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Sables mouvants

Nous avons connu l’homme providentiel et son accession au pouvoir triomphante, nous avons aussi connu ses gesticulations, ses piètres résultats et sa chute fulgurante. Aujourd’hui nous rencontrons l’homme normal, prudent presque trop lent. Sa méthode a un nom (concertation) et de nombreux surnoms (immobilisme, mollesse, incompétence etc.), surtout si elle a le mérite de trancher avec la méthode précédente elle semble comme l’autre promise à l’échec. Si l’excès nous enfonce dans le marasme, la prudence quant à elle, ne suffit pas à nous en sortir.

 

Personne n’aime les constats pessimistes, pourtant personne ne peut nier ce sentiment  de désespoir qui se distille lentement et sûrement dans toutes les couches de la société. Pire que la crise économique, la crise de confiance, celle en l’avenir, en soi, et en la collectivité est latente. La peur du déclassement, celle des lendemains difficiles, de la pauvreté ou plus concrètement la confrontation directe à une misère croissante nous  laissent un sentiment amer, celui du déclin.
Ce déclin il ne faut pas le nier, et encore moins le regretter.

La France n’est plus, et déjà depuis longtemps, ce porte étendard d’un monde nouveau, progressiste, non la France n’est plus qu’à la traîne dans un monde qui se fait sans elle. Le drame ne réside pas dans ces faits mais plutôt dans ce sentiment de mélancolie qui nous habite, l’illusion d’autrefois.

L’anesthésie générale qui nous fait espérer le maintien d’une stature perdue nous empêche aujourd’hui d’inventer.  Notre créativité et notre audace, nos deux plus grandes qualités, sont annihilées par la crainte, pire encore nous ne faisons plus que plagier. Plagier et vivre sur les ruines fumantes d’un glorieux passé :
Voilà en quoi se résume, aujourd’hui, le modèle français.

 

C’est le rêve français que je veux réenchanter, celui qui a permis à des générations durant toute la République de croire à l’égalité et au progrès.

François Hollande, discours du Bourget, alors candidat à la présidence de la République

Voici la plus belle promesse de l’actuel Président de la République, et aussi peut-être son plus grand défi car si la France en a les moyens elle en a perdu la folie et l’ambition. L’occasion est cependant historique, plongés dans une crise économique mais aussi institutionnelle et civilisationnelle, nous devons proposer un nouveau modèle, un nouvel horizon. L’erreur fatale est d’accuser la conjecture alors que c’est véritablement un système entier de développement qui s’essouffle .
Ce n’est ni de l’idéalisme, ni un voeu pieux, c’est une nécessité si l’on veut un jour retrouver la confiance en l’avenir, si l’on veut redevenir maîtres de notre destin.

L’heure est au changement et au redressement, je l’espère, mais sans idées, sans force de conviction et de courage politique, nous n’aurons qu’un changement cosmétique. Nous méritons mieux, infiniment mieux que de ravaler une fois de plus la façade et de fermer les yeux sous antidépresseurs. Surtout c’est un combat citoyen vu l’ampleur de la tâche :
La création artistique n’a jamais été aussi pauvre et négligée, la littérature s’assèche, la santé s’écroule, la peur s’installe et la culture s’effondre.

 

Assurément l’heure est grave, surtout lorsque la France est convaincue que rien n’est possible

 

 

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