Cette talentueuse artiste et femme de caractère, est une des seules femmes de Picasso qui a su dire « non » au peintre le plus connu du monde
“Intellectuellement, dit-elle, nous nous entendions bien, humainement, c’était un enfer. Il n’était pas méchant mais cruel, c’était un sadisme masochiste. […] À la fin, ma jeunesse lui devenait insupportable, et moi, je changeais aussi.” La relation entre Françoise Gilot et Pablo Picasso a duré une dizaine d’années, ce fut une relation houleuse qui ne l’a jamais empêchée de réaliser une carrière artistique notable. Née d’un père parfumeur et d’une mère aquarelliste reconnue, Françoise Gilot se destinait à une carrière d’avocate internationale. Cependant cette dernière abandonne rapidement au profit des arts, sa véritable passion. Malgré l’opposition de son père et dans les pas de sa mère, elle décide d’embrasser cette carrière d’artiste. Elle se retrouve alors à 20 ans dans le grenier de chez sa grand mère à Paris, où elle s’adonne avec ferveur à la peinture.
La femme fleur
La femme fleur, c’est ainsi que Picasso la surnommait. Le peintre en a fait sa muse, de nombreux tableaux sont inspirés d’elle ou la représentent de manière plus fidèles. En 1943, alors que Françoise n’a que 22 ans et lui 61 ans, il l’invite à venir voir son atelier. Bien que Dora Maar était encore son amante, la jeune artiste rayonnante et au fort tempérament, retient l’attention de celui que l’on surnomme « le Minotaure ». Picasso la qualifiait de radieuse, solaire, hautaine, et grâce à lui, elle acquiert des notions nouvelles sur l’art pictural et se voit bientôt exposer un peu partout, dès 1950, à Paris (galeries La Hune, Louise Leiris, Coard), ou même à Londres (The Mayor Gallery). Elle devient assez reconnue parmi l’école de Paris des années 1940 et le cubisme piscassien influence peu à peu son oeuvre.
Une femme forte et indépendante
De l’union des deux artistes naissent Claude en 1947 et Paloma en 1949, néanmoins leur relation est orageuse. Picasso tente de vivre avec elle, ce qu’il parvient à faire jusqu’à ce qu’elle décide de s’extirper des griffes du maîtres en 1953. Elle décide ainsi de partir de Paris pour s’installer aux États-Unis. Son oeuvre est perçue comme un pont entre l’École de Paris des années 1940-1950 et la scène artistique contemporaine. Son travail est dans l’ère du temps et elle se fait reconnaitre de plus en plus, elle réalise des expositions à Paris, Lyon, Londres, New York et en Californie. En 1964, elle publie Vivre avec Picasso, un livre relativement intime sur leur vie commune, qui rencontre beaucoup de succès en librairie, malgré le fait que Picasso ait tenté d’en empêcher la publication. Les détracteurs de Gillot n’hésitant pas à la qualifier d’opportuniste.
« Elle est la seule compagne de Picasso à l’avoir quitté, les autres sont devenues folles ou se sont suicidées. Elle, elle a sauvé sa peau et elle est partie »
Dans le documentaire La femme qui dit non (2020) de Annie Maïllis
Après sa rupture avec Picasso elle se marrie avec Luc Simon, dont adviendra une fille, Aurélia. Puis en 1970, Françoise Gillot se marie avec Jonas Salk, le pionnier du vaccin antipoliomyélitique, qui meurt en 1995. Elle continua d’exercer son métier de peintre jusqu’à très tard, ses oeuvres se faisant de plus en plus connaitre et appréciée par-delà le monde. De sa relation avec Pablo Picasso, Françoise avait déclaré : « Il s’est toujours plaint de ne pas me connaître, mais c’était à dessein de ma part, dans le cas contraire, il en aurait profité pour me détruire », dans le documentaire La femme qui dit non, réalisé par Annie Maïllis, amie et biographe de l’artiste. Elle recevra en 1990 le titre de Chevalier de la Légion d’honneur. Elle aura réalisé en tout à peu près 6 000 œuvres et dessins sur papier. Le superbe documentaire de son amie Annie Maïllis est disponible ci-dessous :