Alors que l’Inde vient de faire aluner sa sonde sur la face sud de la lune, des sociétés privés s’emparent progressivement de la conquête spatiale
Alors qu’une sonde russe s’est écrasée il y a quelques jours dans cette région de la lune, la fusée indienne Chandrayaan-3 s’est victorieusement posée sur cette face peu explorée de la lune. Cela fait rentrer le pays de Narendra Modi dans le club prestigieux des grandes puissances spatiales. Jadis la conquête spatiale n’était que l’affaire des états, notamment durant la guerre froide où la puissance soviétique faisait front aux Etats Unis pour arriver en premier sur la lune. A titre d’exemple, le budget de la NASA en 1965 constituait 4,4% du budget fédéral américain, alors qu’en 2016 il ne pesait plus que 0,50 %. L’intérêt des milliardaires pour le domaine spatial ne cesse de grandir depuis une quinzaine d’années, avec des idées moins conventionnelles et toujours plus ambitieuses.
La guerre des étoiles
Depuis quelques années les milliardaires Elon Musk, Jeff Bezos et Richard Branson dominent le marché spatial avec leurs sociétés Space X, Blue Origin et Virgin Galactic. Cette soudaine conquête spatiale de la part d’acteurs privés, a été rendu possible en 2015 sous Obama, grâce à une loi qui autorise les citoyens américains à entreprendre l’exploration et l’exploitation commerciales des « ressources spatiales ». Au-delà d’une guerre d’ego, ces milliardaires, notamment Elon Musk qui se donne pour mission de « coloniser Mars ». Sans parler du réseau Starlink que l’entrepreneur aimerait développer : un réseau de plus de 42 000 satellites gravitant autour de la Terre afin de fournir une couverture Wi-Fi sur l’ensemble de la planète.
Mais Elon Musk n’est pas le seul puisque Blue Origin créée quelques années avant Space X, prévoit avec OneWeb, d’envoyer respectivement 3250 et 650 satellites, à des fins similaires. En 2021, le milliardaire Richard Branson a été le premier du club à effectuer un vol dans l’espace dans un engin d’une compagnie qu’il a fondé lui-même. Battant Jeff Bezos qui devait effectuer son voyage avant lui, et prouvant au monde que des acteurs privés étaient aussi capable d’aller à la la conquête de spatiale. Cependant cette rivalité amicale comprend également des enjeux économiques et un flou juridique très lucratifs pour ces milliardaires.
Un business juteux ?
Evidemment, la conquête spatiale attire les acteurs privés car son business est juteux : qui n’a jamais rêvé aller dans l’espace ? Selon la banque UBS, plus grande banque de gestion de fortune du monde, le secteur du tourisme spatial pèserait plus de 4 milliards de dollars. On sait d’ores et déjà que 600 personnes ont payé leur billet pour faire le voyage avec Virgin Galactic, sans compter que les billets ont augmenté depuis le vol test de Branson, pour passer à 450 000 dollars la place. L’objectif est de réaliser 400 vols par an. Ce qui représenterait un chiffre d’affaires colossal. Northern Sky Research affirme dans son rapport « Space Tourism and Travel Markets » qu’environ 57 000 passagers s’envoleront dans l’espace d’ici 2031.
De son côté Space X assure le ravitaillement régulier de la Station spatiale internationale (ISS) depuis 2012. Son innovation majeure a été de créer des lanceurs qui ne se détruisent pas après décollage. Des lanceurs réutilisables, ce qui est bien plus économique et leur a permis de réaliser des partenariats avec la Nasa. Depuis 2020 Space X s’occupe du transfert des astronautes de la Nasa à bord de l’ISS. Les nouveaux horizons de cette conquête spatiale se traduisent par un business lucratif, sous couvert de sauver l’humanité comme le déclame monsieur Musk, et l’insatiable attrait du défi. Jeff Bezos avait déclaré avec des étoiles dans les yeux : « Notre système solaire peut accueillir 1.000 milliards d’êtres humains. Imaginez combien cette civilisation serait incroyable et dynamique avec ses milliers de Mozart et d’Einstein ».