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Rebecca Sugar (Steven Universe) : « L’animation est un médium fantastique pour raconter des histoires personnelles »

Rebecca Sugar (Steven Universe) : "s'il vous plaît, racontez des histoires personnelles !"

Dans le cadre du Festival d’Annecy, la réalisatrice Rebecca Sugar et son compagnon et producteur exécutif Ian Jones-Quartey faisaient le bilan de leur série à succès Steven Universe, dont la saison 4 prend fin ce samedi sur Cartoon Network. Entretien.

VL : Steven Universe est au carrefour de très nombreux genres et registres, de la comédie au drame en passant par la fantasy ou la science-fiction… à quoi tient cet équilibre ?

Rebecca Sugar : À l’origine de Steven Universe, il y a les années où j’ai grandi avec mon frère et toutes les choses qu’on regardait ensemble. Cette amitié très forte est au cœur de la série. La vraie vie ne choisit pas un genre précis : vous faites l’expérience de toutes ces choses en même temps. La vie reste quelque chose de fondamentalement amusant, même quand une tragédie se produit ou quand survient quelque chose de merveilleux. Tout est mélangé, et c’est du respect de ce mélange que naissent les séries réalistes.

Quand nous écrivons, nous essayons d’équilibrer tous ces facteurs pour pouvoir évoluer d’un genre à l’autre tout en restant fidèle au cœur de Steven Universe : les relations interpersonnelles. En sept ans j’ai pu faire de la comédie, de l’action, de la fantasy, de la sci-fi, de l’enquête policière, du conte de fée… Nous avons pensé le rythme pour intégrer pas à pas tous ces éléments à l’histoire principale, et en faire à chaque fois une expérience pleine et entière.

L’univers de la série s’articule autour des gemmes, personnages protéiformes et non-genrés. C’est une façon d’ancrer votre histoire dans une forme d’universalité ?

Si je puis dire, les gemmes se laissent devenir des personnages. On a la chance de travailler sur un médium profondément visuel. Il y a tant de choses à faire avec l’esthétique des gemmes, avec leur douceur, leur dureté, leurs palettes de couleurs, avec les mythologies et symbolismes qu’on leur a prêté au fil du temps… La combinaison de toutes ces choses donnent vie à des personnages intéressants qu’on peut sans cesse revisiter. Nous gravitons naturellement vers des imageries qui nous fascinent et sur lesquelles on voudrait se projeter !

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Le dernier épisode de Steven Universe était une conclusion explosive mais certains arcs secondaires restent en suspens. Que peut-on attendre de la suite ?

La série a toujours eu une structure fondamentale. On suit toujours l’histoire de ce que Steven apprend sur le monde et sur lui-même à mesure qu’il grandit. Il a encore beaucoup à apprendre, mais ce sont des choses qu’il ne pourra assimiler que plus tard, après les évènements de l’épisode « Change Your Mind » [épisode final de la série, ndlr]. Je suis excitée de pouvoir raconter ce chapitre de l’histoire, mais ça aura plus de sens quand le film sortira.

À ce propos Cartoon Network vient d’annoncer que le film Steven Universe, qui doit sortir cet automne, sera une comédie musicale. Faut-il y voir l’aboutissement de votre travail sur la série ?

J’adore les comédies musicales, et je nourrissais cette ambition depuis longtemps ! Nous avions déjà essayé avec « Mr. Greg », notre premier épisode 100% musical. C’était un gros challenge : il y avait 7 chansons en 11 minutes, c’était très dense. C’était une échelle qui dépassait tout ce qu’on avait fait jusque là. Ce que j’aime avec les grandes comédies musicales, c’est que les histoires sont intégrées aux chansons. De même le chant, les paroles et le feeling des morceaux sont essentiels à la narration. Pour Steven Universe c’est quelque chose que je ne pourrais faire que dans une comédie musicale. Je suis très impatiente que les gens puissent le voir ! C’était un travail de titan !

Cette année le Festival d’Annecy a donné une place de choix à l’association Les Femmes s’animent. Quel est votre ressenti sur cette initiative ?

L’animation est un médium fantastique pour raconter des histoires personnelles, à plus forte raison pour les personnes marginalisées. Plus les gens pourront intégrer ce médium et raconter leurs histoires, et mieux ce sera. L’animation fonctionne parce que nous avons cette faculté d’entrer en empathie les un.e.s avec les autres. La majorité des œuvres animées depuis 100 ans nous venant d’une certaine catégorie de personnes, nous avons eu jusqu’à aujourd’hui plein d’opportunités de sympathiser avec des créateurs blancs et masculins. Pourtant, l’animation est une grande opportunité pour développer de l’empathie avec des expériences différentes, les expliquer, les partager avec les autres.

Annecy rassemble de nombreux animateurs et animatrices en devenir. Avez-vous un message à leur adresser ?

S’il vous plaît, racontez des histoires personnelles ! Ça ne veut pas dire que ces histoires ne peuvent pas être humoristiques, de la fantasy, de la science-fiction ou des comédies, mais il faut que le cœur de ce que vous êtes fasse toujours partie intégrante de votre travail. Puisez là-dedans et explorez, le plus tôt possible. Que ça infuse tout ce que vous faites.

J’adore rencontrer des gens à travers leurs bandes dessinées et leur animation. En tant que forme d’expression, l’animation est pour moi la meilleure façon de transmettre des émotions. À toutes celles et ceux qui veulent travailler dans l’animation ou dans la BD, je suis impatiente de vous rencontrer à travers votre travail. Je veux savoir qui vous êtes !

Crédits : Rebecca Sugar, Cartoon Network, Warner Media

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Animateur de HyperLink et Rédacteur-en-chef Pop Culture, spécialiste en univers virtuels et jukebox itinérant.
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