En s’imposant dans la 7e circonscription du Val-de-Marne, face à l’ancienne ministre des Sports, Rachel Kéké devient la première femme de chambre élue à l’Assemblée nationale. Qui est cette député ?
Rachel Kéké, entrera à l’Assemblée national pour y porter la voix des travailleurs « invisibles ». Agée de 47 ans, la Franco-Ivoirienne s’est imposée, ce dimanche, sous l’étiquette de la Nupes dans la 7ème circonscription du Val-de-Marne. Elle a battu l’ancienne ministre des Sports, Roxane Maracineanu (Ensemble).
« Elle a quelque chose qui magnétise, elle est forte, elle a les mots justes, elle n’a pas besoin de lire »
Eric Coquerel, député LFI
Une militante
Entre 2019 et 2021, Rachel Kéké était une militante CGT qui s’était mobilisée pour améliorer les salaires et les conditions de travail des femmes de ménages face au « mépris » de la direction. La nouvelle députée de la Nupes, a fait grève durant 22 mois pour soutenir les femmes de chambre de l’hôtel Ibis Batignolles à Paris, Rachel Kéké portait les revendications de ses collègues. Une femme courageuse et une vraie combattante.
« C’est une vraie combattante, quand on l’a rencontrée dans le cadre de cette grève elle s’est très vite affirmée comme représentante de ses collègues »
Claude Lévy, représentant de la CGT-HPE
Rachel Kéké a continué à travailler en tant que femme de chambre dans cet hôtel pendant le début de sa campagne avant de prendre un congé pour se consacrer aux législatives. En tant que femme de chambre, la député affirme que « c’est un métier qui détruit le corps. Il y a des syndromes du canal carpien, des tendinites, des maux de dos… » Elle se souviendra toujours de son premier jour en tant que femme de ménage, c’était en 2003 : « C’est comme si on m’avait donnée des coups partout ». « Mais je me suis dit qu’il fallait que je prenne mon courage à deux mains, pour mes enfants ». Une femme bien courageuse qui a eu un parcours rempli d’épreuves.
Maman de cinq enfants
Rachel Kéké est née en 1974 dans la commune d’Abobo, au nord d’Abidjan. Sa mère était vendeuse de vêtements et son père conducteur d’autobus. Rachel Kéké devient rapidement responsable de la famille, suite au décès de sa mère lorsqu’elle avait 12 ans. Elle arrive en France en 2000 et commence à enchainer les petits boulots en commençant par devenir coiffeuse avant d’entrer dans l’hôtellerie.
Son arrivée en France est très difficile, elle déménage souvent, entre squat et appartement d’amis en banlieue parisienne. Rachel Kéké est naturalisée française en 2015, elle confirme que c’est un pays qu’elle adore, un pays pour lequel son grand-père avait combattu pendant la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, Rachel Kéké habite dans le Val-de-Marne, dans les Sorbiers, une cité de Chevilly-Larue d’où elle a lancé sa campagne pour les législatives.
« Secouer le cocotier. Nous ne sommes pas des rebelles, on veut juste notre dignité ».
La nouvelle député se définit comme une « féministe » et « défenseuse des gilets jaunes ».
Une nouvelle icône à l’Assemblé ?
Avec son parcours assez difficile, Rachel Kéké ne cache pas ses années en banlieue et son expérience de femme de chambre. Bien au contraire, elle a la fierté de répondre en banlieusard si quelqu’un venait à lui parler avec le français de Science Po.« On connaît le niveau d’une femme de chambre, on sait que je n’ai pas de Bac + 5 « , expliquait-elle. « Je dis ce que je ressens. Si on me pose une question sur quelque chose que je ne comprends pas, je ne répondrai pas. Il faut que les médias s’habituent à ça ».Une femme qui ne renie pas ses racines, son enfance, ses débuts dans le monde du travail.
« Elle a tout à apprendre d’un point de vue de la politique politicienne », mais « elle peut enseigner plein de choses de la vie réelle à plein de politiques ». « On est pas loin d’une icône, au sens littéral, de notre combat politique. Elle incarne ça de manière naturelle ».
Hadi Issahnane, conseiller municipal LFI de Chevilly-Larue