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Requiem pour un martyr

Jeudi 6 juin, jour de deuil national pour la gauche française. La veille, Clément Méric, un activiste antifasciste, meurt après avoir été agressé par des skinheads. Les appels à la lutte contre l’extrême droite se propagent tandis que les manifestations en l’honneur du martyre de la République se multiplient. Les partis de gauche œuvrent de concert avec les militants antifascistes. Technique de communication ou affliction ?

Mercredi, Clément Méric, étudiant en première année à Sciences Po, connu pour son implication dans la lutte antifasciste, est pris à parti par plusieurs skinheads qui sembleraient proches des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (JNR). Durablement affecté par la leucémie, le corps du jeune homme de 19 ans ne fait pas le poids et chute au premier coup. Sa tête s’écrase contre un poteau, Clément est transporté d’urgence à l’hôpital de la Pitié-Salpêtre ; mais son pronostic vital est déjà engagé, il n’a aucune chance de s’en sortir.

silence

Très vite, les médias et les réseaux sociaux s’enflamment : il faut absolument proscrire l’action des groupuscules d’extrême-droite. Une première manifestation a lieu à 12h devant Sciences Po, la célèbre école où la victime étudiait. Les temps sont aux cris et aux larmes. Puis viennent les traditionnels chants révolutionnaires, suivis par des slogans antifascistes. Des personnalités politiques font le détour pour rendre hommage à sa mémoire. Bertrand Delanoë, l’actuel maire de Paris s’insurge face à « la violence physique, dérive ultime de la démocratie» contre « un jeune homme qui meurt en raison de ses opinions ». Pour Harlem Désir, premier secrétaire du Parti Socialiste, « il faut interdire ces groupuscules qui n’ont aucune place dans la République ».

Deux mondes

En fin d’après-midi deux autres manifestations ont lieu ; d’abord sur les lieux du crime, rue de Caumartin – où l’on tous observent un silence religieux après avoir déposé des gerbes de fleurs. NKM, candidate UMP à la mairie de Paris tente une percée médiatique, très vite repoussée par des jeunes en deuil à coups de « dégage ! ».

Même tentative pour Anne Hidalgo, cette fois au rassemblement place Saint Michel. Le Front de Gauche, le NPA, le PS et le PC s’y étaient invité, accompagnés des syndicalistes de la CGT, CFDT et des Sud. A tour de rôle, les représentants de cette « grande famille » qu’est la gauche, se passent le micro. Ils invectivent contre l’extrême-droite grandissante – forcément, mais ils n’hésitent pas à faire un peu de comm’ en rappelant leur projets politiques. Quel est le rapport entre la VIème République et Clément Méric ? On cherche encore.

IMG_1647 copieLà-dessus, les amis de la victime, membres du collectif antifasciste Paris Banlieue, huent et sifflent les orateurs. Pas question qu’ils fassent de la récupération ! Des dizaines de drapeaux de l’ex-URSS, du Front de Gauche, des Che Guevara enveloppent la seule pancarte soutenant Clément Méric, tels des loups affamés encerclant une brebis galeuse. « Ce ne sont pas les idées de Clément, il ne les aurait pas soutenues », dénonce un des militants antifasciste. Plus loin, un manifestant rappelle au Parti Communiste ses années sombres « vous avez mis combien de temps avant d’abandonner le culte de Staline ? » Et si, à nouveau, la mort d’un innocent était instrumentalisée par les hommes politiques ?

Comme explicité en détail dans cet article, le moindre fait-divers entraîne une réaction émotionnelle assez forte pour qu’elle soit manipulée et instrumentalisée par les hommes politiques, pour l’opinion.

La lutte antifasciste

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Par ce meurtre, la haine et la violence renaîtront encore plus fortes. Un courant d’animosité très vindicatif est un risque à prévoir, ce qui pourrait raviver les tensions que la France avait connu dans les années 80 – 90. Après que des vieux démons d’extrême-droite se soient réveillés lors de la Manif pour tous, les antifa’ seraient amenés à leur donner la réplique.

Manuel Valls peut se courber en promesses, les antifa’ n’attendront certainement pas que le Ministre de l’Intérieur fasse tout « pour dissoudre ces groupes qui n’ont rien à voir avec les valeurs de la République« . « On sait qu’ils ont des locaux – un bar, quelque part dans Paris, nous confie un militant antifasciste. Si les pouvoirs publics ne les expulsent pas, je pense que c’est nous qui allons nous en occuper ».

Reportage vidéo : 

https://www.youtube.com/watch?v=S1YH7u4VPms&hd=1

 

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