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Quand le Bureau des Légendes rejoint la réalité : deux ex-agents de la DGSE face à la justice

Deux anciens agents de la DGSE comparaissent aujourd’hui pour des soupçons de trahison au profit de la Chine. Ils risquent jusqu’à quinze ans d’emprisonnement.

On dirait presque un épisode du Bureau des Légendes, mais ce n’est pas Matthieu Kassovitz qui joue ici le premier rôle. Henri M. et Pierre-Marie H, deux ex-agents de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) ont comparu ce lundi 6 juillet devant la cour d’Assises de Paris pour « livraison d’information à une puissance étrangère », « atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation », et « intelligence avec une puissance étrangère » . Le procès se déroule en ce moment-même à huis clos dans un souci de protection d’informations touchant à la défense nationale : Il paraît nécessaire non seulement de protéger les personnes amenées à témoigner et d’empêcher la divulgation d’informations touchant à la défense nationale”, a déclaré le président, ce lundi matin.

Quand le contre-espionnage sert une puissance étrangère…

C’est Henri M, ancien militaire de 73 ans ayant passé une grande partie de sa vie en Chine, qui a été le premier à se présenter à la barre, devant une cour composée exclusivement de magistrats professionnels. Pierre-Marie H, 69 ans, était quand à lui fonctionnaire civil de défense, il vit désormais dans l’Eure avec sa femme, qui est également sur le banc des accusés pour « recel de bien provenant d’intelligence avec une puissance étrangère de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation » . Les deux anciens agents se seraient côtoyés au sein de l’agence de contre-espionnage de la DGSE, et auraient espionné le renseignement pour le compte de Pékin pendant plusieurs années. Lorsque l’affaire avait été révélée par Quotidien en 2018, les autorités françaises avaient évoqué un dossier d’une « extrême gravité« . La ministre des armées Florence Parly avait également déclaré à l’époque que les deux hommes étaient “soupçonnés d’avoir commis des actes susceptibles d’être qualifiés d’actes de trahison » et avait assuré que la DGSE avait elle-même détecté la fuite.

Une histoire d’amour derrière tout ça

Le scénario rappelle franchement les aventures de Malotru qui se sont terminées en avril dernier sur Canal+ … C’est en 1997 que Henri M. a été nommé représentant officiel de la DGSE à Pékin. Mais il fut rappelé moins d’un an plus tard pour une liaison entamée avec l’interprète chinoise de l’ambassadeur français. Après avoir pris sa retraite, il serait retourné en Chine au début des années 2000 pour épouser l’ex-interprète, avec laquelle il se serait installé sur l’île de Hainan, dans le sud de la Chine. De son côté, Pierre-Marie H. s’est fait arrêter à l’aéroport de Zurich avec du liquide après avoir rencontré un contact chinois sur une île de l’Océan indien. Si lui n’a jamais été en poste en Chine, il est passé durant sa carrière par la surveillance des organisations de masse. Le lien entre les deux hommes n’a pour le moment pas été expliqué, mais ils auraient tout deux été surveillés pendant de longs mois par les autorités, avant d’être mis en examen et placés en détention provisoire en décembre 2017. Aujourd’hui jugés, le verdict devrait être rendu le 10 juillet.

CRÉDIT PHOTO : DGSE

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