L’auteur et dessinateur de BD, Jul accuse l’Education nationale de « censure » au sujet de la sortie de son prochain ouvrage qui revisite « La Belle et la Bête » dans le cadre de l’opération annuelle mise en place par le gouvernement « Un livre pour les vacances ».
Dans le cadre de l’opération annuelle du gouvernement « Un livre pour les vacances » à destination de 800 000 élèves de CM2, l’auteur et dessinateur, Jul avait été choisi pour revisiter le classique de la littérature française « La Belle et la Bête ». Une opération lancée en 2018 qui a pour objectif de permettre à tous les élèves en CM2 d’avoir accès à de la littérature pendant les vacances. Pourtant, mercredi 19 mars, Le Monde a révélé que l’Education nationale avait finalement choisi de ne plus « collaborer » avec le dessinateur Jul, jugeant sa bande-dessinée « pas adaptée pour un public de CM2 » et a décommandé les 800 000 livres prévus. De son côté, le principal intéressé déplore une « censure » et une « décision politique ».
Une censure et une décision politique ?
Pour se défendre, l’Education nationale souligne que les illustrations seraient trop complexes pour un public âgé de 11 ans. L’objectif de cette opération étant de permettre aux élèves de pouvoir lire l’ouvrage, seul. Selon le gouvernement, la plupart des subtilités ne pourraient pas être comprises par un élève de CM2. Des dessins dans lesquels, on peut voir le père de l’héroïne, ivre, chantant « Les lacs du Connemara »… Invitée de CNEWS et Europe 1, la ministre de l’Education nationale, Elisabeth Borne a reconnu le talent de l’auteur Jul mais souligne que l’ouvrage doit être suivi par un accompagnement pédagogique : « Jul a beaucoup de talent, il manie l’ironie, le second degré. Mais sans accompagnement pédagogique, je pense que ça n’est pas adapté. Mais c’est un très beau livre qui pourra être utilisé dans un autre cadre. C’est une réécriture moderne. On a un père de famille qui arrive d’Algérie, qui doit commettre des fraudes, qui se fait contrôler par les policiers. Peut-être que dans un cadre avec des professeurs, on peut expliquer ce second degré. Mais c’est un livre qui a vocation à être lu en vacances, avec sa famille« .
De son côté, Jul de son vrai nom Julien Berjeaux dénonce des prétextes fallacieux à travers un communiqué : « Les prétextes fallacieux et pour partie mensongers invoqués pour justifier la censure ne tiennent pas la route une seconde durant l’examen du livre en question, espiègle, tendre et féerique. […] Le ‘grand remplacement’ des princesses blondes par des jeunes filles méditerranéennes serait-il la limite à ne pas franchir pour l’administration versaillaise du ministère ? », s’est-il interrogé. Pourtant, l’auteur assure que la ministre de l’Education nationale avait dans un premier temps apprécié l’ouvrage. Il en a profité pour dénoncer une « censure » sur France Inter : « Numériquement, je pense que c’est la plus grosse censure qu’il y ait eu dans l’histoire de l’édition française. C’est très étonnant que ça concerne un livre jeunesse, avec des arguments spécieux, fallacieux, qui cachent une vision très différente de la part des gens du ministère qui ont voulu interdire ce livre ». Malgré la polémique, le conte revisité par Jul sera publié en septembre 2025 et disponible à l’achat dans les magasins.
Jul, l’ovni du dessin
A 12 ans, Jul dessine ses premières illustrations d’actualités. Rapidement, il publie ses premiers dessins dans La Nouvelle République des Pyrénées. A travers sa carrière, Jul collabore avec Le Point, L’Humanité, Charlie Hebdo, Marianne, Les Echos, La Dépêche du Midi, Libération, Le Monde… Il faut attendre l’année 2005 pour que le dessinateur sorte sa première BD nommée « Il faut tuer José Bové ». En novembre 2016, il devient scénariste des aventures de « Lucky Luke » mais reste extrêmement célèbre pour être à l’origine de la bande-dessinée « Silex and the City ».