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On a vu pour vous… Quelques minutes après minuit

Quelques minutes après minuit de Juan Antonio Bayona est le premier chef-d’œuvre de 2017. On vous dit pourquoi il ne faut pas faire l’impasse à sa sortie.

Mais c’est quoi déjà… Quelques minutes après minuit ? Conor a de plus en plus de difficultés à faire face à la maladie de sa mère, à l’intimidation de ses camarades et à la fermeté de sa grand-mère. Chaque nuit, pour fuir son quotidien, il s’échappe dans un monde imaginaire peuplé de créatures extraordinaires. Mais c’est pourtant là qu’il va apprendre le courage, la valeur du chagrin et surtout affronter la vérité…

En seulement deux films (L’Orphelinat et The Impossible), Juan Antonio Bayona a démontré une impressionnante maîtrise technique et narrative et sa capacité à distiller d’intenses shoots émotionnels. Le réalisateur espagnol est non seulement un metteur en scène redoutable d’intelligence mais c’est aussi un conteur hors pair qui n’a pas son pareil pour nous étreindre le cœur avec une déconcertante maestria.

En adaptant son propre roman (A Monster Calls en VO), Patrick Ness a offert à Bayona le terrain idoine pour exprimer à la fois toute la mélancolie, la justesse et la délicatesse qui imprègne le récit et lui adjoindre un symbolisme à base de fantastique sans que jamais le réalisateur n’ait la main lourde ou soit trop signifiant. Avec Quelques minutes après minuit, Bayona s’impose définitivement comme un auteur à la patte identifiable qui n’hésite pas à embrasser son sujet sans calcul, avec une virtuosité impressionnante et dont les obsessions se retrouvent de film en film, matérialisées à l’écran d’une façon totalement bouleversante. Ce qui impressionne ici c’est la façon dont s’entrelacent le conte fantastique et la réalité de l’existence sans que l’on en soit jamais décontenancé pour autant. Tout comme cette manière déchirante de raconter ce qui peut faire écho à tout un chacun, la peur incontrôlable et obsessionnelle de voir disparaitre un être cher, l’incapacité à l’accepter mais la nécessité d’y faire face lorsque l’inéluctable surgit.

La psychologie du personnage de Conor, jeune garçon introverti qui est le souffre-douleur de ses camarades de classe et qui ne vit que pour sa mère malade, cristallise toutes les angoisses que l’on peut ressentir en pareil cas et sa caractérisation est un modèle de subtilité. Son refuge dans l’imaginaire lui permet de trouver la force de combattre ce qui l’accable et de faire face tant bien que mal au destin. Bayona s’adjuge la puissance du mélodrame, en fait la force motrice de son récit et n’hésite pas à pousser les curseurs des sentiments dans le rouge vif et à nous laisser exsangue d’émotion devant la force des situations qu’il met en scène. Une mise en scène ample, élégante, qu’une photographie parfaitement à propos magnifie tout comme un montage impeccable.

En utilisant le conte fantastique et la force poétique qui s’en dégage, le réalisateur espagnol nous offre tout à la fois une leçon de vie et d’humanité en décrivant avec aisance la psyché d’un enfant et il nous immerge dans sa tragédie dont il décortique chacun des mécanismes. Pour réussir la prouesse de nous émouvoir sans jamais céder à des facilités narratives ou à des raccourcis qui atténueraient l’impact de son propos, il a fait appel à un jeune comédien absolument incroyable, Lewis MacDougall. Le jeune garçon est littéralement prodigieux et fait passer toute une palette d’émotions avec un naturel épatant. On devrait le revoir très vite. Autour de lui les impeccables Felicity Jones et Sigourney Weaver lui donnent la réplique et lui renvoient la balle émotionnelle avec dextérité. Et la voix chaude, profonde et rassurante de Liam Neeson qui personnifie le monstre, était après coup forcément une évidence  Alors oui, on pense à Steven Spielberg ça et là, pour cette façon de parler de l’enfance et de ses peurs primitives, pour ce sens du merveilleux et de l’imaginaire, mais on reste surtout subjugué par la maîtrise ébouriffante de Juan Antonio Bayona, celui qui n’est l’héritier de personne mais qui est déjà le maître dont chacun va souhaiter s’inspirer.

Quelques minutes après minuit est une splendeur bouleversante et fascinante qui touche à l’intime de chacun, une merveille qui atteint des sommets d’émotion et chavire l’âme et le cœur, un chef-d’œuvre d’une beauté sidérale! JA Bayona est définitivement un maître!

Quelques minutes après minuit de Juan Antonio Bayona – En salles le 04 janvier 2017

 

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Journaliste pôle séries et La Loi des Séries, d'Amicalement Vôtre à Côte Ouest, de Hill Street Blues à Ray Donovan en passant par New york Unité Spéciale, Engrenages, Une famille formidable ou 24, la passion n'a pas d'âge! Liste non exhaustive, disponible sur demande!
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