Mardi 9 janvier. Olivier Marchal fait son retour au théâtre Déjazet dans Nénesse aux côtés de Christine Citti, Hammou Graïa et Geoffroy Thiebaut. Nous y étions.
C’est quoi Nénesse ? Gina vit avec son mari, Nénesse, qui se retrouve au chômage. Homophobe, raciste et antisémite, il se voit contraint de sous-louer une partie de leur appartement à deux sans-papiers. L’histoire tournera mal… Nénesse, la pièce, est une farce politique, voire anthropologique, comme un miroir de notre monde contemporain. Une comédie résolument d’actualité à ne manquer sous aucun prétexte.
A l’heure où le politiquement correct l’emporte partout et où on a parfois l’impression de ne plus pouvoir rien dire, Nénesse fait un bras d’honneur et prouve que l’art, en forçant le trait, sert aussi à dénoncer toutes les horreurs et dérives de notre quotidien. En la matière, Nénesse ne ménage rien ni personne : le racisme, l’immigration, le chômage, l’extrémisme de tous bords, rien ni personne n’est ménagé et après 90 minutes, on se dit … que ça fait un bien fou. Comme un exutoire nécessaire. Les choses sont dites, de manière crue mais n’est ce pas le meilleur moyen de les dénoncer, surtout dans le contexte d’aujourd’hui que l’on a rappelé ?
Nous avons pu assister à la première de la pièce donc nous ne jugerons que le résultat final, et pas les ajustements nécessaires, tant dans le rythme que dans le jeu des comédiens.
Nénesse est une histoire brillamment écrite (par Aziz Chouaki) et savamment mise en scène (par Jean-Louis Martinelli) pour plonger le spectateur dans un tourbillon d’émotions qui ne manqueront pas de créer un malaise nécessaire. Servie par des dialogues réussis et durs, très durs, Nénesse dénonce les maux de notre société.
Olivier Marchal est au sommet, campant de manière magistrale un odieux personnage (qui sous certains aspect n’est pas sans rappeler le personnage de Clint Eastwood dans Gran Torino) et délivrant de manière épique un texte qui lessive le public comme le comédien. Jouant perpétuellement sur un fil pour ne pas devenir une caricature que d’aucun voudrait lui prêter, Marchal bluffe littéralement Grand réalisateur et grand auteur, il confirme son statut de grand acteur, animal, qui fait un bien fou.
A ses côtés, ses partenaires envoient aussi du bois comme on dit familièrement : Christine Citti en épouse blessée mais fidèle « à son Nénesse » délivre entre autre un monologue puissant ; Geoffroy Thiebaut est comme à son habitude juste, touchant et drôle ; enfin Hammou Graïa (découvert pour notre part notamment dans le rôle du papa de Chérif) nous touche et nous amuse avec des propos d’une dureté incroyable.
Nénesse est une vraie réussite et, en ces temps « particuliers », est une pièce nécessaire à voir. Servie par des dialogues percutants et une distribution remarquable, Nénesse ne nous ménage jamais jusqu’à un final pas seulement étonnant mais tout simplement bluffant, inattendu et dérangeant. Du grand théâtre.