Comme chaque été, à l’approche du défilé estival de bikinis, les régimes sont à la mode. Détox, forking, Dukan, sans gluten… il y a en a pour tous les goûts de celles et ceux qui veulent perdre des kilos. Et qui, par la même occasion, engraisseront les professionnels de cette industrie poids-lourd.
Bientôt la plage et le supplice du rentré de ventre en maillot de bain. Alors, afin de ne pas décéder à force de faire de l’apnée pour paraître svelte, beaucoup vont (si ce n’est pas déjà le cas) entreprendre un régime. Selon un sondage effectué par l’institut Harris Interactive pour le magazine Top Santé (2009), plus de 80% des femmes en suivraient un, dont 30% au quotidien et 92% à la veille des vacances. Une pression en grande partie mise par la presse féminine qui fait la majorité de ses unes avec des recettes minceurs et fait poser des mannequins presque anorexiques qu’elle érige en modèle physique. Mais aussi par la société qui, inconsciemment ou non, discrimine les personnes en surpoids. Pour preuve, l’apparence physique apparaît entre le troisième motif de refus à l’embauche d’après des études réalisées par le Défenseur des droits. Un fait tellement préoccupant que même l’Education nationale française a réalisé, en 2012, un court métrage de sensibilisation pour informer sur cette forme de violence. Alors, pour ne pas subir les moqueries et les regards en coin, on se met à la diète. Et surtout, on paie cher !
Weight Watchers, Dukan… des empires gourmands
De tout temps, les populations ont adapté leur alimentation pour répondre aux critères de beauté de leur époque. Et depuis le XIXe siècle, la mode est à se serrer la ceinture. Outre les corsets, les gaines et les liposuccions, les régimes sont la méthode privilégiée pour avoir une taille de guêpe. C’est pourquoi, sentant l’avènement d’un business florissant, beaucoup se sont lancé dans la commercialisation de méthodes miracles visant à vous faire fondre à vue d’œil. On peut donc citer le régime Atkins (apparu en 1970 et pauvre en glucides), le régime Montignac (du milieu des années 1980 et hypoglucidique) ou le régime Scarsdale (hypocalorique et mis au point à la fin des années 1970). Mais la plus connue d’entre elles est Weight Watchers. Devenue une entreprise fondée en 1963 par Jean Nidetch, femme au foyer américaine qui parvint à perdre une cinquantaine de kilos grâce à son système de « réunions de motivation » et à sa politique de points. Très lucratifs soit dit en passant : 10€ la réunion (il n’y en a jamais qu’une), 100€ le conseil personnalisé et 6€ en moyenne le plat cuisiné de la marque. Ainsi, aujourd’hui, Weight Watchers est le géant mondial de la nutrition. Un mastodonte qui pèse 1,8 milliards de dollars de chiffre d’affaires (soit, en équivalent euros, plus que celui du groupe Eurotunnel) et compte 1,4 millions de membres hebdomadaires à travers le monde. Ce qui fait qu’il ne laisse à ses concurrents que les miettes du généreux gâteau trophologique.
Toutefois, sur le marché de la minceur, les 2W ont bien failli être détrôné par un petit nouveau, débarqué en 2010 avec son blockbuster littéraire Je ne sais pas maigrir et usant de techniques marketing similaires. Un mode d’alimentation hyper protéine, inventé par l’ancien Docteur Pierre Dukan. Radié de l’Ordre des médecins en janvier 2014. Avant cette déchéance professionnelle, celui-ci a tout de même eu le temps d’amasser un joli pactole : il faut dire que son système de coaching automatisé coûtait plus d’une centaine d’euros et qu’il vendait aussi des produits dérivés estampillé Dukan comme des poubelles ou de la lessive. Un programme qui, après un succès fulgurant –notamment auprès des stars– a fait long feu puisqu’à présent il est décrié de toutes parts pour sa dangerosité et l’effet yoyo qui en résulte dans 80% des cas.
Inutilité avérée et danger
Dans le magazine Meilleure Santé, le Docteur Jean-Michel Cohen –lui-même concepteur d’un régime– accusait la méthode Dukan d’être « une véritable déstructuration alimentaire qui, entraîne de graves problèmes de santé chez certains patients comme une forte hausse de cholestérol, des problèmes cadio-vasculaires, des cancers du sein ». Et, franchement, le célèbre nutritionniste n’avait pas tout à fait tort car, d’après une étude de l’ANSES (Risques liés aux pratiques d’amaigrissement, 2010) ce régime présenterait des apports en vitamines, minéraux et fibres inférieurs aux besoins nutritionnels moyens. De même, en février 2012, le magazine des consommateurs Que choisir reconnaissait que le régime Dukan « fait partie des cinq régimes les moins recommandables, selon l’Association des diététiciens britanniques. […] Déjà épinglé par l’Agence de sécurité sanitaire, il est [aussi] considéré sans aucun fondement scientifique » par la profession, qui a récemment destitué Pierre Dukan de son titre de Docteur. En effet, priver son corps de certains nutriments nécessaires n’a rien d’anodin et peut même entrainer de lourdes complications. Voire être fatal.
Le scandale sanitaire du Mediator, ce coupe-faim qui a fait entre 500 et 2000 morts pour cause de valvulopathies et d’hypertension, en est l’exemple type. Mais ces pilules amincissantes (que beaucoup surnommaient « merdiator ») ne sont pas les seules à avoir des effets secondaires plus ou moins graves. Sur le marché pharmaceutique, elles foisonnent même : Alli, Ephédra, XL-S Medical, Orlistat… Au Canada, certains vont jusqu’à commercialiser un médicament originellement destiné aux chevaux : le Clenbuterol. Censé faire maigrir vite tout en prenant de la masse musculaire, cette molécule vétérinaire entraînerait, en cas de surdose, des palpitations, une arythmie cardiaque et même des infarctus.
Est-ce qu’il faut vraiment mourir pour être « belle » selon les diktats de la mode ?
Des célébrités en guise de publicité
Malgré tous les inconvénients des régimes, pourquoi donc un Français sur trois au moins y a déjà succombé ? Parce qu’ils sont très tentants, et surtout lorsqu’ils sont promus par des stars sur lesquelles les résultats sont flagrants. Ainsi, devinez qui Dukan dénombrait parmi ses fidèles : Kate Middleton, David Douillet (-35 kg en 6 mois !), Johnny Hallyday, Marine Le Pen et… François Hollande (-15kg, repris depuis). Pour Weight Watchers, le casting est tout aussi prestigieux : Jessica Simpson, Jennifer Hudson et, de l’autre côté de l’Atlantique, la chanteuse Amel Bent, qui est même devenu l’ambassadrice officielle de cet empire minceur, vantant les mérites du procédé sur tous les plateaux télé où elle passe. Une publicité gratuite pour les marques… ou presque puisque l’interprète de Ma philosophie aurait été rémunérée (et bien) pour le spot de pub intitulé « Faites la paix avec vos kilos », qu’elle a tourné en 2013 pour WW.
Mais là encore il y a des outsiders qui adoptent des méthodes farfelus sans se soucier du fait qu’ils seront sans doute imités par des personnes qui n’ont pas à leur disposition un suivi médical aussi poussé que le leur si les choses venaient à mal tourner. On peut ainsi citer Jennifer Aniston, adepte des pots pour bébés ; Beyoncé et son régime jus de citron poivré ; Kim Kardashian et son régime cookies (en même temps, vu son postérieur, on s’en doutait) ; et Jennifer Lopez, qui se tapisse l’intérieur de l’estomac avec de l’huile essentiel de pamplemousse. Décidément, la célébrité, cela ferait même vendre des régimes sans aucune utilité.
Parier sur son poids… ou être payé !
Enfin, comme si le consommateur n’avait pas été suffisamment délesté de son argent (à défaut de ses kilos en trop), il existe désormais une application pour smartphone qui encourage ses utilisateurs à miser sur leur perte de poids : Pact. Une solution originale pour motiver les gens ayant décidé de maigrir, puisqu’ils mettent en jeu leur pécule. Bien qu’ils investissaient déjà beaucoup dans les coachings minceurs mais ne s’en apercevaient peut-être directement.
Néanmoins, on peut parfois maigrir et gagner de l’argent comme c’est le cas dans certaines entreprises américaines. En effet, la lutte contre l’obésité est telle au pays de l’Oncle Sam que les dirigeants d’entreprises n’hésitent plus à brandir la carotte et le bâton pour faire maigrir leurs employés. Pourtant, on oublie que la meilleure recette pour s’affiner sans affamer son porte-monnaie c’est faire du sport, manger sain, et avoir une bonne dose de volonté. Un conseil qu’on ne va même pas vous facturer, nous !