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De South Park à The Good Fight, les séries américaines contre Donald Trump

Les milieux culturels et artistiques se dressent contre Donald Trump, et les séries ne sont pas en reste : comment s’attaquent-elles au nouveau Président des Etats-Unis ?

C’était le 8 Novembre dernier : à la surprise générale, Donald Trump devenait le 45ème président des Etats-Unis. Après une campagne marquée par les scandales, les controverses et les déclarations fracassantes, sa prise de fonction n’a pas atténué les polémiques autour de sa politique ou de sa personnalité. Cible de multiples parodies dans le Saturday Night Live et de nombreuses critiques lors de la cérémonie des Oscars, Trump est devenu la bête noire des milieux artistiques et culturels. Les séries ne sont pas en reste, faisant une nouvelle fois la preuve d’une réactivité qui leur avait déjà permis de réagir immédiatement aux attentats du 11 Septembre. Certaines avaient anticipé la victoire de Trump (en Janvier 2016, dans sa web-série Horace and Pete, Louis CK évoquait déjà cette éventualité avec le cynisme et la pertinence dont il est coutumier) et depuis l’élection, plusieurs séries ont pris position.

Black-ish face à l’élection de Donald Trump (ABC)

 

South Park fut l’une des premières à réagir, à la faveur de délais de production très courts puisque chaque épisode est écrit et réalisé la semaine précédant sa diffusion. Les auteurs ont remanié entièrement un épisode dans lequel ils avaient parié sur la victoire d’Hillary Clinton : toujours insolente et acide, la série illustre l’incrédulité générale et pose la question qui, sur le moment, a taraudé de nombreux américains : comment en est-on arrivé là ?
De son côté,
Black-ish est directement entrée dans le vif du sujet. La série, centrée sur une famille afro-américaine de la classe moyenne, avait déjà abordé des thèmes comme le mouvement Black Lives Matter. Le choc de la victoire de Trump provoque une discussion entre Dre (Anthony Anderson) et ses collègues, le personnage expliquant avec ironie que la communauté afro-américaine est de toute façon habituée aux galères en tout genre.  A noter que Donald Trump avait accusé la série de racisme en 2014, s’interrogeant dans un tweet : « Comment ABC peut-elle tolérer une série intitulée Black-ish ? Imagine-t-on une série White-ish ? »…

L’enthousiasme de Diane Lockhart fait plaisir à voir (CBS)

 

Diffusée depuis le 19 Février, The Good Fight fait figure de première série de l’ère post-Trump, puisqu’elle s’attaque frontalement au climat de tensions socio-politiques engendré par l’élection. Le pilote (lui aussi remanié puisque, là encore, les auteurs avaient anticipé une victoire de Clinton) s’ouvre sur le visage de l’héroïne Diane Lockhart (Christine Baransky), démocrate convaincue, frappée de stupeur lorsqu’elle assiste à l’élection de Trump à la télévision. Avec des femmes comme personnages principaux et  un cabinet d’avocats majoritairement composé d’afro-américains comme cadre, The Good Fight a toutes les cartes en main pour traiter de sujets politiques, par des allusions subtiles (une photo de Diane aux côtés d’Hillary Clinton trône derrière son bureau) ou plus directement .Dans l’épisode 3, les dirigeants du cabinet cherchent désespérément un électeur de Trump parmi leurs employés, afin de démarcher une entreprise ouvertement favorable au nouveau président . Dans l’épisode 5, la série se penche sur l’autocensure pratiquée par les médias : les avocats défendent le scénariste d’une série télé qui a fait fuiter sur internet un épisode, que la chaîne refuse de diffuser parce qu’il transpose dans la fiction les accusations d’abus sexuels portées contre Donald Trump. Or, c’est une référence directe à un fait réel, NBC ayant repoussé sine die la diffusion d’un épisode de Law & Order sur le même sujet…

A lire aussi : notre avis sur le le pilote de The Good Fight

Autre série obligée de revoir sa copie pour avoir présumé de la victoire d’Hillary Clinton : Homeland. Nous resterons extrêmement succincts sur la saison 6, en cours de diffusion aux Etats-Unis, afin de vous épargner les spoilers. Contentons-nous de dire que l’intrigue se déroule à New York, implique une nouvelle présidente et une menace terroriste, et surtout la montée en puissance des alt-right, dénomination regroupant diverses mouvances d’extrême-droite suprématistes et racistes. Et Homeland pose un regard extrêmement alarmiste sur la situation…

Supergirl contre Cadmus – et contre Trump (CW)

 

Un des grands axes de la politique de Trump réside dans sa position anti-immigration. L’interdiction de l’entrée du territoire aux citoyens de 6 pays à majorité musulmane est sans aucun doute la décision la plus contestée et la plus combattue de ce début de mandat. C’est la série Supergirl qui s’empare du débat – après tout, Kara (Melissa Benoist) n’est-elle pas une extra-terrestre réfugiée sur Terre ? Dans la saison actuelle, elle combat le Projet Cadmus, une organisation terroriste qui cherche à éliminer les aliens vivant sur notre planète, et qui organise la détention et la déportation des extra-terrestres. De son côté, Arrow a récemment choisi de faire allusion à la question du contrôle des armes à feu.

Depuis son accession à la Maison blanche, Trump a nommé à des postes-clés plusieurs personnalités connues pour leurs prises de position homophobes – à l’instar du vice-président, Mike Pence. C’est dans ce contexte qu’est apparue la mini-série When we rise, dédiée à l’histoire de l’activisme LGBT des années 1960 à nos jours. Conçue avant sa prise de fonction, elle n’en apporte pas moins une réponse directe à la nouvelle administration. De même, si d’autres séries ne s’attaquent pas explicitement à la politique de Trump, elles prennent une nouvelle connotation dans ce contexte – comme l’excellente Billions, avec ses milliardaires qui jonglent avec les actions et naviguent avec aisance dans le monde trouble du capitalisme débridé…

Plusieurs séries n’ont donc pas hésité à se positionner et à s’opposer, de façon plus ou moins directe, à la politique de Donald Trump. Toutes ne s’infiltrent pas dans la brèche – le showrunner de Veep, David Mandel, s’y refuse et souhaite rester dans un « univers politique alternatif » – mais il y a fort à parier qu’on assiste à un phénomène de fond  et que d’autres séries feront également entendre leur voix… A l’instar d’American Crime, dont la prochaine saison parlera d’immigration illégale. Qu’on se le dise : dans les séries, la résistance face à Trump ne fait que commencer !

A lire aussi : notre avis sur le premier épisode de When we rise

About author

Traductrice et chroniqueuse, fille spirituelle de Tony Soprano et de Gemma Teller, Fanny Lombard Allegra a développé une addiction quasi-pathologique aux séries. Maîtrisant le maniement du glaive (grâce à Rome), capable de diagnostiquer un lupus (merci Dr House) et de combattre toutes les créatures surnaturelles (vive les frères Winchester), elle n'a toujours rien compris à la fin de Lost et souffre d'un syndrome de stress post-Breaking Bad
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