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Schengen, un espace à bout de souffle ?

« La crise des migrants en Europe compromet la survie de l’espace Schengen » déclarait Christine Lagarde – directrice générale du Fonds Monétaire International –  à Davos lors du forum économique mondial. Autrefois espace d’intégration, Schengen suscite aujourd’hui de nombreuses controverses. Au discours de Christine Lagarde viennent s’ajouter les voix de dirigeants européens pessimistes les uns les autres. Le Premier ministre français Manuel Valls n’a pas caché une possible « dislocation de l’espace » à cause de ladite « crise migratoire« . À cet effet, lundi 25 janvier, se réunissaient à Bruxelles les ministres de l’Intérieur de l’Union européenne en réunion informelle, pour discuter de l’éventuelle prolongation des contrôles d’urgence aux frontières.

Schengen est aujourd’hui le mot à la mode. Alors que certains souhaitent le supprimer, d’autres veulent le réformer pour notamment aller vers un « Schengen 2 », proposition de l’ex-président de la République, président du parti Les Républicains Nicolas Sarkozy. À sa création en juin 1985 dans une petite ville luxembourgeoise du même nom, l’espace Schengen était l’initiative de 5 pays  – Allemagne, France, Luxembourg, Belgique, Pays-Bas – le traité entré en vigueur en 1995 a été intégré dans le cadre institutionnel et juridique de l’Union européenne en 1999. À la fin des années 90, celui-ci lance une nouvelle dynamique dans les relations entre les pays européens. Il a permis la levée des barrières douanières entre les pays membres, permettant d’ouvrir un grand espace économique – suppression des taxes aux frontières – la libre circulation pour tous les ressortissants des États signataires. Il permet également à toute personne entrant légalement dans un pays membre de Schengen de circuler librement.

Cet espace n’a cessé de s’agrandir allant de 5 membres à 26 aujourd’hui, couvrant l’Europe du nord au sud avec les pays comme la Grèce, la Lettonie, Lituanie… Certains États à l’instar de la Roumanie  sont toujours dans l’attente de décision favorable afin de l’intégrer.

Mort clinique de Schengen ?

«Ne nourrissez pas les réfugiés sinon d’autres viendront» a déclaré  mercredi 3 février le gouverneur de Flandre-Occidentale Carl Decaluwé – Chrétiens-démocrates et flamands – à l’antenne de la radio néerlandophone Radio 2. Ces propos tenus en réaction à une campagne de distribution de nourritures menée autour du port de Zeebruges (Belgique) – depuis quelques semaines le port connaît l’afflux de nombreux migrants candidat à la traversée vers l’Angleterre – ont suscité la colère des belges.

Alors que le Haut Commissariat aux réfugiés des Nations Unies (HCR) a annoncé l’arrivée de 54 518 personnes en Europe depuis le 1er janvier 2016 dont 84% de réfugiés, certains dirigeants européens tentent de ralentir les flux migratoires en prenant des décisions qui vont à l’encontre  des valeurs de l’espace Schengen.

Ainsi, suite à une décision politique, les soldats autrichiens dressent depuis la mi-décembre une barrière haute de 4 mètres et longue de 3,7 kilomètres à la frontière Slovène. C’est la première frontière à être érigée entre deux pays de l’espace de libre circulation de Schengen et de l’Union européenne. Mais selon le gouvernement de coalition à Vienne, «Elle ne servira qu’à garantir un passage organisé des migrants». De plus, le pays a réduit son quota de demandeurs d’asile à 37 500 demandeurs alors qu’il avait accueilli 90 000 candidats pour la seule année de 2015.

La Suède a également rétabli les contrôles d’identité à sa frontière avec le Danemark dans la région de l’Oresund. Le pays qui compte un peu moins de 10 millions d’habitants estime avoir « atteint son seuil de tolérance » après avoir accueilli 163 000 demandeurs d’asile.

Au même titre, le Danemark vient de voter une loi visant à confisquer l’argent des réfugiés pour participer à leurs frais de séjour. Un signe fort envoyé par les autorités pour dissuader les migrants voulant se rendre dans le pays. Le Danemark emboîte le pas de la Suède en rétablissant le contrôle à la frontière avec l’Allemagne un territoire qui a accueilli 1,2 millions de migrants en 2015.

À Bruxelles, on tente de trouver des solutions 

Alors que la politique de « relocalisation » lancée par l’Union européenne pour  soulager les pays les plus exposés à l’afflux migratoire est un échec – à ce jour, seulement une centaine de personnes ont été relocalisées sur les 160 000 – les dirigeants européens passent à une autre étape et tentent d’isoler la Grèce.

« La Grèce a sérieusement négligé ses obligations. Il y a de graves déficiences aux frontières extérieures qui doivent être surmontées ».

Un rapport de l’agence Frontex – garde-côtes et garde-frontières de l’UE – datant de  novembre 2015 a été remis aux autorités européennes le 27 janvier. Celui-ci dénonce la gestion de la crise migratoire par la Grèce. Il lui est reproché d’être laxiste en matière de procédures de contrôles des migrants. « Les migrants en situation irrégulière ne sont pas identifiés et enregistrés efficacement, leurs empreintes digitales ne sont pas systématiquement saisies dans le système » relève le rapport. Par conséquent, un délai de 3 mois est donné à Athènes pour reprendre le contrôle de ses frontières, auquel cas l’article 26 du « code des frontières » sera appliqué : cela permettait aux pays membres de Schengen de prolonger le contrôle à leurs frontières d’une durée de deux ans. Ce dispositif inédit, s’il est mise en place, risque de conduire la Grèce dans un chaos.

En effet, alors que le chômage sévit toujours dans le pays environ 25% de la population, l’île  attire sur ses côtes environ 3000 migrants par jour. Le prolongement du contrôle des frontières à deux ans couperait la Grèce des autres pays européens, le pays serait en quelques sortes « mis en quarantaine ». Isolé des autres, l’île serait incapable de gérer l’afflux croissant de migrants sur ses côtes.

L’ultimatum est donné, la Grèce a trois mois pour témoigner d’une situation de non « menace grave pour l’ordre et de la sécurité intérieure » a expliqué la Commission européenne.

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