Chaque jour, de nouveaux « mèmes » apparaissent en masse sur les réseaux sociaux, que ce soit sur Twitter, Instagram ou Facebook, et ils sont souvent à mourir de rire. Pourtant, certains ont tendance à oublier que ces détournements d’images ne sont pas en adéquation avec la loi en ce qui concerne le droit à l’image. Explications.
Explorateur du Web, vous avez très certainement déjà rencontré dans votre vie le mot « mème » ou « meme » en Anglais. Autrement, vous connaissez au moins un ou deux mèmes sans avoir su ce qui se présentait sous vos yeux.
Dans la genèse des choses, le mot “mème” provient de la théorie des mèmes d’un biologiste et éthologiste, Richard Dawkins. L’idée de “mème” est introduite dans son ouvrage majeur, « Le Gène Egoïste », qui propose une compréhension de la sélection naturelle de Darwin focalisée sur les gènes. Il présente le mème parallèlement à la génétique : de même que les gènes sont transmis de générations en générations, de même certains phénomènes culturels sont transmis, imités et transformés socialement. Le terme a fini par être repris par les internautes et popularisé. Aujourd’hui, l’utilisation commune du mot “mème” n’a en plus grand chose à voir avec le postulat initial de Dawkins, qui renvoie à un concept beaucoup plus large.
Mais quelle définition donne-t-on, de nos jours, à cette curieuse expression ? Un mème Internet est une image, un texte, une vidéo, un concept dont la diffusion se fait massivement via Internet. En général, c’est une image ou une vidéo, souvent comique, qui fait le « buzz » dans la communauté Internet. La définition du mème est donc assez large : il suffit que le concept se soit diffusé principalement ou seulement via Internet et de façon massive, via les forums ou les réseaux sociaux. Face à l’ampleur du phénomène, un site a été créé il y a maintenant quelques années pour produire soi-même ses propres « mèmes ».
Voici un petit florilège de mèmes que l’on peut trouver sur le web. Ceux-ci sont les plus connus du moment :
Traduction : « Tu ne peux pas te faire virer si tu n’as pas de travail »
Traduction : « Si tu es déjà en retard … Prend ton temps … Tu ne peux pas être en retard deux fois »
L’ex-président Barack Obama aura eu aussi le droit à ses mèmes, notamment une fois sa présidence finie. Le mème ici suppose une conversation entre Obama et LeBron James, la star de la NBA et des Cleveland Cavaliers :
Traduction : « Yo LeBron »
« Mr le président »
« Non mec c’est juste Barack maintenant. Vous êtes toujours à la recherche d’un meneur de jeu ? »
Le tristement célèbre Adolf Hitler a fait l’objet de nombreux détournements. L’humour noir est souvent mis à l’honneur dans les mèmes :
Traduction : « Hitler approuve »
De lourdes sanctions juridiques
Malgré le fait que ces détournements d’images se veuillent drôles, ils peuvent néanmoins faire l’objet de lourdes conséquences juridiques pour leurs concepteurs et diffuseurs. En effet, la loi française prévoit que toute personne, célèbre ou anonyme, a le droit au respect de sa vie privée (article 9 du Code civil). Par conséquent, toute personne physique a donc le droit de disposer de son image, c’est-à-dire d’autoriser ou non la diffusion des images (photo ou vidéo) sur lesquelles elle figure.
Avant toute diffusion d’une image représentant une personne, le diffuseur doit obtenir de la part de cette personne un consentement express, c’est-à-dire un accord par écrit. Dans le cas d’un détournement d’image, la personne concernée est autorisée à s’opposer à l’utilisation de son image.
La personne dont l’image a été divulguée pourra donc agir en justice en saisissant le juge des référés. Ce dernier prendra toutes les mesures nécessaires (séquestre, saisie et autres) pour faire cesser cette atteinte à la vie privée. Toutefois, le principal problème sur internet est que l’image peut rapidement être reprise partout, et son propriétaire dans l’embarras complet face à une diffusion qu’il ne peut plus contrôler.
Des sanctions financières sont également possibles, sous la forme de dommages et intérêts par exemple. De plus, les contrevenants s’exposent à un an d’emprisonnement et 45.000 euros d’amende (selon l’article 226-1 du Code pénal) car la violation du droit à l’image reste un délit pénal.
Addict des « mèmes », vous y réfléchirez à deux fois avant de faire des détournements d’images de célébrités ou de vos profs !