En juillet 2014, Anders Kompass avait fait parvenir aux autorités françaises un rapport accablant sur des actions commises par des soldats français déployés en Afrique. 14 d’entre eux sont soupçonnés d’avoir abusé de jeunes enfants: en échange de bonbons, ces derniers devaient pratiquer des fellations aux militaires.
L’homme actuellement directeur des opérations de terrain au haut commissariat de l’ONU est un haut-fonctionnaire suédois qui a fait la majorité de sa carrière au sein de l’Organisation notamment à Genève. Il est celui qui a révélé au grand jour les agissements de soldats français en Centrafrique envers des enfants et notamment des actes sexuels alors que ces derniers se trouvaient dans un camps de réfugiés.
Ces informations étaient pourtant internes à l’Organisation et l’homme avait été suspendu de ses fonctions car une commission avait jugé qu’il n’avait pas respecté le code de déontologie inhérent à sa fonction. Quelques temps plus tard, un groupe indépendant avait annulé cette décision arguant que la dite commission avait « abusé de son autorité » et l’homme était revenu dans ses fonctions avec toutefois des doutes quant à la pérennité de son retour.
C’est hier qu’Anders Kompass a annoncé qu’après des semaines de réflexion il a décidé de quitter ses fonctions avançant que « l’impunité dont bénéficient les personnes mises en cause [aussi bien les soldats français que les fonctionnaires de l’ONU] confirme que l’Organisation n’a pas l’intention de rendre de compte ». Les autorités françaises quant à elles affirment qu’une enquête est actuellement menée et a pour but de condamner toutes personnes qui auraient eue des comportements illégaux
L’ONU, une organisation sous le feu des critiques
Il y a quelques mois, le quotidien britannique The Guardian publiait un article (lien en anglais) dans lequel des employés de l’organisation dressaient un bilan mitigé de cette dernière. On pouvait y lire que les différentes agences composant les Nations Unies ainsi que leurs employés se faisaient concurrence entre eux en oubliant parfois leurs missions. Ou encore que les sommes engagées dans certains projets pourraient être très largement réduites s’il existait une concertation a priori entre les différents acteurs concernés. Un autre article (lien en anglais) livrait le témoignage d’une personne travaillant à l’ONU qui s’était résignée à rester dans le status quo et ne pas tenter de faire avancer les choses puisque de toutes façons elle affirme que cela ne changerait rien.
D’un point de vue plus institutionnel et toujours dans l’affaire des soldats français, un groupe d’experts nommé en juin 2015 par Ban Ki-moon, le Secrétaire Général des Nations Unies, affirmait que c’était « un échec flagrant ». Ce groupe indépendant avait publié un rapport d’une centaine de pages dans lequel il était dénoncé le « manque de réactions significatives à ces accusations » mais aussi la façon dont l’affaire avait été gérée sur le terrain par les fonctionnaires de l’Organisation.
Ban Ki moon avait exprimé son « profond regret que des enfants aient été trahis par les gens censés les protéger » avant d’ajouter que « c’est aux pays dont sont originaires les soldats concernés d’entreprendre des actions en justice ». Une façon comme une autre de protéger l’ONU, reste à savoir pendant encore combien de temps…