Mikhail Gorbatchev, dernier président de l’URSS, est mort mardi matin à l’âge de 91 ans. Vladimir Poutine, l’actuel président russe, lui a rendu un sobre hommage, faisant part de ses « profondes condoléances ». L’occasion de revenir sur ce que Gorbatchev disait du président russe.
Il était le dernier président de l’Union soviétique avant que celle-ci ne s’effondre en 1991. Mikhail Gorbatchev s’est éteint ce mardi, laissant derrière lui un héritage flou et contrasté dans un pays qui a fait de lui le responsable principal du déclassement de la Russie aux suites de la chute du communisme. Si Vladimir Poutine lui a rendu un hommage très formel ce mardi, il n’a jamais caché ne pas réellement porter dans son cœur le père de la Perestroïka. « Poutine se fiche complètement de Gorbatchev, du communisme. Lorsqu’il dit revenir à l’URSS, ce n’est pas pour des raisons idéologiques mais pour des raisons de puissance, et ce retour en arrière qu’il souhaite, c’est exactement l’inverse de ce que voulait Gorbatchev pour son pays », soulignait Bernard Lecomte, auteur du livre Gorbatchev, paru en 2014.
Gorbatchev s’inquiétait des dérives autoritaires de Vladimir Poutine
Mais que pensait Gorbatchev de l’actuel président russe ? Rare sont les interventions de celui qui avait déjà 60 ans lors de la chute de l’URSS au sujet de Vladimir Poutine. Interviewé en 2011 dans L’Express, il disait s’inquiéter du risque de dérive autoritaire de Vladimir Poutine, et à raison. La même année, lors d’une émission radio russe, il conseillait à Vladimir Poutine de partir, affirmant que « trois mandats c’est suffisant ». Cinq ans plus tard, En 2016, il adressait une autre interview en Russie, durant laquelle il faisait une critique sévère de Vladimir Poutine et de son Premier ministre, Dimitri Medvedev. Selon lui, le président russe s’est emparé du pouvoir de manière illégale et aurait bénéficié de l’absence d’élections libres.
« J’ai honte pour eux »
Gorbatchev avait également dénoncé la façon de Vladimir Poutine de se maintenir au pouvoir. Il affirmait que ce dernier dirigeait le pays via « des amis de l’école, des gens avec qui il jouait au football dans la rue », à savoir des relations personnelles, sur qui il pouvait compter. A l’inverse, pour Gorbatchev, les gens ne pouvaient pas compter sur Poutine en retour, de par son usage de la corruption et son appropriation de biens publics. « J’ai honte pour eux [Vladimir Poutine et Dimitri Medvedev, NDLR]. Ils agissent de manière indécente, comme s’il n’y avait pas de société, pas de Constitution et pas de système électoral », soulignait-il.
Plus récemment, au sujet de la guerre en Ukraine engagée par les russes, l’ancien président de l’URSS ne s’était pas directement exprimé, mais sa fondation avait publié un communiqué demandant un « arrêt rapide des combats et le début immédiat des négociations de paix ».
Autant de déclarations qui expliquent la relation ambivalente qu’entretenait le dernier président soviétique, aussi bien avec Vladimir Poutine qu’avec la nation russe. De fait, Gorbatchev avait une bien meilleure image en Occident de par son rôle crucial pour mettre fin à la Guerre Froide et rétablir la paix. L’émotion et les hommages qui y ont été adressés à son égard mardi ont largement reflété le respect que l’Ouest lui accordait.