Pour oublier la reprise ou pour crâner à l’intercours, retrouvez sans plus attendre une sélection des perles de la rentrée avant d’attaquer l’automne !
Royal Blood – Royal Blood [Warner Bros.]
Ceux qui voulaient enterrer le rock peuvent se rhabiller. Que d’audace, de vigueur et d’envie ! Avec ce premier album éponyme, Royal Blood peut aisément prétendre au titre de révélation rock de l’année : encensé par la critique, Royal Blood est numéro 1 des ventes outre-Manche. Les deux Anglais originaires de Worthing peuvent être fiers de leur coup. Portée par la batterie furieuse de Ben Thatcher, la guitare basse de Mike Kerr engloutit l’espace dans un déluge de puissance sans jamais taper dans le rouge. À noter que – oh, miracle ! – la plupart des morceaux ont été enregistrés en une seule prise, sans aucune retouche en post-production. Mis à nu, le garage rock résonne avec une énergie folle qu’on n’avait pas entendu depuis les belles heures de Queens of the Stone Age. 32 minutes de pure adrénaline pour attaquer la rentrée.
Écouter : Royal Blood – « Figure It Out«
FKA Twigs – LP1 [Young Turks]
De père jamaicain et de mère anglo-hispanique, Tahliah Barnett est entrée dans la musique par la danse, aux côtés de Kylie Minogue ou encore Jessie J. Ses deux maxis EP1 et EP2 ont créé la surprise en 2013 avec les somptueux « Weak Spot » et « How’s That« , prenant les Internets à revers avec un R&B extraterrestre à la fois sensuel et torturé, où le mysticisme illuminé de Björk rejoint l’obscurité moite de la bass music londonienne… Une magie sublimée dans ce véritable bijou qu’est LP1. Productrice et interprète de talent, FKA Twigs donne vie à un soleil noir abstrait et complexe, auquel il faudra revenir plusieurs fois pour espérer en tirer tout le génie. Un grand cru à mettre entre toutes les mains.
Écouter : FKA Twigs – « Pendulum«
Ty Segall – Manipulator [Drag City]
Accouchement dans la douleur : habitué à une cadence effrénée (4 albums en 2 ans !), le jeune Ty Segall a dû se faire violence pour canaliser son énergie dans un projet plus ambitieux. C’est peu de le dire, le très réussi Manipulator sonne comme la délivrance après 14 mois de gestation et de frustration. On retrouve tout ce qui a fait la qualité de la musique de l’électron libre dans ses différents travaux. L’ensemble est porté par des arrangements très variés : violons, synthés, percussions harmoniques, polyphonies… blues, folk, psychédélique et grunge sont réconciliés sous le prisme d’un glam rock insolent. Comme quoi le perfectionnisme sied aux enfants terribles.
Écouter : Ty Segall – « The Faker«
Matthias Zimmermann – Momentum Series Pt. 1 [Sound Pellegrino]
Après ses deux compilations SND.PE Vol. 2 et 3 sorties coup sur coup avant l’été, on n’arrête plus Sound Pellegrino. Le label le plus pétillant de la scène parisienne confie sa rentrée à Matthias Zimmermann qui nous envoie sa nouvelle bombe Momentum Series Pt. 1, premier volet d’une longue série avant la sortie de son album en 2015 chez Universal. Si les filtres lo-fi sont toujours aussi présents, les tracks « Reginald » et « Gottlieb » nous montrent une face plus brutale du germanique. Acide, terriblement impulsive, la sauvagerie techno malmène le spectre jusqu’à saturation… au sens propre.
Écouter : Matthias Zimmermann – « Reginald«
Sam Tiba – Samuel [Bromance]
Voilà 5 ans que Sam Tiba sillonne les chemins de traverse de la musique électronique aux côtés de ses confrères du Club Cheval. Philosophe, mélomane et digger invétéré, Sam s’est construit une mosaïque d’influences extrêmement riche, de Foucault à Nujabes : jazz, classique, hip-hop, bass music, BO de jeux vidéo et d’animes… Après avoir arrosé son Soundcloud de remixes gratuits cet été, le voilà qui sort son nouvel EP Samuel. En contrepoint du répertoire techno de la Bromance, les vibrations pop/R&B confèrent à cette galaxie de références une résonance étrangement universelle. Après le spleen, l’embellie ?
Écouter : Sam Tiba – « Déguisement«
Basement Jaxx – Junto [Atlantic Jaxx]
Les deux ténors de la dance britannique Simon Ratcliffe et Felix Buxton marquent avec Junto le bal de clôture de l’été, en même temps que de livrer un tour d’horizon sur une carrière de plus de 20 ans. Bien entendu, la veine cartoonesque kitschissime du duo ne s’est pas épuisée. Festif à l’extrême, l’album est pétri d’influences toujours plus dépaysantes à grands renforts de rythmiques reggae, funk et samba dynamisées par des instrus house et UK garage survoltées. Le travail de studio est bien réel avec des invités toujours bien choisis, parmi lesquels Mykki Blanco et DJ Sneak (!). Si le résultat pourra en déconcerter certains par son éclectisme, Junto est sans conteste l’opus le plus accessible de Basement Jaxx.
Écouter : Basement Jaxx – « Unicorn«
Bien évidemment, les feuilles mortes apportent leur lot de sorties appétissantes : U2, BANKS, Aphex Twin, Radiohead, Pink Floyd, mais aussi SBTRKT, Interpol, Theophilus London, Redinho, Flying Lotus…