des images constituant ses films des vraies pièces esthétiques. Peut-être que l’amour d’Anderson pour la photographie y est pour quelque chose…

A Bord du Darjeeling Limited

Ainsi, dans ses tableaux, le réalisateur joue énormément avec la symétrie, ce qui rend les séquences très plaisantes visuellement et constitue aujourd’hui sa vraie signature. On retrouve également une récurrence des face caméras et du travelling, technique de déplacement de caméra sur le sujet filmé, qui rajoute du dynamisme au rendu sur écran. Malgré tout, il est difficile de cerner la recette andersonienne. Même si ses œuvres sont reconnaissables entre mille pour leurs couleurs, leur symétrie, ou leur style rétro, Anderson réussit à rendre chacune de ses œuvres uniques.

La Famille Tennenbaum

Toute cette ingéniosité ne pourrait être qualifiée d’andersonienne sans un fond de musique. Anderson s’arme en effet beaucoup d’airs mélodieux pour accompagner ses séquences et leur donner toute leur touche de fantastique. Des airs encore une fois indescriptibles, qu’on associerait pas d’emblée avec les images, mais qui finissent toujours par « coller ». On doit notamment cette symbiose musicale et visuelle à Alexandre Desplat, qui compose depuis Fantastic Mrs Fox pour Wes Anderson et qui fait désormais « partie de la troupe ».

Alexandre Desplat pour Fantastic Mister Fox

A lire aussi : The Phoenician Scheme : qui est Mia Threapleton, une des stars du film de Wes Anderson ?

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