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Qu’est-ce qui a poussé le Cambodge à attaquer la Thaïlande ?

Alors que les deux pays s’accusent mutuellement d’avoir déclenché les hostilités. La situation s’aggrave de jour en jour, faisant craindre une crise régionale majeure.

Une frontière disputée depuis plus d’un siècle

Le 24 juillet 2025, de violents combats ont éclaté à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge. Au moins 19 morts ont été recensés par les autorités thaïlandaises, dont une majorité de civils issus de trois provinces frontalières. Ces évènements s’inscrivent dans un différend territorial profondément enraciné, principalement autour du temple de Preah Vihear. Un site du XIe siècle que les deux nations revendiquent.

Ce désaccord remonte à la fin du XIXe siècle, lorsque les frontières de la région furent re-dessinées sous l’influence de la colonisation française. En 1962, la Cour internationale de justice attribua officiellement le temple au Cambodge. Cependant, cette décision n’a jamais été pleinement acceptée en Thaïlande où la question reste un symbole de souveraineté nationale. La tentative du Cambodge d’inscrire le temple au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2008 a ravivé la querelle entraînant des affrontements pendant plusieurs années.

Ces dernières semaines, les tensions se sont brusquement intensifiées. Depuis la mort d’un soldat cambodgien en mai, lors d’un accrochage frontalier, les deux pays ont renforcé leur présence militaire. Des mines antipersonnel auraient été découvertes côté thaïlandais, blessant deux militaires. Ce qui a conduit Bangkok à expulser l’ambassadeur cambodgien. En réponse, Phnom Penh a diminué ses relations diplomatiques avec la Thaïlande « au plus bas niveau« .

Le 24 juillet, selon l’armée thaïlandaise, le Cambodge aurait tiré des roquettes sur un village frontalier et attaqué un hôpital civil. Bangkok a réagi en menant des frappes aériennes ciblées contre des infrastructures militaires cambodgiennes. Ces hostilités ont rapidement pris de l’ampleur, forçant les deux gouvernements à évacuer des milliers de civils. Les deux nations ont notamment pris la décision de fermer leurs frontières respectives.

Rivalités politiques et jeux de pouvoir

Si la question territoriale reste le point de départ du conflit, il est aujourd’hui largement alimenté par des enjeux politiques internes. En Thaïlande, le gouvernement de coalition dirigé par Phumtham Wechayachai est affaibli par des divisions internes et une perte de légitimité.

Du côté cambodgien, le jeune Premier ministre Hun Manet tente de s’affirmer dans un contexte politique délicat. Certains estiment que son père instrumentalise le conflit pour renforcer son propre héritage politique et détourner l’attention des difficultés internes.

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Les deux pays sont en conflits autour du tracé de leur frontière commune. Il s’agit des plus violents affrontements depuis 2011.

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Le Cambodge a également imposé des restrictions économiques à son voisin. L’ importation de fruits, légumes, d’électricité et de services internet venus de Thaïlande a été suspendue. Cette guerre économique a contribué à détériorer davantage les relations entre les deux pays.

Alors que les combats se poursuivent, les appels au calme se multiplient. Le président américain Donald Trump a déclaré avoir eu une « conversation constructive » avec Hun Manet. En effet, ce dernier affirme que les deux parties souhaitent un cessez-le-feu rapide. Toutefois, sur le terrain, les affrontements continuent. Le 26 juillet, les combats se sont étendus jusqu’à la province de Trat. À plus de 100 kilomètres des zones initiales de conflit. C’est au total, plus de 130.000 personnes qui ont déjà été déplacées.

Une paix est-elle possible ?

Après cinq jours de violence, une issue diplomatique semble enfin se dessiner. À l’issue de pourparlers en Malaisie, les deux pays ont convenu d’un cessez-le-feu « inconditionnel » à compter de lundi minuit. Cet accord pourrait être le « retour à la normale«  tant attendu notamment dans les relations bilatérales. Le Premier ministre Anwar Ibrahim souligne la nécessité d’un apaisement rapide après des jours de combats intensifs.

Reste à voir si ce cessez-le-feu tiendra sur le long terme. Si l’arrêt des hostilités est respecté, il pourrait ouvrir la voie à une reprise des négociations sur les intérêts géopolitiques qui opposent les deux nations. Pour le moment, la priorité demeure la stabilisation de la zone frontalière et le retour des civils déplacés.

A lire aussi : Reconnaissance de l’État de Palestine par la France : Et maintenant ?

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