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Présidentielle américaine: Démocratie et séries télé

En cette année cruciale pour les Etats-Unis qui vont élire leur nouveau Président, retour sur 4 séries qui décortiquent la Démocratie américaine.

Si les américains ne sont pas les seuls à mettre en télévision leur système politique, les anglais le font depuis assez longtemps, et les danois également via l’excellente série Borgen (2010-2013 / DR1/Arte) ou encore la France avec Baron Noir, force est de constater que, depuis la fin des années 90, le Président des États-Unis est devenu un personnage classique de la série américaine.
Devenu pratiquement un genre à part entière, le Political Drama a le don de sortir des séries parmi ce que l’on fait de mieux en télévision. Retour sur les 4 dramas qui décortiquent le mieux la démocratie américaine.

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We, the people…

Chacun avec leurs spécificités particulières, nos 4 séries explorent la vie politique, et souvent dans ses recoins les plus sombres. Présentation de nos candidats

The West Wing / A la Maison Blanche (Créée par Aaron Sorkin – 1999-2006 – NBC/France 2) est sans doute la première grande série qui fait l’autopsie du pouvoir. C’est également la série qui révélera aux yeux du grand public tout le talent d’Aaron Sorkin, son créateur et showrunner durant les 4 premières saisons. La série raconte le quotidien de l’équipe du Président Bartlet, au fil des sept années que comptera la série.

Boss (Créée par Farhad Safinia – 2011-2012 – Starz/OCS) nous parle de Tom Kane, maire de Chicago à la poigne de fer, atteint d’une maladie dégénérative. La série est à un niveau tout a fait différent de The West Wing, mais aussi beaucoup plus dure dans son propos et charnelle dans sa mise en scène.

Scandal (Créée par Shonda Rhimes – 2012 – ABC/Canal+) est une série qui a fait la surprise. Au départ, c’est l’histoire d’Olivia Pope, spécialiste du “damage control” et ancienne conseillère de l’actuel Président des États-Unis. Au fur et à mesure des épisode, l’aspect procédural s’efface au profit d’un drama politique qui lorgne furieusement du côté du thriller.

House of Cards (Créée par Beau Willimon – 2013 – Netflix) enfin, est une adaptation de la série anglaise du même nom diffusée sur la BBC en 1990. La série nous raconte l’histoire de Franck Underwood, Chef du Parti à la chambre des représentants, qui n’a pas eu le poste de Secretary of State (Ministre des Affaires Étrangères) suite à l’élection du Président Walker, qu’il a fortement aidé à faire élire. Franck va donc user de toutes les armes dont il dispose pour obtenir ce dont il pense que cela lui revient de droit.

Ces quatre séries ont le mérite d’être très différentes les unes des autres, mais en même temps, le genre étant très particulier, de se répondre.

I have a dream…

A la fois dynamique, dramatique, mais aussi pédagogique, The West Wing a réellement essuyé les plâtres du genre. Encore aujourd’hui, aucune des autres séries n’a abordé le sujet politique avec autant d’ampleur, et aussi un certain souffle épique. Sans jamais tomber dans les travers de l’anecdote, The West Wing raconte la grande histoire en regardant la petite, tout en expliquant presque, étape par étape, institution par institution, le fonctionnement de l’exécutif américain. Il faut dire que l’écriture particulière d’Aaron Sorkin y est sans doute pour beaucoup. Transformant les scènes de dialogues en véritables scènes d’action verbales, soutenues par une mise en scène terriblement efficace – on se rappellera des célébrissimes plans séquences de couloirs en dialogues -, la série offre une magnifique qualité de fabrication. Bien entendu, l’interprétation des acteurs, pratiquement tous inconnus à l’époque à l’exception de Martin Sheen (le Président Bartlet), est également un atout essentiel du show.

Pratiquement à l’opposé, Boss nous place au cœur de l’administration de la grande métropole de Chicago, célèbre pour son passé de gangsters durant la prohibition. A ce titre la série s’inspire bien plus largement de cette culture que de la stricte pratique politique. Pourtant, ce qui est mis en scène est bel et bien le jeux des institutions à l’échelle locale. De l’investissement à l’élection du Gouverneur de l’état d’Illinois, dans lequel se trouve la ville, aux scènes de Conseil Municipal houleux, en passant par le jeu des subventions et des soutiens politiques, tout le spectre de la vie politique locale, celle qui touche directement le quotidien des électeurs, est passée au crible. Dès lors on se trouve devant un exercice d’équilibriste, mêlant un ton d’histoire mafieuse, à un fond politique. Cette tendance est d’autant plus renforcée par la mise en scène – le pilote est réalisé par Gus Van Sant, qui reste producteur de la série -, qui destructure la narration académique pour aller chercher des très gros plans sur des yeux ou une bouche, des vues de nuque, ou encore une scène en visuel et un son off décalés. Enfin, il faut évidemment saluer la performance impeccable de Kelsey Grammer, tour à tour touchant et effrayant, qui est absolument parfait dans le rôle.

Ces deux séries sont pratiquement toutes les deux à une extrémité du spectre du drama politique, a tel point que les autres sont pratiquement toutes des variations de tel ou tel aspect de l’une ou de l’autre.

Au départ de Scandal, on a l’impression que l’aspect Political drama de la série est un peu du décors. Une façon astucieuse de donner de l’épaisseur au personnage central interprété par Kerry Washington. Pourtant au fur et à mesure de la première saison – qui ne compte de que 7 épisodes -, l’aspect politique de la série devient central au point de consacrer l’avant dernier épisode de cette saison à une série de flashbacks centrés sur la campagne présidentielle victorieuse de l’actuel leader du monde libre. Évidemment, la seconde saison, plus classique pour un network en termes de nombre d’épisodes, 22, sera pratiquement totalement centrée sur ce cœur d’intrigue. Deux éléments néanmoins marquent clairement la différence entre ce show et les autres. Tout d’abords, au cœur de la question politique, il y a la relation entretenue par les personnages d’Olivia Pope et du Président Fitzerald “Fitz” Grant (Dont tous les prénom sont les noms de familles de vrais Présidents des USA). Ils furent amants, le redeviennent… ou pas. Sur cet aspect particulier, on reconnaît bien l’écriture de Shonda Rhimes. Mais l’on ne peut pas non plus s’empêcher de penser un peu au film “Le Président & Mrs Wade” (1995) écrit par… Aaron Sorkin ! L’autre aspect qui différencie Scandal des autres shows du genre est l’irrespect absolu pour toute forme de réalisme politique. Seul compte le rythme et l’intensité de l’intrigue. Dès lors tous les poncifs du thriller politique ou presque sont abordés. Fort heureusement la qualité est là, et la pilule passe bien, mais l’on est souvent au bord de l’exagération.

Dernière née de la liste, House of cards, est notable à de nombreux égards. Mentionnons tout de même sa diffusion, d’un bloc, sur Netflix (service de V.O.D. ultra connu outre Atlantique, et pas que, d’ailleurs). Cet aspect a tout de même son importance puisque, plus encore que sur le câble, les audiences n’ont aucune influence sur le fond. Qui plus est, l’ensemble est prévu pour être binge watched (entendez par là : tous les épisodes vus d’une traite). Notons aussi que, pour sa première création originale, Netflix met les petits plats dans les grands en alignant au générique des noms tels que David Fincher, qui produit la série et réalise le pilote, Kevin Spacey dans le rôle titre, ou encore Robin Wright dans celui de sa charmante épouse. Globalement House of Cards est une sorte d’hybride réussi, au moins au départ, entre The West Wing et Boss. En effet, le personnage central n’est pas une icône positive. Franck Underwood est un cynique froid qui ne recule devant rien pour arriver à ses fins. Ici aussi on est témoins du fonctionnement institutionnel au plus haut de l’Etat, mais dans l’univers parlementaire. Enfin, on a aussi dans cette série quelques morceaux de bravoure visuels, au coeur desquels ce qui est sans doute le gimmick de mise en scène du show : Kevin Spacey, brisant le quatrième mur et s’adressant directement au téléspectateur. Ce faisant il explique ses motivations, et finalement permet au spectateur de comprendre le personnage et d’entrer en empathie avec lui. Les 13 épisodes que constitue la première saison sont globalement d’excellente facture. Ils peuvent se regarder en deux grandes parties, séparées par un épisode un peu hors de l’histoire, mettant en scène une réunion d’anciens élèves (Chapitre 8).

Certes The West Wing et Boss sont deux extrémités du spectre, mais chacune de ces séries, dans le traitement des enjeux qu’elle aborde et de ses personnages reste relativement contrastée. A l’inverse, dans Scandal et House of Cards on est plus dans un univers fait de nuances de gris. Aucun personnage n’est foncièrement positif ou négatif, tout est possible à partir du moment où le pouvoir est en jeu. Ces quatre séries mettent en scène l’univers politique avec brio, et parviennent à rendre rythmé, passionnant, accrocheur,  un milieu loin d’être sexy au départ. Si The West Wing n’est plus à l’écran, Aaron Sorkin a fait depuis The Newsroom (HBO) qui, à de nombreux égards, en partage pas mal de qualités, avec en petit supplément l’usage d’événements réels au cœur de l’intrigue. 

Pour quiconque s’intéresse au political drama, ces 4 séries sont des must see. Profondes dans leurs thématiques, bien interprétées, adressant tout autant les questions du monde que mettant en scène les intrigues qui font les bons drama, tout court. Le genre a encore de beaux jours devant lui, et c’est tant mieux.

Crédits: NBC/ABC/ Netflix/ Starz

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