M6 a diffusé ce mercredi les deux premiers épisodes de son docu-réalité, « La Rue des allocs », détaillant le quotidien de plusieurs habitants du quartier Saint-Leu à Amiens (Somme), faisant face à une situation financière difficile et vivant avec moins de 1000€ par mois, provenant des diverses aides de l’Etat. Plusieurs plaintes ont été déposées au CSA, le gendarme du Paysage Audiovisuel Français, à l’issue de la diffusion par des téléspectateurs, choqués par le contenu « indécent » et « voyeuriste » du programme.
Retour sur une émission controversée
La polémique lancée autour du programme d’M6 enfle depuis plusieurs semaines. Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel a été saisi à l’issue de la diffusion de « La Rue des allocs » hier soir. Alors que l’émission a enregistré un faible score lors de sa diffusion en prime (1,8 millions de téléspectateurs et moins de 10% de parts d’audience), « plusieurs » plaintes ont été enregistrées sur le site du CSA, dénonçant le caractère « voyeuriste », « caricatural », « indécent » et « dévalorisant » pour la ville d’Amiens, de l’émission.
En effet, durant 6 mois en 2015, une équipe de tournage de Troisième Œil production avait posé ses valises à Amiens afin de filmer « des tranches de vie à la fois touchantes, drôles, quelquefois crues, toujours sans fard », promettant un « témoignage unique de la précarité d’aujourd’hui ». Le documentaire tournait en effet sur les confidences de plusieurs Amiénois essayant de faire face au quotidien en vivant sous le seuil de pauvreté (fixé à 1000€ par mois) avec comme seuls revenus pour la plupart des aides de l’Etat, la faute à une perte d’emploi, une incapacité de travailler, une sous-qualification, une vie de famille avec un faible salaire…
L’émission avait déjà fait grincer des dents quelques semaines auparavant. Hier, la FNARS (Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale) avait ainsi demandé au CSA d’interdire le programme, une chose impossible puisque le gendarme de la télé ne peut agir qu’après la diffusion. Contactée par l’association, M6 avait quant à elle décidé de la maintenir. Une pétition d’une habitante de Saint-Leu avait aussi regroupé 300 signatures, et les témoins du reportage craignaient aussi une déformation de leurs propos, une dévalorisation et une mise en scène.
Durant la diffusion de l’émission, les réactions ne se sont pas fait attendre, à la fois par des politiques mais aussi par des habitants, jugeant le programme à charge, plein de clichés et montrant une mauvaise image d’Amiens, ville de 130 000 habitants où le chômage pointe à 20% et où les disparités entre les plus riches et les plus démunis sont importantes.
Affaire à suivre, puisqu’il reste deux épisodes du programme dans les cartons d’M6 et que le CSA doit encore rendre ses conclusions sur ce dossier, et éventuellement sanctionner la chaîne ou interdire la diffusion des derniers épisodes.