Le Salon de la photographie revient cette année à la rencontre du public métropolitain. Marques planétaires, écoles, expositions, conférences, tout est mis en place pour immerger le visiteur dans l’univers de l’image. Du 5 au 9 novembre, au Parc des Expositions Porte de Versailles, l’événement qui a attiré 75000 personnes lors de sa précédente édition espère poursuivre sur sa lancée.
Pendant cinq jours, Paris devient ville-lumière de la photographie, et accueille le « plus grand salon du monde » spécialisé en la matière. C’est l’occasion pour les grandes marques de dévoiler les dernières nouveautés de produits et d’accessoires qui composent le monde photographique. Des géants Canon et Nikon à Fujifilm et Leica, toutes les grandes marques rivalisent d’espaces originaux et d’animations pour conquérir le visiteur.
En parallèle, le Salon sera rythmé par des conférences et des présentations, pour séduire, en plus du potentiel client, l’admirateur et le fervent passionné de photographie. Une occasion de montrer, tant à l’amateur qu’au professionnel, l’étendue de leurs gammes, et de plonger au coeur de la puissance novatrice de ce marché, sans cesse en mutation. Tour d’horizon de cette édition 2015.
Image de marque : du reflex à l’hybride
Rendez-vous incontournable de tous les grands acteurs de la planète photographie – numérique, le Salon est, avant tout, une vitrine d’exposition. Un exposant chez Canon confirme que la marque ne manquerait, pour rien au monde, cet événement. Ce rendez-vous annuel permet d’abord à la marque de venir au contact de ses utilisateurs, qui peuvent découvrir leurs derniers produits. Ensuite, c’est un moyen pour Canon d’entretenir son image de marque, en présentant au public du matériel dernier cri, mais parfois trop onéreux pour l’utilisateur aux moyens plus modestes. L’EOS 5Ds, nouvel appareil photo phare de la marque, avoisine ainsi les 3600 euros.
Dans l’ensemble, la majorité des visiteurs sont amateurs, véritables praticiens de la photographie, et peu viennent ici pour acheter. Le Salon, c’est pour eux l’occasion d’essayer et de rêver sur les nouveaux produits présentés. Julien, 27 ans, vient pour la seconde fois au Salon « découvrir les nouveautés pour son Canon. Il y a toujours les objectifs professionnels Canon, mais c’est absolument hors budget. On vient pour se faire rêver aussi », ajoute-t-il en riant. Autre nouveauté selon Julien, la place faite aux hybrides sur cette édition du Salon.
Autrefois relayés loin derrière les réflex en matière de qualité d’image, l’arrivée de la technique numérique a profondément changé la donne. Désormais, il est possible d’avoir un petit appareil, compact, léger et offrant une qualité équivalente à celle d’un reflex. « J’ai commencé avec un hybride, et je me suis senti bridé par un parc d’objectifs restreint, c’est pour ça que je suis revenu sur un reflex ». On l’aura compris, les photographes intransigeants préféreront, comme Julien, les possibilités multiples d’optiques et de personnalisations offertes par le reflex.
Pour les autres, Canon présente aussi ses gammes compactes experts, ainsi que les appareils hybrides, compacts à objectifs interchangeables. Ces derniers, plus proches des attentes (et du budget) de certains utilisateurs, sont mis à l’honneur pour cette édition.
Le Salon, incubateur des passionnés de l’image
Par-delà les marques, qui rivalisent de capacités d’innovation et travaillent leur image, cette édition est aussi marquée par un cycle de conférences et de présentations. L’objectif : fédérer les visiteurs autour des thèmes qui les passionnent. Du photojournalisme à la photographie animalière, il y en a pour toutes les sensibilités.
Jacky Ley, conférencier pour la marque Fujifilm et photographe de sports mécaniques, explique sa présence. « L’intérêt de mener ces conférences n’est pas de gagner en visibilité dans le milieu de la photographie, mais de partager une passion », et espère ainsi avoir de réels retours du public. Lui-même utilisateur d’appareils photo hybrides, il doit d’ailleurs mener le débat en tant que « reflex killer », et appuyer l’idée que l’hybride est un concurrent tout à fait sérieux du reflex. Les conférences, une opportunité unique d’interagir avec les professionnels du secteur.
Grand acteur de la planète photo, la presse spécialisée se doit également d’être là. Véritable lien avec leur public, les stands de Réponse Photo, Chasseur d’Image ou Polka ne désemplissent pas. Les lecteurs sont venus nombreux rencontrer et échanger avec les auteurs des magazines. Pour la presse photo, c’est également une opportunité de se faire connaître auprès des visiteurs, et de trouver quelques nouveaux adhérents.
Pour Laurent, accompagné de Karine, c’est leur premier Salon de la Photographie. « Je suis venu regarder ce qu’il se fait de nouveau, les nouvelles technologies », explique-t-il. Innovation remarquable cette année : les drones civils. Mis à l’honneur dans plusieurs espaces où l’on peut les essayer, ces petits aéronefs, sans passager et autonomes, sont contrôlés à distance depuis le sol et peuvent embarquer un matériel de prises de vues (photographie ou film).
En ce qui concerne le prix, « les drones sont plutôt abordables, à partir d’une centaine d’euros, et jusqu’à 500 euros pour un truc qui tient la route » dévoile Laurent. Tous les prétextes sont bons pour flâner et flairer son prochain achat. Laurent confirme et plaisante, étant en réalité « ici pour trouver des excuses pour acheter du matériel ».
Événement des acteurs de la photosphère
Fabricants, accessoiristes, éditeurs, ou imprimeurs, tous les maillons de la chaine photographique graviteront Porte de Versailles pendant cinq jours. Mais un autre acteur, en marge de l’euphorie des allées centrales, se devait d’être présent : les écoles de photographie. Elles aussi avaient, pour maître mot, la passion.
L’école Louis-Lumière, l’une des plus prestigieuses, est là pour rencontrer de potentiels futurs étudiants. Interrogé sur le candidat idéal, l’enseignant-chercheur Olivier Guillermet nous donne quelques éléments de réponse. S’il admet qu’une partie des étudiants sortent de filières scientifiques ou d’un BTS photo, d’autres parcours ne constituent pas un frein à l’entrée dans leur école. « Le gage de la réussite, c’est la motivation » affirme-t-il. Cet élément, à son sens, est déterminant. L’étudiant doit « se donner tous les moyens, quel que soit son parcours » complète-t-il. La culture personnelle, notamment photographique, et la pratique, sont valorisées.
Vincent, en première année à l’École Louis-Lumière, explique son orientation vers une école de photographie. Bien qu’ayant conscience de la précarisation du secteur, il explique que « le flot d’images, souvent de mauvaise qualité, est tel aujourd’hui qu’il y a un regain d’intérêt pour des images de qualité. Beaucoup de personnes font de la photographie, sans un amour réel pour l’image et l’objet » explique-t-il. Quant à l’évolution des technologies, Vincent justifie l’évolution de l’enseignement : « On pratique moins de cours d’argentique et plus de cours numériques. Le but, c’est d’être adaptable à n’importe quelle situation ».
En marge du salon, des expositions peuplent les allées du Salon, par exemple organisées par la MEP (Maison Européenne de la Photographie) ou YellowCorner. Notre coup de cœur : l’exposition des lauréats des prix Zoom du public et Zoom de la Presse photo. Bruno Mercier et Bálint Pörneczi dévoilent des portraits et des paysages bruts mais sensibles, où le noir et blanc, corrélés à la force des regards et des horizons, jouent avec l’intensité et caressent subtilement les passions du visiteur. Le Salon de la Photo, jusqu’au 9 novembre Porte de Versailles, entrée gratuite avec le code SRT15.
Article réalisé par Thibaut Godet et Julien Percheron
© Crédits photographiques : Julien Percheron. Image de couverture : Théo-Gosselin