Suite de notre semaine dédiée aux séries françaises de la saison avec la saison finale de l’excellente Lazy Company, diffusée avant les fêtes sur OCS.
Lazy Company saison 3 c’est quoi? Décembre 1944, la guerre s’enlise. À la suite de la trahison du Général Margarett Sanders, le camp Neptune n’est plus. La dissolution de la Lazy Company signe la fin d’une époque… Dans sa base secrète de l’OSS, l’agent Jessica Sanders décide de monter un commando spécial. Ses objectifs sont les suivants : supprimer Hitler, mettre fin à la guerre et faire payer à sa mère sa trahison. Au même moment, la famille Lazy Company se retrouve autour d’une réunion qui s’avèrera décisive quant à la suite des évènements… L’équipe de choc, composée de Jeanne, Niels, Slice, Spring, Shefield et Chester, décide de troquer ses uniformes militaires pour ceux d’agents secrets. Un changement de costume qui se révèlera être plus compliqué que prévu : au « Panzernest », Hitler, prépare son ultime contre-attaque et fait enlever Jeff, le fils de Slice. L’héritier du sang du Patriot pourrait bien être la clé qui mettra fin au plus grand conflit du siècle… [youtube id= »aAtG7cuIMec »]
Ce qui apparaît d’entrée dans cette dernière saison c’est son ton résolument plus sombre. Après le final de la saison 2, il ne pouvait en être autrement. Mais Lazy Company amorce avec cette saison 3 un virage qui la rapproche de la fin de Kaamelott qui avait elle aussi basculé dans le drama sans pour autant renier l’humour. La série passe d’une série comique avec du drame à une série dramatique avec de l’humour. Tout est plus sombre, le traitement des personnages, de l’image, les destins, la musique. Toute la saison 3 est une montée en puissance qui ne peut qu’aboutir à une fin tragique. « C’est la guerre » comme le dit très justement Henri Debeurme, co-producteur de la série. 4 mots pour se préparer au pire car la guerre ne se finit pas toujours bien pour tout le monde.
Il faut voir chacune des saisons de Lazy Company comme une étape de la vie. La saison 1 c’est l’enfance, on s’amuse, on joue, on est inconscient (faire un épisode musical dès la saison d’une série relève de la brillante inconscience). La saison 2 c’est l’adolescence, le temps où l’on apprend, où l’on tente des choses (la saison 2 multiplie ainsi les hommages vibrants). Et dans le dernier épisode, « Lazy Company a 18 ans« , elle est devenue majeure. Sans tomber dans le poncif qui voudrait que la saison 3 soit « la saison de la maturité« , on est tout de même un peu dans ce registre là. Les histoires, les personnages, l’écriture, la réalisation, la musique, tout est arrivé à maturité et ça donne lieu à une saison remarquable. Cela fait mal de dire adieu à une série mais quand elle réussit à ce point sa sortie, la satisfaction l’emporte sur la tristesse.
Un élément illustre assez bien cette évolution: le personnage d’Hitler. Dans les deux premières saisons, ses actes parlaient pour lui afin d’en faire un monstre. En saison 3, la gestuelle et les mimiques de Quentin Baillot ont changé, le personnage se fait plus terrifiant, plus sombre rien qu’en le voyant (certaines scènes de l’épisode 8 par exemple le rendent effrayant).
Plus largement, nos loosers préférés n’en sont plus, ce sont des héros, certes toujours bras cassés mais ils mouillent le maillot comme on dit, vont au combat, avec une forme de désespoir assez bouleversante. Ils savent qu’ils risquent de mourir mais ils font leur devoir. On assiste du coup à une montée en puissance jusqu’à un final étourdissant pour chacun d’eux.
Avant d’évoquer les points importants de cette saison, et seulement dans le but d’émettre un petit bémol, je dirais que face à la puissance de la seconde partie de la saison, le début ralentit un peu trop la cadence, surtout après l’incroyable scène d’ouverture de la saison. Mais c’est un peu pour pinailler.
Une action plus resserrée. Si les deux premières saisons donnaient parfois un peu la sensation de partir dans plusieurs directions avant de culminer vers la fin, ce n’est plus la cas ici. On a une intrigue et tout se focalise dessus. Car mine de rien, la tâche n’est pas simple, il faut en 10 épisodes en finir avec la guerre (ou presque).
Un casting au top. On le dit beaucoup en ce moment mais Alban Lenoir franchit de nouveau un cap dans cette saison, il y est excellent. Si on a parfois un peu la sensation que l’intrigue de cette série chorale s’est un peu concentrée sur lui, ça ne nuit jamais à l’ensemble et la toute dernière scène de la série nous prouve que définitivement Lazy Company est une série d’équipe. Mais je voudrais faire deux mentions très spéciales pour cette saison.
D’abord Tiphaine Daviot qui a la lourde tâche de remplacer Vanessa Guide (Jessica) et qui le fait à merveille. Elle donne une nouvelle épaisseur à son personnage et son destin est tragiquement superbe. Seconde mention spéciale à un petit prodige, Antoine Gouy (Chuck), qui n’est certes pas très présent mais l’épisode qui lui est consacré est sans doute un des meilleurs de la saison, voire de la série. Chuck est devenu bien plus sombre et touchant en saison 3 et son « duo » avec Charlotte Ligneau impeccable. Quand je dis que ce comédien est un futur très grand, je prends les paris dès maintenant.
Des trouvailles intelligentes. Ce n’est pas la première fois qu’on le dit pour Lazy Company mais la série est toujours parvenue à prendre des risques et à tenter des choses qu’on n’a pas l’habitude voir à la télévision française. Elle poursuit sur cette lancée en saison 3 et nous offre des moments bluffants comme l’épisode présenté à La Rochelle autour d’un match de boxe, l’épisode digne d’un film muet centré sur Chuck, ou enfin l’épisode du repas de Noël dans lequel Quentin Baillot excelle de nouveau. Je ne vous dirai rien d’autre pour vous teaser sur cet épisode que les paroles de Jean-Sébastien Vermalle (compositeur avec Thomas Cappeau de la musique de la série) à La Rochelle: « C’est top, j’ai pu écrire pour Hitler » (le personnage bien entendu!!!). Pas un mot de plus mais croyez moi, c’est énorme.
Un grand final. Quand on aime les séries, et les auteurs de Lazy Company l’ont prouvé, il y a un challenge qu’on n’a pas le droit de rater, c’est le dernier épisode. Beaucoup s’y sont cassé les dents. Si on peut regretter que les épisodes soient un peu courts pour véritablement permettre à toutes les histoires de se développer et se terminer, il n’en demeure pas moins que le final de la série (en réalité réparti sur les 3 derniers épisodes) restera dans mon top des fins de séries. Chaque personnage a rendez-vous avec son destin. Tragique ou pas, peu importe, mais la résolution des histoires est logique, conforme aux personnages, à ce qu’on sait d’eux depuis le début. La palme revient une fois encore à Jessica Sanders: son histoire, son destin, prouve non seulement la maturité de l’écriture de la saison, la qualité du jeu de Tiphaine Daviot, et la grande intelligence de la série.
L’aventure Lazy Company s’est terminée mais de la plus belle manière qui soit. Durant 3 saisons, nous avons assisté à un déploiement d’énergie, de talent, d’écriture, de réalisation, de production au service d’une série certes pas parfaite de bout en bout mais qui a su ne jamais décevoir tout au long de son existence. A tous les stades de la série, on retrouve des petits génies, les talents de demain qui feront grandir notre fiction par leur audace, leur ingéniosité, leur courage.
Comme un point final logique, la série a (enfin) été récompensée lors du dernier Festival de la Fiction TV de la Rochelle du prix de la meilleure série. Car face à une certaine frilosité ambiante constatée par moment en terme de fiction, Lazy Company apparaît comme une bouffée d’oxygène. Ce n’est bien entendu pas la seule série mais c’est sans doute celle qui a le plus besoin d’être mise en avant. Les gars, on vous attend pour la suite de vos aventures sérielles. Bouyahhh!!!!
Crédits: OCS/ Empreintes digitales/ Six pieds sur terre