A 31 ans, le blogueur saoudien Raef Badawi est condamné à 10 ans de prison, 1000 coups de fouet et une amende d’un million de riyals (266 000 dollars), pour « injure à l’Islam ». Malgré un appel, la cour suprême d’Arabie a confirmé cette peine.
« Une journée noire pour la liberté d’expression« , selon Amnesty International. Pour avoir tenu un blog, Free Saudi Liberals, Raef Badawi est condamné à de la prison ferme et de la torture. Lui-même musulman, il y menait des débats sur l’Islam, la situation de l’Arabie, critiquait non pas le régime mais les religieux du pays mais leur influence, ou encore la police religieuse, qu’il accuse d’extrémisme. Issu d’une famille proche du royaume, il est aussi condamné pour avoir désobéi à son père. Son avocat avait été condamné à 10 ans de prison pour « déloyauté envers le souverain« , « atteinte au pouvoir judiciaire » et « création d’une organisation non autorisée« .
Le 9 Janvier dernier, il avait reçu cinquante premiers coups de fouet sur la place publique, provoquant des soucis de santé qui avaient obligé les autorités à déplacer les prochaines flagellations : « Les blessures n’étaient pas encore cicatrisées correctement et qu’il ne serait pas capable de supporter d’autres coups de fouet » avait déclaré un médecin. Depuis, les coups de fouets n’ont pas repris, mais « Raif ne va pas bien. Son moral est au plus bas. » confie sa femme, Ensaf Haidar dans une interview à Paris Match.
Un soutien international
Outre les milliers de tweets d’anonymes comme de responsables politique à l’instar de Jean-Luc Romero, tous demandent une réaction européenne. Le hashtag #JeSuisRaif a été relancé. Le Guardian s’interroge sur l’influence qu’aura le G7 sur cette décision : oseront-ils parler ?
Alors que la justice a confirmé les 1000 coups de fouet pour #RaifBadawi on attend les réactions diplomatiques de l’Europe! #ArabieSaoudite
— Jean-Luc Romero ✏️ (@JeanLucRomero) 8 Juin 2015
Raif Badawi a été lauréat 2014 du prix Reporter Sans Frontière (RSF) pour la liberté de la presse, l’ONG a lancé une pétition en faveur de sa libération, tout comme Amnesty International, dont le directeur pour le Moyen-Orient et l’Afrique du nord a déclaré : « Il est odieux que ce jugement cruel et injuste ait été maintenu« . L’ONU a formellement condamné cette décision, la qualifiant d’ »inacceptable« , tandis que les USA demandent au régime d’annuler cette « punition inacceptable« .
« 1000 coups de fouet parce que j’ai osé parler librement »
Enfermé dans sa cellule, il publie un livre « 1000 coups de fouet parce que j’ai osé parler librement » par l’intermédiaire de sa femme. Ensaf Haidar a entamé une tournée européenne pour témoigner des conditions de vie de son mari. Elle se confie ici sur le plateau de 28 minutes, émission d’Arte.
Les droits de l’Homme en Arabie Saoudite
Ryad se défend de toute « ingérence » et dénonce une campagne médiatique autour du blogueur. La situation s’est dégradée depuis l’arrivée du roi Salman. Christophe Deloire, secrétaire général de RSF a déclaré au micro de France Info : « Les Saoudiens sont empêchés d’évoquer librement le roi, la religion, avec une nouvelle loi aberrante, qui prévoit que l’athéisme est considéré comme une forme de terrorisme. L’Arabie saoudite ne se contente pas de condamner ses ressortissants à des peines aussi iniques. C’est un pays qui veut imposer à tous une notion des droits de l’homme« .
Muy bueno; el caso del bloguero saudí Raif Badawi también es libertad de expresión #JeSuisRaif pic.twitter.com/py1ffdzr3A
— Ramón Lobo (@ramonlobo) 11 Janvier 2015
Il parle aussi d’un « annuaire de la terreur« , qui comptabilise tous les citoyens trop libres de parole pour le régime. Depuis le début de l’année, 90 condamnations à mort ont été prononcées, soit trois fois plus que sur la période de l’année dernière.
Malgré tout, l’Arabie Saoudite maintient sa candidature comme présidente du conseil des droits de l’Homme de l’ONU.