À 31 ans et juste après avoir loupé le dernier mondial au Brésil pour blessure, Franck Ribéry arrête sa carrière internationale avec l’Équipe de France. Retour sur un parcours plus qu’atypique et semé d’embuche de l’homme aux 81 sélections et aux 16 buts.
Dans une interview accordée à Kicker, hebdomadaire allemand, Franck Ribéry a annoncé sa retraite internationale. Il a déclaré vouloir se «consacrer davantage à sa famille» à l’avenir et sur son club, le Bayern Munich.
«Il y a eu des hauts et des bas, a-t-il expliqué. Mais maintenant le moment est venu pour un nouveau chapitre dans ma vie. Il faut savoir s’arrêter. J’ai vécu tant de choses. Il est maintenant temps d’aller de l’avant et nous avons vu à la Coupe du Monde qu’il n’y a pas de soucis à se faire pour l’avenir de l’équipe de France. Ne vous inquiétez pas.»
Il est le deuxième joueur français à annoncer sa retraite internationale en une semaine après l’annonce de Samir Nasri la semaine dernière. Mais, le milieu du Bayern semble avoir une autre motivation que le Citizen, « laisser ma place aux nombreux jeunes de talent de l’Équipe nationale.» Un jeune talent qui l était lui aussi en 2006, lorsqu’il a débuté en Bleus face au Mexique. Petit retour sur le parcours de l’ancien Marseillais en Bleus.
Des débuts sublimes, une suite indigne
C’est en 2006, lors de l’annonce des 23 joueurs français qui participeront à la coupe du Monde, que Raymond Domenech ouvre la page Ribèry en Bleus. Alors qu’il flambe à Marseille après avoir cherché sa place en Turquie et à Metz, Franck Ribéry part au mondial sans compter une seule sélection. Lors des matches de préparation, le natif de Boulogne impressionne ses coéquipiers, notamment lors de sa première sélection face au Mexique, le 27 mai. La blessure de Djibril Cissé va lui permettre de gagner une place inattendue de titulaire. Aux côtés de Zidane, Henry, Sagnol, Vieira, Makelele et autres, il va avoir le parcours que l’on connaît. À 23 ans, il dispute sept matches de Coupe du Monde, une finale assez réussie contre l’Italie, et un but superbe en huitièmes face à l’Espagne, qui restera mythique à jamais grâce aux commentaires de Thierry Gilardi.
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Après le drame de Berlin, Zidane déserte les bleus et tout semble dépaysé. Ribéry est attendu comme l’espoir du football français alors qu’il vient de rejoindre le Bayern. Mais c’est là où tout se complique. Malgré des performances plutôt bonnes puisqu’il est un des joueurs les plus décisifs de cette équipe, tout tombe en ruine. Un Euro 2008 totalement ratés, un « melon » qui commence à gonfler et l’affaire Zahia qui éclate. À ce moment tout va mal pour lui et la formation de Domenech. Les Bleus sont attendus en 2010 après leur qualification plus que mitigé – main de Titi Henry face à l’Irlande- et c’est là où toute l’estime des supporteurs va baisser pour le milieu munichois.
Avec Patrice Evra (capitaine de l’époque) et Nicolas Anelka, ils créent un petit groupe de « caïds » anti-Domenech au sein du vestiaire. Grèves, histoire de taupe, rumeur de bagarre avec Gourcuff et d’autres, Ribéry rate tout, sans parler de ses performances catastrophiques sur le terrain. Les supporteurs ne veulent plus de lui, la Fédération va le suspendre trois matches pour ses attitudes odieuses pendant la Coupe du Monde. Mais Ribéry, malgré un accueil délicat du public, va réussir à regagner sa place au sein du groupe et sur le terrain. Pendant l’ère Blanc, le kaiser Franck va être le joueur le plus exemplaire sur le terrain avec Lloris, Alou Diarra et Yohan Cabaye. Malgré l’élimination des Bleus et les quelques difficultés internes au sein du groupe, Ribéry sort vainqueur de cet Euro sur un plan personnel.
Cadre sous Deschamps, si proche du Ballon d’Or
À l’arrivée de Didier Deschamps, il devient même un cadre des Bleus. Il continue à être un titulaire indiscutable et encadre bien la jeune équipe qui prend forme depuis l’arrivée du Basque à la tête des Tricolores. Buteur et passeur, il s’illustre dans des rencontres comme France-Australie (6-0) et cartonne avec le Bayern. Meilleur joueur Européen de la saison 2012-2013, vainqueur de plusieurs titres avec le Bayern dont le championnat et la Ligue des Champions, le Ballon d’Or lui tend les bras. Entre-temps, il est l’un des éléments majeurs qui permettent aux Bleus de partir au Brésil avec la renversante double confrontation avec l’Ukraine. Ce sera son dernier match avec le maillot de l’Équipe de France. Ce 3-0 mythique, un certain 19 novembre 2013, au Stade de France, qui restera comme l’un des plus beaux matches vu et gagné par la France à Saint-Denis. Dans une incompréhension totale, Sept Blatter et la FIFA attribueront le Ballon d’Or à Ronaldo.
Depuis, blessé, Ribéry n’a plus jamais rejoué pour les Bleus et s’en sort moins bien au Bayern. Alors qu’il effectue le stage de préparation avec la France pour le Mondial, il n’ira pas au Brésil. C’est une blessure qu’il traîne depuis des mois en Allemagne qui le prive d’une Coupe du Monde, qu’il avait déjà prévue comme la dernière avec les Bleus, un présage d’avenir ? Peut-être bien. L’ultime souvenir que l’on gardera de lui avec la sélection, c’est cette affaire de désaccord avec le staff médical à cause de sa blessure.
Avec 81 sélections et 16 buts marqués, Ribéry fait partie de l’histoire des Bleus. À la Cantonna ou autres, il aura marqué la nation par son talent et son comportement souvent inadéquat et quelques phrases bien à lui, que l’on n’oubliera jamais.
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