Arrêté le 16 novembre en Algérie, Boualem Sansal, écrivain engagé est au cœur des débats… Mais, qui est vraiment cet auteur controversé ?
C’est un silence radio depuis le 16 novembre. Ce jour-là, Boualem Sansal, écrivain franco-algérien, est arrêté à sa descente d’avion en Algérie. Depuis, aucune nouvelle. Son éditeur, Gallimard, tire la sonnette d’alarme et demande sa libération immédiate. Ce dimanche 24 novembre, l’affaire a enflammé le plateau de C Politique sur France 5. Le politologue Nedjib Sidi Moussa a livré une analyse qui a fait des vagues.
Selon lui, considérer Boualem Sansal comme un défenseur des grandes causes serait « une erreur totale ». Il l’accuse de tenir des discours « hostiles aux immigrés et aux musulmans », proches des thèses d’Éric Zemmour. Pire encore, il qualifie les partisans de l’auteur, notamment des militants anti-racistes et intellectuels, de « complices » ou « aveugles ». Ces propos ont divisé. Mais alors, qui est vraiment Boualem Sansal ?
Un écrivain engagé
Boualem Sansal, 75 ans, est un auteur franco-algérien connu pour ses critiques acerbes du régime algérien et des dérives religieuses. Ancien haut fonctionnaire, il a été limogé pour ses positions trop tranchées contre le pouvoir. Il se fait connaître en 1999 avec Le Serment des barbares, un roman qui explore la montée de l’intégrisme en Algérie. Sa notoriété explose avec 2084 : la fin du monde. Ce roman dystopique dépeint un futur dominé par une théocratie totalitaire. Il décroche en 2015 le Grand Prix du roman de l’Académie française. Les œuvres de Sansal, saluées pour leur audace, dénoncent l’oppression politique et religieuse. Mais elles ne plaisent pas à tout le monde…
Une figure controversée
Boualem Sansal n’est pas qu’un auteur engagé. Ses prises de position, parfois radicales, font débat. Il critique ouvertement l’islam, qu’il qualifie de « loi terrifiante » devenue « brutale et totalitaire ». En France, il met en garde contre l’islamisme et fustige l’incapacité des gouvernements à le contrer. Des propos applaudis par certains, mais qui lui attirent aussi des accusations d’islamophobie. Il ne craint pas la polémique. En 2012, il cosigne avec l’écrivain israélien David Grossman « L’Appel de Strasbourg pour la paix », une initiative rassemblant des auteurs du monde entier. Pourtant, en décembre 2023, il se retrouve au cœur d’une controverse après avoir signé une tribune en faveur de Gérard Depardieu, accusé d’agressions sexuelles.
L’arrestation de Boualem Sansal relance le débat sur la liberté d’expression en Algérie. Son sort reste incertain, mais une chose est sûre : ses mots, toujours tranchants, continuent de secouer les consciences.