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Réélections en Bolivie : les pirouettes de Morales

La réélection du président Bolivien Evo Morales est de nouveau suggérée à l’aube de son 3ème mandat. Divers groupes populaires liés au mouvement socialiste (MAS) ont proposé cette semaine d’organiser un référendum pour modifier la Constitution en vue des prochaines élections de 2019. Cette question épineuse remet en question la nature démocratique de l’Etat plurinational Bolivien inauguré en 2009.

La possibilité d’augmenter le nombre légal de mandats est de nouveau portée à l’ordre du jour en Bolivie. Le vice-président Alvaro Garcia Linera a confirmé jeudi que le Conseil National pour le Changement (Conalcam) pense déjà aux élections de 2019.

Mais des voix contestataires se lèvent. L’ex-président Bolivien Jorge Quiroga (2001-2002) critique cette pirouette du parti au pouvoir qui est loin d’être la première. Il accuse ouvertement Evo Morales et Garcia Linera de chercher à « rester au pouvoir pour toujours ».

Les pirouettes d’Evo

Evo Morales a émergé en politique dans les années 1990. Il s’est engagé dans la protection des producteurs de feuilles de coca.

Rapidement, il gagne en popularité auprès des nations indigènes dont il est issu. Il incarne un espoir de représentation politique pour ces minorités. Elu en 2005 comme président avec une large majorité des votes, il est réélu en 2009 puis en 2014 avec un soutien croissant du peuple.

Cependant, la réélection de 2014 avait déjà suscité les interrogations des constitutionnalistes les plus consciencieux. En effet, la Magna Carta Bolivienne n’autorise normalement qu’une seule réélection.

En 2009, Evo Morales a engagé une transformation du régime politique Bolivien dans le but de reconnaître toute la diversité de ce peuple aux nombreuses nations. La nouvelle Constitution a fait de la Bolivie un Etat plurinational. Mais la clause de la réélection est demeurée la même avec l’approbation du président.

Cependant, en 2014, Evo Morales prétexte que le changement de régime politique de 2009 lui permet de compter cette re-postulation comme la première. A l’époque, le silence des constitutionnalistes et le très large soutien du peuple (61%) le confortent dans sa légitimité.

élections de 2014 en Bolivie

Elections de 2014 en Bolivie

Où se trouve la démocratie ?

Bien entendu, les opposants au gouvernement voient en cette possible modification de la Constitution un acte anti-démocratique dangereux. Lors d’une conférence de presse, l’ex-président Bolivien Jorge Quiroga a affirmé que Morales agissait comme s’il était en « monarchie absolue ».

Ces inquiétudes sont partagées puisqu’il existe une division au sein même du MAS. Certains souhaitent faire passer le nombre de re-postulations possibles au nombre de deux alors que d’autres penchent purement pour la re-postulation à l’infini.

Une étude du journal Pagina Siete montre que 56% de la population serait contre cette dernière proposition mais en revanche 54% accepterait la réforme s’il s’agissait uniquement de permettre un mandat supplémentaire.

Un soutien sur lequel Evo Morales compte s’appuyer dans sa nouvelle campagne. Avec le slogan « Si todo está bien , Evo está bien », le président au mandat le plus long d’Amérique Latine a prévu de poursuivre une politique socialiste active en vue d’une 4ème élection en 2019.

Les risques du clientélisme et du populisme sont présents. Un débat émerge de cette situation paradoxale. La démocratie doit-elle être garantie par la Constitution ou par le peuple ?

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