Le comité Nobel a attribué ce 10 octobre, le prix de la paix à María Corina Machado. Une figure majeure de l’opposition au Venezuela. Elle est récompensée pour ses actions récentes : promouvoir les droits démocratiques, affronter l’autoritarisme, et pousser vers une transition pacifique dans un pays en crise. En lutte, en danger, mais déterminée, elle vit dans la clandestinité depuis la réélection contestée de Nicolás Maduro en juillet 2024.
María Corina Machado face à la censure
En octobre 2023, María Corina Machado remporte avec une écrasante majorité les primaires de l’opposition vénézuélienne organisées en préparation de l’élection présidentielle de 2024. Elle obtient plus de 90 % des voix selon les résultats officiels. Cette victoire massive lui confère une légitimité populaire très forte. Elle symbolise l’unification d’une opposition divisée autour d’une voix claire pour un changement démocratique.
Mais malgré ce succès, María Corina Machado est frappée d’inéligibilité. En janvier 2024, la Cour suprême du Venezuela confirme une décision qui l’empêche d’exercer toute fonction publique pendant 15 ans, rendant toute candidature impossible. Cette inéligibilité repose sur des accusations de “corruption”, “trahison” ou “irrégularités administratives”, notamment liées à son soutien aux sanctions internationales contre le régime du président actuel, Nicolás Maduro. De nombreuses voix considèrent ces accusations comme politiquement motivées, et María Corina Machado les rejette fermement.
Parallèlement, le Tribunal suprême ordonne la suspension des effets de la primaire, déclarant qu’il y a des irrégularités dans le processus. Ce jugement intervient après que l’opposition ait déjà investi María Corina Machado comme candidate désignée. La justice vénézuélienne bloque l’issue démocratique de ce scrutin interne à l’opposition. En conséquence, María Corina Machado ne peut se présenter officiellement à l’élection présidentielle de 2024. Elle finit par désigner une autre candidate, pour remplacer sa candidature, afin de respecter les délais pour l’enregistrement officiel.
Rester malgré la répression et les menaces
Depuis la réélection contestée de Nicolás Maduro en juillet 2024, María Corina Machado est entrée dans une phase de clandestinité. Craignant pour sa vie, sa liberté, mais aussi pour la sécurité de ses proches. Elle a choisi de ne pas quitter le Venezuela malgré les risques, consolidant ainsi son image de leader résistant face au pouvoir.
Cette clandestinité se traduit par des manœuvres de dissimulation, de déplacements furtifs et des apparitions brèves pour mobiliser les foules.
Parmi les épisodes les plus marquants, elle a dénoncé un enlèvement arbitraire le 9 janvier. Des agents l’ont interceptée en moto, l’ont forcée à enregistrer une vidéo sous contrainte, puis l’ont relâchée.
Son adversaire politique et le gouvernement l’accusent de menaces de “corruption”, « d’activité subversive”, ou de “crimes” divers. Des accusations que beaucoup qualifient de prétextes pour l’empêcher de s’exprimer ou de se présenter aux élections. Elle a également raconté que des agents du régime ont encerclé la maison de sa mère à Caracas, survolé le quartier avec des drones, posé des barrages, et interrompu l’approvisionnement électrique, comme méthodes d’intimidation
Malgré tout cela, María Corina Machado continue à parler publiquement, à mobiliser, et à appeler à des manifestation. Elle regroupe aussi autour d’elle ceux qui exigent des élections libres et la restauration des institutions démocratiques. Ce refus de l’exil, cette persistance exposée, renforce considérablement sa crédibilité non seulement au Venezuela, mais sur la scène internationale. Et c’est précisément ce courage en acte qui fait partie des raisons pour lesquelles le comité Nobel l’a choisie.
Un soutien international à la lutte pacifique pour la démocratie
María Corina Machado a joué un rôle central dans la réunification d’une opposition longtemps divisée, en recentrant le débat politique sur des revendications claires. Elle défend, des élections libres, la reconnaissance des résultats, et la séparation des pouvoirs. Elle est devenue un point de ralliement pour tous ceux qui aspirent à une transition pacifique vers la démocratie au Venezuela.
Avant même le Nobel, elle avait déjà été récompensée en 2024 par deux distinctions internationales majeures : le prix Sakharov, décerné par le Parlement européen, et le prix Václav-Havel, attribué par le Conseil de l’Europe. Deux prix qui saluent son engagement pour les droits humains et les libertés fondamentales.
L’attribution du prix Nobel de la paix à María Corina Machado en 2025 envoie donc un message fort : celui d’un soutien clair de la communauté internationale à la lutte non-violente pour la démocratie, dans un contexte mondial marqué par la montée des régimes autoritaires.
Source image à la une : Capture d’écran montrant la cheffe de l’opposition vénézuélienne Maria Corina Machado lors d’une interview avec l’AFP via Zoom à Caracas, le 15 mai 2025
afp.com/AFP VIDEOGRAPHICS