Ce réfugié politique iranien a passé 18 ans dans le terminal 2F de l’aéroport Roissy Charles de Gaule, il a été retrouvé mort dans ce même terminal ce samedi 12 novembre.
A la recherche d’un asile politique
Mehran Karimi Nasseri, surnommé « Sir Alfre », est né en 1945 à Masjed Soleiman, dans la province iranienne du Khouzistan. Il aurait étudié à l’université de Bradford dans les années 1970. Ce pauvre homme a essuyé une multitude de refus d’asile jusqu’à en perdre la raison. Alors qu’il est encore étudiant au Royaume Uni, il participe à des manifestations contre le Chah d’Iran et se voit emprisonner à son retour à Téhéran. Ce dernier fini par être expulsé de son propre pays, désormais sans papier, il parvient à élire domicile à l’aéroport de Roissy en 1988.
A partir de ce moment là il s’aventure dans un périple sans fin. Non reconnu par son pays et toujours à la recherche de sa mère, ce pauvre iranien se voit refuser successivement les papiers à Londres, Berlin, Amsterdam, Bruxelles. Il se fait à chaque fois expulser du pays et ses requêtes sont refusées. Il perd de plus en plus espoir. Cependant en 1999, il obtient un statut de réfugié en France ainsi qu’un titre de séjour, mais il refuse de signer les papiers, confiant à présent avoir un père suédois et une mère danoise. La folie l’avait alors atteint.
Le film de Spielberg
En 2004, l’iranien voit un jour débarquer tous les médias du monde entier, pour l’interviewer. Son histoire a inspirée le grand réalisateur Steven Spielberg pour son film le Terminal (2004), dans lequel Tom Hanks interprète le rôle du sans papier. Il réalise à cette époque là pas moins six interviews par jour sur sa banquette rouge du terminal 2F. L’homme passe sa vie à écrire dans ses petits carnets, se lave dans les toilettes de l’aéroport et lit la presse américaine et anglo-saxonne.
Après 18 ans dans le terminal 2F de l’aéroport de Roissy, cet exilé politique est devenu un habitué des lieux et du personnel de l’aéroport. Il est décrit comme un homme honnête et peu loquace. Lorsque le film de Spielberg sort en salle, l’iranien touche une belle somme d’argent et séjourne quelques années dans un hôtel non loin de l’aéroport. Il était revenu à l’aéroport depuis quelques semaines, toujours à la même place avec la bouche ouverte et le regard vide. Il n’avait plus l’air d’aller très bien. Il s’est éteint sur le banc où il était assis depuis toujours avec encore quelques milliers d’euros sur lui.