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Présidentielles 2024 : c’est quoi le “Project 2025” de Trump ?

Le « Project 2025 », c’est le nouveau plan de Donald Trump s’il parvient à reconquérir la Maison Blanche. Parmi les 900 pages qu’il contient, on retrouve l’autoritarisme et l’ultraconservatisme, thèmes connus du candidat. Il prévoit d’élargir les pouvoirs du président et de nommer des fonctionnaires selon leur idéologie.

Trump fait beaucoup parler de lui ces derniers temps, notamment après la tentative d’assassinat qu’il a subit lors d’un meeting en Pennsylvanie il y a deux jours. La convention du Parti républicain, lors de laquelle l’ancien président doit être officiellement désigné comme le candidat des conservateurs à la Maison Blanche débute lundi 15 juillet à Milwaukee dans le Wisconsin.

Les alliés de Donald Trump n’ont pas attendu pour préparer son retour à Washington. Parmi eux se trouve The Heritage Foundation, une association ultraconservatrice. Ce groupe de réflexion, qui avait influencé les politiques ultralibérales du président Ronald Reagan dans les années 1980, a cette fois élaboré un plan de plus de 900 pages intitulé « Projet 2025 ». Ce plan est conçu en prévision d’un éventuel retour du candidat à la Maison Blanche et pourrait être mis en œuvre dès le 20 janvier 2025, date de l’investiture du prochain président américain.

Dans quel contexte s’inscrit le Project 2025 ?

Le Project 2025 a été élaboré par la Heritage Foundation, un think tank néoconservateur, crée en 1973 pour soutenir les deux candidatures de Ronald Reagan. Le mouvement s’est radicalisé dans les années 1990. Aujourd’hui, il s’aligne sur l’idéologie des trumpistes du parti républicain et leur slogan : « Make America Great Again ». C’est avec des proches de Donald Trump que ce projet a été rédigé. Il est en ligne, accessible à tout le monde.

Comment ce think tank s’est donc rapproché des idées de Trump ? Il faut remonter à 2016. Avant son élection en 2000, Donald Trump, était plutôt progressiste démocrate. Il avait tenté de se présenter une première fois pour le parti démocrate. Il s’est finalement rangé derrière les républicains. L’ancien président a réalisé qu’une partie des personnes qui le soutenait dans l’establishment et dans la population américaine, beaucoup penchaient plus du côté conservateur. Le milliardaire a aussi vite compris qu’il n’aurait jamais eu sa place parmi les démocrates. C’est après son élection de 2016 qu’il s’est transformé. Il est devenu plus ou moins l’incarnation de ce qu’il représentait déjà pour une grande partie de la population américaine.

Les principales idées de ce programme

900, c’est le nombre de pages qui constituent ce document qui se présente comme un programme ultraconservateur. S’il est mis en oeuvre, les États-Unis pourraient vivre une « deuxième révolution américaine » affirme le président du think tank, Kevin Roberts, sur CBS. 

Kevin Roberts, le président de The Heritage Foundation, lors du World Economic Forum le 19 janvier 2024.

Un point crucial du « Projet 2025 » concerne le démantèlement de l’État administratif. Les auteurs de ce plan considèrent que le pouvoir administratif actuel est autoritaire et agit « contre les citoyens américains et les valeurs conservatrices ». Ils proposent donc de mettre fin à l’indépendance de plusieurs agences fédérales, y compris l’Agence de protection de l’environnement. Adhérant à des positions climatosceptiques, les auteurs affirment que « les vastes réserves de pétrole et de gaz » du pays « ne constituent pas un problème environnemental » mais sont « l’élément vital de la croissance économique ».

La Heritage Foundation veut réformer le ministère de la Justice, qu’elle accuse d’être dirigé par des « bureaucrates » de « gauche radicale » qui se soucient davantage de « la façon dont ils seront perçus dans le prochain article du Washington Post«  que de l’intérêt des Américains. L’organisation prend même ses distances avec le FBI. Ce dernier est selon eux « arrogant et de plus en plus anarchique ». 

L’immigration est aussi au coeur de leur préoccupations. Pour eux, cela« facilite l’entrée criminelle de migrants ». Toujours selon la fondation, l’éducation mise en place aujourd’hui « injecte dans les salles de classe une propagande raciste, anti-américaine et anti-historique ».

Un programme ultraconservateur

Autre point très conservateur du « Project 2025 », les droits LGBTQIA+. Les auteurs défendent un « agenda pour la famille », reposant notamment sur « le mariage, les enfants, les repas de Thanksgiving ». Ils affirment que l’union « d’un homme et d’une femme est la structure familiale idéale », exigeant que le futur département de la Santé promeuve une définition de la famille conforme à « la Bible ». Sans s’appuyer sur la moindre donnée, ils assurent que « l’absence de père est l’une des principales causes de la pauvreté, de la criminalité, des maladies mentales, du suicide des adolescents, de la toxicomanie, du rejet de l’église et du décrochage scolaire aux États-Unis. »

D’autres propositions s’attaquent à l’identité sexuelle. Le projet appelle à mettre fin à « l’activisme transgenre » et à ne reconnaître que le sexe biologique sur les documents administratifs. Ils souhaitent aussi supprimer des lois les termes comme « orientation sexuelle et identité de genre, diversité, équité et inclusion »

Le droit à l’IVG est aussi de nouveau à l’ordre du jour. Le « Projet 2025 » entend interdire l’avortement par voie médicamenteuse et surveiller l’envoi et le transport de médicaments abortifs. Ses auteurs souhaitent aussi arrêter les subventions fédérales au Planning familial. Une menace pour les femmes américaines qui ont déjà vu ce droit réduit depuis l’arrêt « Ron v. Wade ».

Elargir les pouvoirs du président

Le « Projet 2025 » peut représenter une menace pour la démocratie. En effet, le programme conçoit accorder « de nombreux outils exécutifs » pour « menotter la bureaucratie« « C’est la porte ouverte à de graves abus, notamment dans le contexte de la dernière décision de la Cour suprême sur l’immunité partielle du président dans l’exercice de ces fonctions », explique Ludivine Gilli, directrice de l’Observatoire de l’Amérique du Nord à la Fondation Jean-Jaurès pour franceinfo.

Une autre mesure prévue dans ce plan consiste à remplacer les fonctionnaires déloyaux au nouveau gouvernement par des agents choisis par l’exécutif. Ces agents sont formés au sein de l’Académie de l’administration présidentielle, un groupe conservateur créé spécifiquement à cet effet. Selon Paul Dans, l’un des directeurs du « Projet 2025 », ils sont déjà 10 000, regroupés sous le nom de « LinkedIn conservateur », comme le rapporte le magazine Society dans son numéro d’avril 2024. Le projet prévoit qu’en cas de retour de Donald Trump au pouvoir, 40 000 fonctionnaires seraient remplacés.

Trump et la Heritage Foundation

Pourtant bien proches, l’équipe de Trump cherche à prendre ses distances avec le « Projet 2025 ». Le candidat affirme même qu’il n’a pas connaissance de ce programme. « Je n’ai aucune idée de qui se cache derrière ce projet […] Quoi qu’ils fassent, je leur souhaite bonne chance, mais je n’ai rien à voir avec eux ». a-t-il certifié sur Truth Social, le réseau social de Donald Trump. Pourtant, en 2017, le président républicain qualifiait plusieurs membres de la Heritage Foundation de « gens fantastiques » et « de vrais amis ». Il est donc difficile de nier la connexion entre la Heritage Foundation et Donald Trump.

Le think tank a joué un rôle essentiel dans la préparation de l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche en 2016. Pendant la transition, un vice-président de la fondation a supervisé des recrutements dans une dizaine d’agences fédérales, rapporte le New York Times Magazine. L’année passée, des centaines d’Américains recommandés par ce groupe de réflexion ont intégré diverses agences gouvernementales, selon le magazine.

Après la défaite de Trump en 2020, le laboratoire d’idées a enclenché son « Projet 2025 ». Ce sont environ 140 anciens membres de son administration qui ont contribué de près ou de loin au projet, selon CNN. Paul Dans, le directeur de l’initiative, était chef de cabinet au bureau de gestion du personnel sous Donald Trump. Autrement dit, l’agence chargée des ressources humaines pour les travailleurs fédéraux.

Un autre haut responsable du « Projet 2025 » a été assistant spécial de l’ancien président. Deux des coauteurs, Ben Carson et Christopher Miller, ont été ses ministres du Logement et de la Défense. Russ Vought, un autre contributeur au programme, a dirigé un bureau important de l’exécutif. 

En cas de victoire de Donald Trump, il y a de fortes chances pour que certaines mesures soient appliquées.

À lire aussi : Qui est J.D Vance, le colistier de Trump ?

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