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Régionales : la gauche se réconcilie autour de la République

À deux jours du premier tour des élections régionales, le gouvernement renforce les rangs de la campagne du Parti socialiste. Hier, le Premier ministre Manuel Valls a nationalisé les enjeux du scrutin, lors d’un meeting de Claude Bartolone, tête de liste PS en Île-de-France.

Les temps changent. Finis les discours de candidats socialistes soucieux de se démarquer de la gauche au pouvoir. Le 3 décembre, à la Halle Carpentier, la famille de Solférino a fait fi de ses dissensions. Les attentats de Paris n’y sont pas pour rien. Sous les drapeaux tricolores, Manuel Valls a fait une entrée tonitruante. Le chef du gouvernement est venu, entre autres, en compagnie de Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education nationale, Fleur Pellerin, en charge de la Culture ou encore Myriam El-Khomri, pour le portefeuille de l’Emploi. L’exécutif souhaite-t-il faire profiter de sa hausse de popularité à un candidat à la peine dans les sondages  (NDLR : Claude Bartolone est donné second au premier tour (23%), devancé par la candidate LR Valérie Pécresse (32%) et talonné par le FN Wallerand de Saint Just (21%)) ?

Myriam El-Khomri, ministre du Travail et Fleur Pellerin, ministre de la Culture, étaient au premier rang (Crédits : Thibaut Godet)

Myriam El-Khomri, ministre du Travail, et Fleur Pellerin, ministre de la Culture, étaient au premier rang (Crédits : Thibaut Godet)

« Il n’y a pas de calcul » répond Fleur Pellerin à Radio VL. La ministre de la Rue de Valois poursuit : «  Il est normal que les Français reconnaissent que le président a bien géré cette situation dramatique et j’espère qu’ils en tiendront compte dans leur vote dimanche ». Tout a été orchestré dans l’optique de saluer l’action du gouvernement dans cette période de crise, et de célébrer le patriotisme français. Après une minute de silence en mémoire des victimes du 13 novembre, la salle a entonné solennellement la Marseillaise. Sur l’affiche de campagne de Claude Bartolone, on a même ajouté une Marianne sur fond rouge.

Manuel Valls : l’état d’urgence : «n’est pas une démonstration de force »

Manuel Valls, Premier ministre, a prononcé un discours aux allures sécuritaires (Crédits : Thibaut Godet)

L’urgentiste Patrick Pelloux, intervenu après les attentats du 7 janvier contre le siège de Charlie Hebdo, a fait une apparition surprise. Accueilli par des applaudissements nourris, il a appelé « à un grand rassemblement républicain ». Preuve que les problématiques régionales sont passées au second plan avec la menace terroriste, Anne Hidalgo, maire de Paris, a préféré ne pas « détailler le programme pour la région car nous sommes dans ce contexte ». Et a subtilement glissé quelques réserves quant à l’état d’urgence enclenché par le gouvernement : « la sécurité, ça ne remplacera pas tout. Nous devons nous poser des questions ».

Car une partie du peuple de gauche se montre réticente à certaines restrictions de libertés qu’impose cette mesure d’exception. Manuel Valls, droit dans ses bottes, a adopté une posture martiale et résolument décomplexée au moment de prendre la parole. « Assez de ces idées qui voudraient que, quand la gauche protège, quand elle est ferme, quand elle parle de sécurité, d’ordre républicain, elle s’écarte de ses valeurs ». Concernant l’utilisation de l’article 12 qui prévoit l’état d’urgence, le Premier ministre se veut rassurant :« ce n’est pas une démonstration de force. C’est la réponse de notre démocratie, encadrée par la loi, par le Parlement, et bientôt par notre constitution ». À Nicolas Sarkozy qui accuse la majorité de ne pas en avoir fait assez après les attentats de janvier, l’ex-ministre de l’Intérieur l’égratigne sur les suppressions de postes dans la police et la gendarmerie, au cours du quinquennat précédent.

Les contours d’un Front populaire

Manuel Valls, Claude Bartolone, accompagnés de la maire de Paris Anne Hidalgo (Crédits : Thibaut Godet)

Manuel Valls, Claude Bartolone, accompagnés de la maire de Paris Anne Hidalgo (Crédits : Thibaut Godet)

Mais le cheval de bataille du Premier ministre reste la tentation Front national : une « supercherie sur nos valeurs républicaines ». L’ambiance quelque peu feutrée reprend de la vigueur quand Claude Bartolone vient prolonger le plaidoyer du patriotisme en s’adressant aux abstentionnistes : « voter, c’est résister ». Le président de l’Assemblée nationale sait combien la dispersion à gauche pourrait entrainer une gifle électorale.

Il dessine alors les contours de son Front populaire. « Nous l’avons préfiguré au 1er tour avec les radicaux, les écologistes, le MRC, le Front démocrate, les progressistes. Nous le renforcerons au 2ème tour ». L’appel du pied à la liste EELV conduite par Emmanuelle Cosse en Île-de-France est évident. Jean-Vincent Placé, démissionnaire des Verts et fondateur de son propre parti, l’a entendu, en répondant présent ce soir. Le Sénateur de l’Essonne voit là une urgence : « il y a la nécessité de nous aider dès le premier tour ».

Reportage réalisé par Alexis Delacour

© Crédits photographiques : Thibaut Godet

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