En ce 31 octobre, nous célébrons l’une des fêtes païennes les plus répandues dans le monde : Halloween. Elle est principalement célébrée en Irlande, en Grande-Bretagne, aux États-Unis, au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zélande et, dans une moindre mesure, en France. La tradition moderne la plus connue veut que les enfants se déguisent avec des costumes effrayants et aillent sonner aux portes en demandant des friandises avec la formule : Trick or treat! La soirée peut également s’accompagner de récits effrayants et surtout de la diffusion de films d’horreur. Mais quels sont les meilleurs films d’horreur à voir ou à revoir pour célébrer Halloween et frissonner de terreur ? Voici un bref historique (non-exhaustif) de quelques réalisateurs ayant rendu le cinéma d’horreur immortel.
Alfred Hitchcock
S’il est davantage connu pour ses thrillers et ses films à suspense, Alfred Hitchcock, l’une des figures les plus emblématiques du 7e art, a pourtant réalisé deux grands classiques du cinéma d’horreur.
Le premier est Psychose, sorti en 1960, un thriller horrifique considéré comme l’un de ses chef-d’œuvres et encensé par la critique et le public. Le film suit la rencontre entre une secrétaire nommée Marion Crane (Janet Leigh), qui se réfugie dans un motel isolé après avoir volé 40 000 $ à son patron, et le directeur de ce motel, Norman Bates (Anthony Perkins), un homme pour le moins perturbé et troublant.
Classé parmi les meilleurs films de l’histoire du Cinéma, Psychose a mis en place une nouvelle esthétique de la violence, des déviances comportementales et de la sexualité dans les films américains. Il est par ailleurs largement considéré comme l’un des films ayant introduit les prémices du slasher movie – le premier du genre étant Black Christmas de Bob Clark (1974). Ce sont des films d’horreur mettant souvent en scène les meurtres d’un tueur psychopathe qui élimine ses victimes à l’aide d’une arme blanche. Dans Psychose, la scène de meurtre dans la douche, scandée par la musique grinçante Bernard Hermann, demeure l’une des images les plus marquantes du 7e art et un sommet d’art cinématographique. Surplombé par la prestation d’Anthony Perkins dans la peau d’un psychopathe notoire atteint du trouble de la personnalité multiple, Psychose est un film incontournable à voir et à revoir.
Le second film d’horreur réalisé par Hitchcock est Les Oiseaux, adapté de la nouvelle homonyme de Daphne du Maurier et sorti en 1963. Il raconte les attaques inexpliquées de toutes les espèces d’oiseaux sur les habitants de la petite ville de Bodega Bay en Californie.
Ce film ambitieux a nécessité trois ans de préparation avant le tournage et plusieurs milliers d’oiseaux furent dressés à cette occasion. L’utilisation de nombreux trucages et d’effets spéciaux a contribué à instaurer une ambiance de terreur manifestement efficace, d’autant plus que l’intrigue est dénuée de musique, ce qui permet de renforcer le caractère anxiogène du film. Avec Les Oiseaux, Hitchcock prouve une fois de plus que la structure narrative d’un film est la clé du suspense, et a fait de ces volatiles enragés les méchants les plus terrifiants de l’histoire du Cinéma d’horreur. De nombreux thèmes sont abordés dans le film, notamment celui des yeux et de la vue, qui sont au cœur du processus cinématographique. Lors d’une scène particulièrement dérangeante, on aperçoit un cadavre dont les yeux ont été littéralement becquetés… ne restent à leur place que des orbites sanguinolentes. Les Oiseaux reste un film horrifique incroyablement efficace et pensé dans les moindres détails, dénotant ainsi du génie de son créateur.
John Carpenter
Dans une carrière s’étalant sur près de quarante ans, John Carpenter a réalisé bon nombre de films d’horreur et de science-fiction devenus des classiques du genre. Après une comédie de science-fiction en 1974 et un film d’action en 1976, il se tourne dès son troisième long-métrage vers le cinéma d’horreur qui deviendra son genre de prédilection, au point d’être surnommé le « maître de l’horreur ».
Ce troisième long-métrage est Halloween, sorti en 1978 et devenu l’un des films indépendants les plus rentables de l’histoire. L’intrigue se déroule durant la nuit d’Halloween, alors qu’un tueur, ayant déjà commis un meurtre quinze ans auparavant et tout juste évadé de l’hôpital psychiatrique, sème la mort et la terreur dans une petite ville américaine.
Selon certains critiques, Halloween encouragerait le sadisme et la misogynie, face à une audience qui pourrait s’identifier au personnage du tueur. D’autres y ont vu un réquisitoire de la dépravation morale des jeunes adolescents des années 1970, compte tenu du fait que plusieurs des victimes de Michael Myers ont un lien direct avec le sexe ou la drogue. Cependant, John Carpenter a toujours rejeté ces analyses.
Plusieurs techniques et éléments du scénario d’Halloween sont devenus des standards du slasher movie, tels un petit budget, des acteurs jeunes et débutants, un tueur masqué au look appelé à devenir culte, des meurtres nombreux et sanglants à l’arme blanche. Directement inspiré du film qui officialisa le genre, à savoir Black Christmas de Bob Clark, Halloween a cependant été rapproché de Psychose, car il ne contient que peu d’images violentes ou gores, et tout l’intérêt du film joue sur l’angoisse de la suggestion – pour l’anecdote, l’actrice principale du film est Jamie Lee Curtis, la fille de Janet Leigh qui interprétait Marion Crane dans Psychose. La musique d’Halloween, autre raison majeure du succès du film, fut en partie composée par John Carpenter lui-même.
Deux ans plus tard, il revient avec The Fog, son second plus grand succès en salle après Halloween. Le film a la particularité de réunir deux actrices ayant un lien de parenté : Jamie Lee Curtis et sa mère Janet Leigh. En Californie du Nord, le petit village de pêcheurs Antonio Bay est sur le point de célébrer son centenaire. Mais la quiétude de la ville est perturbée par de mystérieux événements, dont le meurtre horrible de trois pêcheurs locaux, accompagné par un étrange brouillard lumineux qui s’étend sur terre et sur mer. Le prêtre de la localité, le père Malone, découvre le journal de son grand-père, qui contient un sombre secret inconnu des habitants actuels la ville.
Après le succès de Halloween, John Carpenter offre un nouveau film solide et bien construit. Savoir-faire pour créer l’angoisse, élégance visuelle, rigueur du découpage : le talent du cinéaste compense amplement la faiblesse des personnages. D’entrée de jeu, le ton est donné, et quand apparaît cette brume fantomatique et mystérieuse, on ressent une sensation de fatalité que rien ne peut empêcher.
En 1982, il combine film d’horreur et film de science-fiction dans The Thing, dont histoire s’articule autour d’une forme de vie extraterrestre métamorphe, qui infiltre une station de recherche scientifique norvégienne du continent Austral et tue l’équipe de recherche. Une équipe de chercheurs américains à proximité de l’incident mène l’enquête et est à son tour attaquée par la créature.
The Thing n’a pas bénéficié d’un budget faramineux, étant donné qu’un autre film de science-fiction, donnant une meilleure image des extra-terrestres, fut également produit par les studios Universal la même année : E.T. de Steven Spielberg. De plus, Blade Runner de Ridley Scott, un autre classique du cinéma de science-fiction, est sorti le même jour que lui. À sa sortie, il s’avère donc être un échec commercial. Pourtant, The Thing est devenu un film culte, et les critiques le complimentent de plus en plus, le désignant parfois même comme l’un des meilleurs films d’horreur de l’histoire. Le film installe une ambiance de paranoïa particulièrement oppressante, car la chose en question peut prendre la forme exacte de toute créature vivante, et donc de chacun des membres de l’équipe de chercheurs.
Tobe Hooper
Ce réalisateur, dont le nom ne vous évoque probablement pas grand chose, est pourtant à l’origine de deux films incontournables du cinéma d’horreur et d’épouvante.
En 1974, il réalise Massacre à la tronçonneuse, un film bouleversant les codes du cinéma d’horreur et à l’origine d’un véritable choc planétaire. L’histoire narre le destin funeste d’un groupe d’amis attaqué par une famille de cannibales consanguins en plein cœur du Texas. Bien que pour des raisons marketing, le film prétendit s’inspirer de faits réels, son histoire est entièrement fictionnelle – seul le personnage de Leatherface s’inspire d’un profanateur de tombes et tueur de femmes du Wisconsin des années 1950.
À sa sortie, Massacre à la tronçonneuse fut censuré dans de nombreux pays et plusieurs salles de cinéma ont été contraintes d’en arrêter la diffusion suite à des plaintes de spectateurs. Alors que les critiques de l’époque ne lui firent pas honneur, le film fut un succès commercial étonnant et acquit par la suite une renommée grandissante considérable. Il est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands films d’horreur de l’Histoire. Il comprend, à l’image d’Halloween, un nombre important de caractéristiques du slasher movie, tout en les accentuant. Ainsi, l’éternel tueur au masque devient un mastodonte quasi-intouchable et l’arme blanche habituelle est remplacée par une machine destructrice.
Huit ans plus tard, il réalise Poltergeist, un film d’horreur fantastique devenu culte dont l’intrigue, située dans une banlieue de Californie, se concentre sur une famille dont la maison est envahie par des fantômes maléfiques qui parviennent à kidnapper la cadette de la famille.
Le film fut écrit et produit par Steven Spielberg, dont on ressent aisément l’influence dans la conception du film. À sa sortie, le film est considéré comme l’une des meilleures productions de l’année 1982 et presque trente ans après sa sortie, demeure selon la critique et le public l’un des meilleurs films d’horreur. Plusieurs scènes, dont celle de l’attaque du clown, sont devenues cultes. Malgré un aspect effrayant indéniable, Poltergeist se démarque d’autres films d’horreur par sa dimension familiale, avec des personnages attachants et une finalité louable : des parents doivent sauver leur petite fille. Ainsi, le scénario pourrait s’apparenter au schéma d’un conte de fée : l’histoire d’une petite fille exposant ses parents aux pires tribulations dans le but de lui prouver leur amour. L’un des thèmes cher au conte de fée que l’on peut retrouver dans Poltergeist est donc le confort lié à la famille. L’élément perturbateur d’un conte de fée peut être l’anéantissement d’une famille, mais la situation finale prend souvent la forme d’un retour à la normale.
William Friedkin
Deux ans après avoir remporté cinq Oscars, dont ceux de meilleur film et de meilleur réalisateur pour son film policier The French Connection, William Friedkin réalise ce qui est sans doute le film d’horreur le plus connu et le plus sujet à débat de l’histoire du cinéma : L’Exorciste. Sorti en 1973, il est l’un des films d’horreur les plus rentables de l’histoire avec 402 500 000 de dollars de recettes dans le monde entier. Il est également considéré comme un classique du cinéma d’horreur, et l’American Film Institute l’a classé 3e meilleur thriller derrière Psychose et Les Dents de la mer. L’Exorciste suit la possession d’une fillette et les tentatives désespérées de sa mère pour la guérir grâce à un exorcisme pratiqué par deux prêtres.
À sa sortie, certains critiques le décrivent comme le film le plus effrayant qu’ils aient vu depuis des années, voire le seul film véritablement effrayant qu’ils aient vu dans leur vie. L’Exorciste est un film surprenant, destiné à devenir un classique du cinéma. C’est un long-métrage particulièrement troublant et en particulier pour les plus sensibles, qui ont tendance à « vivre les films » qu’ils voient. Avant lui, il n’y avait jamais rien eu de tel à l’écran.
Bien qu’il soit en partie réputé pour la qualité de sa mise en scène et de sa narration – incluant de nombreuses images subliminales – L’Exorciste est également connu pour ses scènes profondément choquantes. En effet, lorsque la jeune Regan McNeil est possédée, elle se livre à des actes d’une abomination sans précédent comme descendre les escaliers comme une araignée en vomissant du sang, tourner sa tête à 360 degrés, ou encore vociférer des obscénités et des blasphèmes tout en s’enfonçant un crucifix dans le vagin… La musique tient une place cruciale dans la construction filmique de l’Exorciste. William Friedkin choisit dans le copieux catalogue musical du label Virgin, pour le thème principal, un extrait de l’album Tubular Bells de Mike Oldfield, réarrangé pour l’occasion. Ce thème, froid et lancinant, a exercé une certaine influence sur la musique de films du genre, notamment sur celle composée par John Carpenter pour bon nombre de ses propres réalisations.
Wes Craven
Ce réalisateur américain est considéré avec John Carpenter comme l’un des maîtres du cinéma d’horreur. En se spécialisant notamment dans le genre du slasher movie, il réussit à en créer des sous-genres, améliorant ainsi les caractéristiques principales.
En 1972, le cinéaste écrit et réalise La Dernière maison sur la gauche, un film d’horreur d’une extrême violence qui préfigure déjà l’intérêt du cinéaste pour le morbide. Mary et Phyllis sont deux amies inséparables. En chemin pour fêter le 17e anniversaire de Mary, elles rencontrent un jeune dealer qui leur propose de l’herbe à bon prix et acceptent donc de le suivre. Le jeune homme leur tend un guêt-appens et les kidnappe avec sa bande. Le calvaire commence… Mais en faisant de ces jeunes filles leurs victimes, les ravisseurs ont signé leur arrêt de mort.
Premier film de Wes Craven, La Dernière Maison sur la gauche est souvent considéré comme l’un des films les plus extrêmes de l’histoire du cinéma. La puissance et la modernité de cette œuvre culte de l’horreur tient surtout à son réalisme documentaire ainsi qu’aux scènes de sévices et de torture particulièrement insoutenables. Le film a été censuré dans plusieurs pays à sa sortie, dont la Grande-Bretagne jusqu’en 2002. La Dernière Maison sur la gauche demeure l’un des films de l’âge d’or du cinéma horrifique. En réalité, il ne s’agit pas d’un film d’horreur au sens où l’on pourrait l’entendre habituellement, dans la mesure où il dérange plus qu’il ne fait peur et provoque une sensation de malaise interminable.
Cinq ans après La Dernière Maison sur la gauche, il se lance dans la réalisation de La colline a des yeux, qui fait partie de ses succès critiques et publics personnels. Tout comme son premier long-métrage, celui-ci suscite la polémique, autant pour son contenu visuellement choquant que pour la dureté de la mise en scène. Selon ses propres dires, ce classique du genre s’inspirerait de documentaires sur la guerre du Vietnam.
Une famille se rend en Californie pour visiter une mine d’argent reçue en héritage. Suite à un accident, elle se retrouve isolée au beau milieu du désert, loin de toute civilisation. Mais du haut de la colline, un tout autre genre de famille les observe… la chasse a commencé !
Le film est inspiré d’une légende écossaise du XVe siècle, qui narre l’histoire d’une bande sanguinaire s’attaquant aux voyageurs s’aventurant un peu trop près de leur antre. Il nous plonge sans sommation dans un univers sauvage aux frontières du réel. Avec La colline a des yeux, on se rapproche des thèmes abordés trois ans plus tôt dans Massacre à la tronçonneuse, avec une famille de tueurs cannibales et indéniablement consanguins, avec toutefois une dimension encore plus irréaliste – enfin, on l’espère…
En 1984, il réalise Les Griffes de la nuit, un film d’horreur fantastique avec un budget estimé à 1,8 million de dollars. Le film a reçu des critiques délirantes et dépassé les 25 millions de dollars de recettes au box-office américain. Il est l’un des films ayant eu le plus d’influence sur le cinéma d’horreur et en particulier sur le slasher movie
Victime de cauchemars où elle est traquée par un homme à la face brûlée et aux griffes d’acier, la jeune Tina Gray décide de se confier à ses amis. Pourtant, loin de la rassurer, ceux-ci lui avouent qu’ils sont également victimes de ces mauvais rêves. Nancy Thompson et Glen Lantz, les amis de Tina, décident de passer la nuit chez elle pour la rassurer. Mais alors qu’elle passe finalement la nuit avec Rod Lane, son petit ami, elle recommence à faire cet horrible cauchemars qui finira cette fois par une mort horrible et sanglante… Nancy est la seule qui semble comprendre ce qui se passe et découvre l’horrible vérité sur l’affreux Freddy Krueger…
Dans Les Griffes de la nuit, Wes Craven donne vie à l’un des méchants les plus sinistres de l’histoire du cinéma, dans ce modèle du film d’épouvante qui allait devenir mythique. Ce long-métrage est réputé pour avoir importé de nombreux clichés issus des films d’horreur à petit budget des années 1970 et 1980 et initialement apparus dans Halloween de John Carpenter – tout cela incluant la moralité autour de la sexualité et de son éventuel lien avec la mort de certains personnages. Bon nombre de critiques et d’historiens du cinéma ont soutenu que Les Griffes de la nuit avait défini une distinction entre les rêves et la réalité, manifestée par le fait que les jeunes adolescents vivent littéralement leurs rêves. Les critiques actuels louent le film pour son habileté à franchir les frontières du réel, jouant ainsi avec la perception du public.
En 1996, Wes Craven atteint l’apogée de sa carrière avec la sortie de Scream, un film portant un nouveau regard sur le slasher movie tout en faisant une analyse de son style. Voici un bref résumé de l’intrigue : Terrorisée par un serial killer masqué s’inspirant des plus grands films d’horreur pour exécuter ses crimes, une petite ville américaine devient le terrain d’une vaste enquête où tout le monde est suspect.
À sa sortie, le film fut un véritable carton au box-office. Il devient le plus gros succès du genre slasher de tous les temps sur le sol nord-américain, engrangeant plus de 173 millions de dollars au box-office mondial. Il fut également un succès critique aussi bien dans la presse qu’auprès du public. Scream offre un savoureux mélange entre thriller policier, comédie noire et film d’horreur. Un film ne devient pas culte par hasard et celui-ci le mérite amplement. Il relance alors la mode du slasher qui était en sérieuse perte de vitesse, voire quasiment mort depuis quelques années. Avec Scream, Wes Craven réalise une satire des films d’horreurs du genre, popularisé par des films comme Halloween, Vendredi 13, ou encore son propre film Les Griffes de la nuit dont il s’inspire librement. Considéré comme un film « unique » lors de sa sortie, il met en avant des personnages discutant des véritables films d’horreurs de la vie réelle et de leur clichés, clichés qu’il tente lui-même de renverser. La bande originale est également devenue culte et a largement participé au succès du film.
Stanley Kubrick
Si ce géant du cinéma n’a réalisé qu’un unique film d’horreur, ce dernier est sûrement l’un des plus troublants et les plus commentés de l’histoire de l’épouvante. Il s’agit de Shining, sorti en 1980. Dans le film, Jack Torrance (Jack Nicholson), écrivain et alcoolique en voie de guérison, accepte un poste de gardien dans un hôtel isolé durant la saison morte. Il s’y installe donc avec sa femme (Shelley Duvall) et son fils. Ce jeune garçon possède des capacités psychiques qui lui permettent de percevoir des évènements passés et futurs, tels que les fantômes qui habitent l’hôtel : il s’agit du fameux shining. Quelques temps après leur installation, la famille se retrouve bloquée dans l’hôtel à cause d’une tempête de neige et Jack, influencé par des entités surnaturelles, sombre peu à peu dans la folie. Son aliénation le conduit à intenter à la vie de ses proches.
Le film intègre donc deux concepts majeurs : la maison isolée et hantée, et les perceptions extrasensorielles d’événements présents, passés et futurs. Dans Shining, la présence dominante de l’hôtel Overlook justifie parfaitement la valeur de la mise en scène. Le confinement y est palpable : le cinéma d’horreur est un art de la claustrophobie et cela apparaît clairement dans ce film. Nous avons aussi peur de l’immensité caverneuse de l’hôtel que de l’enceinte de ses couloirs. Shining met en place une dynamique complexe entre le banal et le surnaturel. Le spectateur est désorienté par la combinaison de l’espace et du confinement, ainsi que par ce qui est réel et ce qui ne l’est pas… Shining est un parfait exemple de cinéma architectural.
James Wan
En 2004, un nouveau réalisateur du nom de James Wan se fait connaître avec la sortie d’un succès international, Saw. Si ses films ne font pas toujours l’unanimité dans la critique, surtout par les revues se voulant intellectuelles, James Wan a le mérite de réaliser des films d’horreur aux scénarios originaux et à la mise en scène extrêmement efficace. Les films qu’il a produits et réalisés ont rapportés 3 244 243 466 dollars dans le monde entier, ce qui en fait l’un des réalisateurs les plus rentables du cinéma.
Avec Saw, James Wan crée un nouveau genre de thriller horrifique, tout en s’inspirant d’un film culte de David Fincher, Seven, sorti neuf ans plus tôt.
Deux hommes se réveillent enchaînés au mur d’une salle de bain. Ils ignorent où ils sont et ne se connaissent pas. Ils savent juste que l’un doit absolument exécuter l’autre, sinon dans moins de huit heures, ils seront exécutés tous les deux. Voici l’une des situations machiavéliques imaginées par un maître criminel, qui impose à ses victimes des choix auxquels personne ne souhaite être confronté un jour. Un détective est chargé de l’enquête.
Ce « tueur au puzzle » comme on l’appelle (Jigsaw en version originale) est un véritable psychopathe dont l’attirance pour la violence et la barbarie sanguinaire se mêlent à une volonté de rendre la justice. C’est un syndrome psychanalytique que l’on pourrait nommer « complexe » de Dieu, à cause duquel le meurtrier obtient réparation de quelque chose, sans recourir à l’institution judiciaire et aux forces de police. On avait pu rencontrer un cas similaire – en moins gore évidemment – dans Dix petits indiens de René Clair, film adapté de la célèbre pièce de théâtre d’Agatha Christie. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Saw n’est pas qu’une débauche d’hémoglobine, d’ailleurs une seule scène est réellement violente et en partie suggestive. Il s’agit plus d’un thriller horrifique que d’un véritable film d’horreur. Une enquête policière s’étale sur toute la durée du scénario, ce qui renforce son appartenance au genre du thriller. Seules les suites de cette saga, pour la plupart minables, sont volontairement gores.
En 2011, James Wan renoue avec le succès avec un film d’horreur fantastique, Insidious, dont l’histoire est complétée par une suite en 2013. Dans le premier chapitre, un jeune couple s’installe dans une nouvelle maison, mais l’aîné de leurs enfants sombre dans un coma inexpliqué. Peu après, des phénomènes paranormaux jamais vus viennent hanter leurs nuits.
Ce diptyque aborde les thèmes des esprits malfaisants et des maisons hantées avec une virtuosité unique. Insidious s’inscrit directement dans la lignée de films comme Poltergeist ou L’Exorciste et offre plus de moments de terreur et d’angoisse qu’aucun autre film récent. Étant donné que le premier film se conclut sur une note macabre, le deuxième chapitre en est la suite directe. À la grande surprise du public, ce deuxième opus est presque encore meilleur que le premier et révèle un thriller horrifique surnaturel parfaitement construit, instillant une ambiance de cauchemar comme jamais. Tout en soulevant des énigmes qui lui sont propres, il vient apporter des réponses à celles de son prédécesseur. Dans Insidious:Chapitres 1 & 2, James Wan a réussi à créer un univers original, parsemé de limbes et de dimensions astrales étonnamment glauques, une vraie réussite.
Entre temps, il réalise The Conjuring, un autre film d’horreur surnaturel, peut-être plus conventionnel que le diptyque précédent, mais tout aussi bon et réalisé avec soin. Il est inspiré d’une histoire qui serait arrivée aux chasseurs de fantôme Ed et Lorraine Warren dans les années 1970. Ce couple vient en aide à la famille Perron : Roger, Carolyn, et leurs cinq filles qui emménagent dans une maison isolée du Rhode Island. La nouvelle maison, bien qu’un peu vétuste, semble parfaite pour leur famille nombreuse. Pourtant, peu de temps après, leur chien décède brutalement et sans raison apparente. Des bruits de coups se font entendre dans la maison et leur fille, Cynthia, est victime de violentes crises de somnambulisme. Le couple découvre également un passage qui descend à la cave, mais qui pour une raison inconnue, a été condamné par les précédents propriétaires. Ainsi, chaque nuit à 3h07 du matin, les événements paranormaux se déchaînent et sont bientôt si terrifiants que Carolyn appelle à l’aide les époux Warren.
George A. Romero
Ce réalisateur peu connu des néophytes du cinéma est pourtant l’instigateur d’un genre horrifique très en vogue encore aujourd’hui : les films de zombies. À travers ses films d’horreur gores et violents, mettant en scène des morts-vivants, Romero critique la société américaine, le racisme, sa consommation à outrance, ou encore son goût immodéré pour la médiatisation. Il n’y a pas de continuité narrative stricte ni de personnages récurrents – humains ou zombies – d’un film à l’autre.
Le premier volet, La Nuit des morts-vivants, sorti en 1968, est un véritable succès critique et commercial, il rapportera entre quatre et cinq millions de dollars et deviendra un film culte. Le second volet, Dawn of the Dead, sorti dix ans plus tard, est d’abord connu en tant que sommet du gore : les cervelles explosent, le sang gicle, les entrailles se déversent. Cela a valu au film, censuré plusieurs années en France, d’être admiré autant que dénigré. Mais Zombie est aussi un pamphlet politique, et notamment une charge contre la société de consommation, représentée par le centre commercial dans lequel les héros, comme les zombies, singent leur vie passée. Dawn of the Dead est encore plus considéré, autant par la critique que le public, que son prédécesseur. Cette « saga des zombies » est toujours inachevée et comprend six films dont les plus notables sont Le Jour des morts (1986), ou Land of the Dead (2005).
Success story spéciale Halloween : Dario Argento
Ce réalisateur italien largement revenu à la mode ces dernières années n’en demeure pas moins inconnu du grand public. Après avoir co-écrit avec Bernardo Bertolucci l’histoire d’Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone (1968), il signe son premier film : L’Oiseau au plumage de cristal, qui sort en 1970. Ce film raconte l’histoire de Sam Dalmas, un écrivain américain de passage à Rome, qui assiste à l’agression d’une jeune femme. Déclaré témoin oculaire par la police, il décide d’effectuer ses propres recherches.
L’Oiseau au plumage de cristal est un coup de tonnerre dans le ciel du thriller transalpin et signe l’acte de naissance fracassant de l’un des futurs maîtres du cinéma d’horreur. Il popularise un genre appelé le giallo, dont le cinéaste Mario Bava avait forgé les codes cinématographiques avec des films comme Le Masque du Démon (1960), ou Six femmes pour l’assassin (1964). Dans L’Oiseau au plumage de cristal, Dario Argento privilégie un soin inégalable pour la beauté formelle, ainsi qu’un mélange virtuose de violence graphique et d’œuvres d’art qui dictent l’avancée du récit. Des qualités que l’on retrouvera dans un autre de ses succès, Le chat à neuf queues (1971).
En 1975, il réalise Les Frissons de l’angoisse, un thriller métaphysique et plastiquement sublime constituant la quintessence-même du giallo. Dans le film, un pianiste de jazz installé à Turin est témoin du meurtre d’une célèbre parapsychologue. Il tente de lui porter secours mais en vain… Dario Argento pousse le genre d’un cran en le déposant à la frontière du fantastique et porte à son point d’incandescence tout ce qui fait l’art et la puissance de son style : un cinéma à la fois populaire et moderne, codé et expérimental, divertissant et cérébral.
Deux ans plus tard, il signe l’une des expériences esthétiques les plus puissantes que le cinéma nous ait donné, et ce qui est souvent considéré comme son chef-d’oeuvre, Suspiria. C’est l’histoire d’une jeune ballerine qui arrive dans la prestigieuse académie de danse de Fribourg. Mais rapidement, elle soupçonne l’école d’être dirigée par une sorcière… Vu par certains comme une version hallucinée de l’Enfer de Dante ou encore comme une relecture rouge sang d’Alice au pays des merveilles, ce film est le premier volet d’une trilogie fantastique poursuivie en 1980 avec Inferno et achevée en 2007 avec La Troisième mère. Cette dernière porte à son apogée tout ce qui a fait de Dario Argento l’un des cinéastes majeurs du cinéma d’horreur.
Après Inferno, il retourne au giallo conventionnel avec Ténèbres en 1982, puis entreprend une nouvelle fois de combiner le thriller et le surnaturel dans Phenomena en 1985, tout en y ajoutant une dimension parapsychique. Il s’agit de l’un des premiers films de Jennifer Connelly (Requiem for a Dream, Un homme d’exception, Blood Diamond).
La fin des années 1980 est marquée par la réalisation d’Opéra, qui s’avère être l’un des opus les plus ambitieux de Dario Argento. Il a conçu pour ce projet de nombreuses séquences très complexes comme un lâcher de corbeaux en vue subjective qui doit désigner l’assassin dans le public en pleine représentation, ou encore une balle tirée au ralentis dans un judas, traversant l’œil de la victime et le reste de la pièce. La bande originale est très variée, allant de l’opéra classique à des morceaux de hard-rock. Pourtant Opéra est un véritable échec commercial et Dario Argento le définira comme la pire expérience de sa vie.
Passez un excellent Halloween et surtout ne regardez pas de films d’horreur tout seul si vous êtes sensible ! Bonne séance !