Lundi 9 juin, cinq hommes ont été condamnés par la justice russe pour le meurtre de la journaliste d’opposition Anna Politkovskaïa. Deux d’entre eux ont écopé de la prison à perpétuité, tandis que leurs trois complices se sont vus infliger des peines allant de 12 à 20 ans. Aucun commanditaire n’a cependant été identifié pour l’instant.
RAPPEL DES FAITS. Anna Stepanovna Politkovskaïa a été assassinée le 7 octobre 2006. Journaliste et fervente militante pour le respect des droits de l’homme, elle était connue pour son opposition à la politique de Vladimir Poutine. Son corps a été retrouvé dans la cage d’escalier de son immeuble moscovite, devant l’ascenseur, le jour même de l’anniversaire du Kremlin. A ses côtés, une arme et quatre douilles. A 48 ans, elle travaillait pour le journal indépendant Novaïa Gazeta, très critique de la politique extérieure de Vladimir Poutine en Tchétchénie. Elle est la 21ème journaliste assassinée dans le pays depuis l’élection du chef d’Etat russe, il y a de cela 14 ans.
7 ans après le meurtre, deux hommes viennent d’écoper de la prison à vie. Le premier, Roustam Makhmoudov, a été reconnu coupable d’avoir tiré sur la journaliste, mère de deux enfants, dans le hall de son immeuble. Le second, Lom-Ali Gaitoukaïev, oncle du tueur, a été identifié comme étant l’organisateur de l’assassinat.
Les deux frères du tireur, Ibragim et Djabraïl Makhmoudov, ont également été condamnés. Ils ont respectivement écopé de 12 et 14 ans de prison pour avoir guetté la victime et averti le tireur de son arrivée. Le tribunal a également condamné Serguei Khadzhikourbanov, un policier moscovite, à 20 ans de prison pour son rôle dans la préparation du meurtre.
Cependant, le commanditaire de l’assassinat court toujours. « Je ne serai satisfait que lorsque le ou les commanditaires seront condamnés », a confié Ilya Politkovski, le fils de la victime à la chaîne Rossiya 24. « Toutes ces personnes ont écopé de lourdes peines, mais ils n’avaient aucun motif personnel pour traquer et tuer Anna Politkovskaïa. (…) La question fondamentale est : qui est le commanditaire ? » a déclaré Lioudmila Alekseeva, la directrice du Groupe d’Helsinki, plus ancienne organisation de défense des droits de l’homme en Russie.