« Nous vous pourchasserons et nous vous ferons payer » a déclaré Joe Biden suite au double attentat qui a frappé Kaboul, causant la mort de 85 personnes, dont 13 soldats. Qui est ce groupe communément appelé l’ISKP (Etat islamique Province du Khorasan) à l’origine de cette attaque et qui s’avère être particulièrement redoutable ?
L’ISKP, une branche afghane de l’Etat islamique
L’ISKP (Etat islamique Province du Khorasan) a été fondé en 2014, peu après la proclamation par Daesh d’un califat en Irak et en Syrie. Ce groupe sunnite est composé essentiellement de dissidents et des déçus du mouvement taliban qui ont proclamé leur allégeance à Abou Bakr al-Baghdadi, le chef du groupe jusqu’en 2019.
En 2015, Daesh reconnait la création de la province du Khorasan. Sa branche locale est connue sous plusieurs noms et accronymes, Joe Biden, pour sa part, emploie l’acronyme plus familier des Américains ISIS-K (Islamic State of Iraq and Syria Khorasan).
Le Khorasan est l’ancien nom désignant une région qui englobait des parties de l’Afghanistan, du Pakistan, de l’Iran et de l’Asie centrale actuels. L’ISKP est surtout implanté dans le district d’Achin, au sein de la province de Nangarhar, et moins largement dans la province du Kunar en Afghanistan.
Selon un rapport de l’ONU paru en juillet, les effectifs du groupe varient d’un minimum de 500 à 2200 combattants…
La fracture entre les talibans et l’ISKP
Les talibans et l’ISKP sont tous les deux des groupes sunnites radicaux, et pourtant, ils sont fortement opposés l’un à l’autre. Ils sont en position de concurrence frontale pour incarner le jihad dans le pays et portent chacun le projet de fonder un califat.
Le groupe a qualifié les talibans « d’apostats » en référence à leurs négociations avec les Américains. Le groupe reproche également aux talibans de s’appuyer sur une base ethnique nationaliste stricte au lieu d’épouser une approche islamique sans frontières.
Un groupe particulièrement dangereux
Bien que méconnu du grand public, l’ISKP est à l’origine des attaques les plus meurtrières du territoire afghans et pakistanais. Le groupe a massacré des civils dans des mosquées, des hôpitaux et dans d’autres lieux publics…
Les musulmans dits « hérétiques » seraient l’unes de leurs premières cibles, en particulier les chiites. En août 2019, l’État islamique a revendiqué un attentat contre des chiites à un mariage Kaboul, qui a causé la mort de 91 personnes.
D’une « cruauté inégalée » selon un rapport de 2019 de l’Ofpra (Office français de protextion des réfugiés et apatrides), l’ISKP aurait régulièrement procédé à de la torture et même des décapitations, à l’image des actions d’un groupe terroriste.
Suite aux explosions à Kaboul, la dangerosité du groupe est d’autant plus affirmée.