Lorsque sort en octobre 1993 Jurassik Park, une seule question est sur le bout de toutes les lèvres : est ce que le film est scientifiquement crédible? Pourrait-on ressusciter les dinosaures? C’est une question qui est relancée à chaque sortie d’un film de la franchise, et le dernier en date Jurassik World : Renaissance ne fait pas exception à la règle.
En théorie
Dans le film de 1993, les scientifiques ont réussis à extraire de l’ADN à partir du sang de dinosaure trouvé dans un moustique du jurassique, lui-même piégé dans de l’ambre et préservé par le temps. Bien que l’idée semble séduisante, l’ADN, se dégrade naturellement sous l’effet des radiations naturelles, de l’oxygène et de la chaleur. Alors, bien qu’il soit dans l’ambre dans un milieu deshydraté, protégé de la décomposition, il n’échappe pas à la dégradation moléculaire. On estime que la stabilité de l’ADN se compte en dizaine voir centaines de milliers d’années, bien loin donc, des 65 millions d’années qui nous séparent de l’extinction des dinosaures. En conclusion, l’ambre est une sorte de vitrine qui garde des détails visuels incroyables au niveau microscopique, mais ne permet pas de préserver suffisament l’ADN pour cloner le spécimen.
D’autres pistes parle d’inverser l’évolution des oiseaux actuels, descendants direct des dinosaures, et leur redonner des traits ancestraux comme des dents, des doigts à la place d’ailes etc. Des chercheurs ont déjà réussi à faire apparaître chez des embryons de poulet des caractéristiques proches de celles des dinosaures : des dents, une queue allongée, ou des doigts au lieu d’ailes. Le projet le plus célèbre, “Chickenosaurus”, vise à remonter le temps génétiquement pour recréer un dinosaure à partir d’un poulet. Mais là encore, les obstacles sont immenses. Modifier un gène ne suffit pas : il faut comprendre et reconfigurer l’ensemble du développement embryonnaire, ce qui implique des interactions complexes entre des centaines de gènes. Et même si on réussissait, on n’obtiendrait pas un vrai dinosaure, mais un hybride inédit aux traits “rétro-évolués”.
Mais pour quoi faire?
Au-delà de la prouesse technique, la résurrection d’espèces disparues soulève de nombreuses questions éthiques et écologiques. Un dinosaure pourrait-il survivre dans notre monde actuel ? Quelle serait sa place dans les écosystèmes ? Et si l’on consacre des milliards à faire revivre des espèces anciennes, ne vaudrait-il pas mieux les investir pour sauver celles qui sont en danger aujourd’hui ? Pour l’heure, ressusciter les dinosaures reste de la science-fiction. L’absence d’ADN exploitable rend le clonage impossible, et la rétro-ingénierie génétique via les oiseaux en est à ses balbutiements. Mais ces recherches nous permettent de mieux comprendre l’évolution, la génétique et les mystères de la vie.