Trois ex-compagnes de l’animateur Stéphane Plaza l’ont accusé de violences conjugales, dans une enquête, publiée le 21 septembre par Mediapart. Plaza nie les faits et une enquête en interne a été ouverte.
Quels sont les faits ?
Violences physiques et verbales, menaces et humiliations, voici ce qui est reproché à l’animateur préféré des Français. Dans une enquête révélée par Mediapart le 21 septembre, trois anciennes compagnes de l’animateur appelée Eva*, Jade* et Julia*, des prénoms changés pour préserver leur anonymat, ont élevé leur voix pour dénoncer les violences qu’elles ont subit.
De la violence morale et des menaces…
Eva* a partagé un an de sa vie avec l’animateur. Cette ancienne candidate de l’émission « Recherche appartement ou maison », présentée par Stéphane Plaza, voit ce dernier changer de comportement. Eva* raconte à Mediapart qu’elle aurait subi des « humiliations », qu’elle décrit comme étant du harcèlement moral.
« Au début, il me disait que j’étais magnifique. Après, il s’est mis à me faire comprendre que j’étais vieille, moche, petite, qu’il pouvait avoir bien mieux que moi »
Eva*, ex-compagne de Stéphane Plaza
Une troisième femme, Julia*, a elle été menacée avec une fourchette en plein milieu d’un restaurant lors d’un week-end à Vienne en septembre 2021. Stéphane Plaza s’est mis dans une colère noire après que Julia l’ai confronté face à son infidélité. « Il est devenu fou, il a pété un câble. Il a levé sa fourchette dans ma direction et s’est mis à me menacer », explique-t-elle.
…à la violence physique
Eva* rapporte également que Stéphane Plaza l’aurait mordue deux fois sans raison et hors contexte sexuel. Elle admets : « Il était parfois très agressif, il me disait que s’il me voyait avec quelqu’un, il me tuerait ».
Jade*, l’une de ses ex-compagnes, l’accuse de violences physiques à plusieurs reprises dans un témoignage écrit à un huissier, récupéré par Mediapart. Elle aurait vécu avec lui durant plusieurs années. Le 25 avril 2022, Stéphane Plaza lui aurait cassé un doigt car elle aurait parlé de leur relation à une femme affirmant être la compagne de l’animateur. « Il a alors saisi ma main au niveau des doigts et les a retournés avec violence. J’ai hurlé de douleur. Trois de mes doigts pendaient, ils sont devenus rapidement violets et gonflés » témoigne-t-elle, en montrant des photos et des messages.
Une autre fois, Stéphane Plaza lui aurait donné « un coup de poing dans l’épaule, la projetant au sol ». Des documents médicaux affirment que Jade a écopé d’une fracture de l’annulaire avec arrachement osseux et de deux luxations au niveau des articulations. Une agression que l’agent immobilier a reconnu dans un SMS authentifié par Mediapart par ces mots : « Mince quelle force j’ai. »
Stéphane Plaza, un pervers narcissique ?
En analysant les récits des victimes la psychothérapeute Anne-Clotilde Ziégler, autrice du livre Pourquoi suis-je resté.e ? Comprendre et dénouer le lien traumatique au pervers narcissique, évoque la technique du « love bombing ». « C’est un bombardement d’amour qui a lieu pendant la première phase d’une prédation, qu’elle soit conjugale ou professionnelle, en vue d’une escroquerie », explique-t-elle à FranceInfo. Le « love bombing » est une intense démonstration d’affection souvent utilisée par les pervers narcissiques afin d’influencer leur victime.
D’où vient ce terme ? Le love « love bombing » est populaire dans les années 1970 grâce à la psychiatre américaine Margaret Singer. Spécialiste des sectes, elle s’est penchée sur les méthodes utilisées par les gourous pour attirer de nouvelles recrues. L’affection est l’unes de ces méthodes. En témoignant de l’affection à une personne dans le besoin, des sévices peuvent se mettre en place subtilement, comme la privation de sommeil ou l’isolement.
En plus de Jade, d’Eva et de Julia, deux autres femmes jointes par Mediapart décrivent ce comportement toxique de Stéphane Plaza :
« Il fait de belles promesses, de beaux mensonges et on s’accroche »
témoigne l’une d’elles.
Le « love bomber » est sincère dans la plupart des cas, selon Anne-Clotilde Ziégler : « Une dimension inhérente aux personnalités narcissiques, c’est l’idéalisation de l’autre, qui est tout à fait irréaliste. » Mais le « love bombing » renferme effectivement une part de manipulation. « La personne qui utilise le ‘love bombing’ n’a pas accès à l’amour vrai. Elle cherche surtout l’autre pour avoir un miroir dans lequel se regarder et se faire valoir. Elle a envie de recevoir non pas de l’amour, mais de l’admiration et de l’adulation. », explique la psychothérapeute.
Selon une étude de l’université de Pennsylvanie publiée en 2016, cette manipulation est utilisée inconsciemment la plupart du temps. Ceux qui en usent sont des personnes aux traits narcissiques ayant une faible estime de soi. Les prédateurs veulent savoir « qu’ils sont aimés, beaux et désirés » en retour, relate l’étude.
Qu’en est-il aujourd’hui ?
L’avocate de Stéphane Plaza, Hélène Plumet, dénonce chez Mediapart « des allégations totalement extrapolées, voire mensongères » et des « accusations fantaisistes ». Elle explique également que« la plupart de ces allégations ne sont pas étrangères à trois femmes qu’il a fréquentées et qui, finalement éconduites, se sont liguées contre lui pour lui porter préjudice par tous les moyens ».
Si Stéphane Plaza aurait déposé plainte « pour harcèlement et cyberharcèlement au mois de juin de cette année », son avocate ne manque pas de rappeler que « les faits sont suffisamment graves pour que M. Plaza craigne pour sa vie, comme il l’a indiqué au procureur de la République ».
Vendredi dernier, le groupe M6 ouvre une enquête en interne. « Une enquête interne a été ouverte suite au papier de Mediapart afin de faire remonter certains points qui ne l’auraient pas été », a dit un responsable du groupe.