Ah, la politique… Ce tourbillon tumultueux de paroles, de promesses, de palinodies, et de surprises.
Pour des surprises, les français sont servis depuis quelques jours. Après la gauche qui attaque la droite et la droite qui tente de déstabiliser la gauche, c’est la droite seule qui semble imploser au sein du parti qui était jusque là sans histoires : l’UMP.
Démocratie ? C’est le mot, le « concept lointain », qui semble survoler la scène politique comme une ombre qui s’éloigne. C’est également une question qu’il est légitime de se poser aujourd’hui, au regard du long et controversé dénouement des primaires de l’UMP qui eurent lieues dimanche 18 novembre, et qui ne cessent d’être contestées depuis.
Bourrage d’urnes ? Oublis de comptage de voix ? Certes, les accusations fusent, et si la COCOE et la Commission des Recours tentent de clarifier la situation, la confiance est terriblement ébranlée, chez les politiques comme chez les militants. En effet, entre M. Fillon qui remet en cause la légitimité de la Commission des recours – puisque celle-ci est interne au parti et donc « remplie de membres copéistes », comme le fustige Valérie Pécresse – et des militants qui scandaient leur « ras-le-bol » jeudi 22 novembre au soir devant le siège de leur parti face à l’image désolante que renvoi l’UMP depuis dimanche, c’est un brouhaha politique qui se met en scène révélant la faiblesse ou du moins les failles de notre système « démocratique ».
« L’Affaire » va de rebondissements en rebondissements, et provoque une espèce de cacophonie médiatique où les « pro-Fillon » et les « pro-Copé » s’affrontent sur les plateaux de télévisions, commentant au fil des péripéties l’actualité de l’actualité, pour finir par brouiller l’opinion publique. La gauche glousse. Et le FN se frotte les mains, ravi de manipuler l’événement pour ramasser dans la foule des indignés de possibles adhérents, ce dont Marine le Pen se félicitait déjà ce matin proclamant que le FN a « depuis trois jours doublé ou triplé à peu près le nombre d’adhésions » sur BFMTV-RMC.
En fin de compte, la déception triomphe, et l’illusion démocratique se consume doucement. « Je me sens un peu comme Olivier Mazerolle » affichait le groupe satyrique L’Humour de droite. En effet, le journaliste de BFM TV s’emportait hier sur le plateau à propos de « la politique française à la petite semaine », fatigué de « commenter des inepties » au fil des jours. Dérapage, certes. Mais spontanéité, pour sûre.
L’abcès politique ne cesse de gonfler à l’UMP. Cependant les primaires semblent toujours symboliser l’occasion de fustiger la possible « fracture » du parti s’y soumettant, comme en 2011 avec les primaires socialistes où l’on annonçait partout la mort du parti.
Mais plus qu’une méfiance envers l’UMP, c’est une méfiance envers la politique elle-même qui gagne l’opinion. « Celui qui pense que, chez les grands personnages, les nouveaux bénéfices font oublier les vieilles injures, il s’abuse », commentait Machiavel dans Le Prince (1515).
Clara Losi