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Skyfall : pourquoi le dernier James Bond n’est pas un film d’auteur

L’agent secret au service de sa majesté fête ses cinquante ans au cinéma. Contre toute attente, Sam Mendes, réalisateur à succès de films personnels (American Beauty, 1999), supervise ce 23ème opus.

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007 doit sa longévité à quelques changements : sa transformation huée sous les traits de Daniel Craig a choqué autant qu’elle a séduit le public du reboot de Casino Royale (2006).  Avec l’arrivée de Mendes aux commandes, on aurait pu s’attendre à de grands changements de la légende. Peut-on parler pour autant d’un Bond-film d’auteur?

Au premier plan, une silhouette floue apparaît au fond d’un couloir éclairé. À mesure que l’homme s’approche, son pistolet en garde, ses yeux puis son corps tout entier nous permettent de l’identifier comme l’agent au smoking, avant qu’il s’engage dans une course-poursuite haletante.

Suite à une bavure du MI6, un disque dur contenant toutes les données confidentielles des agents secrets britanniques est tombé entre de mauvaises mains. Bond, en mission pour récupérer cet objet, se fait tirer dessus par sa coéquipière, et tombe inanimé dans l’eau. Au QG de Londres, M (Judi Dench) subit les attaques virales et terroristes du méchant (excellent Javier Bardem), qui lui voue une mystérieuse haine personnelle.

L’attente était palpable. Le public, impatient, a été préparé depuis la cérémonie des JO de Londres en Juillet dernier, et a subi un tapage médiatique sans précédent (entre Sony, Coca-Cola, Omega et Heineken, 007 est partout).

Sam Mendes l’a admis, il est un grand fan de James Bond. Plus précisément de la période des belles voitures pas trop discrètes, des accessoires tape-à-l’oeil pas trop technologiques, et des filles faciles pas trop innocentes. Mais il est également adepte des intrigues psychologisantes (Les Noces Rebelles (2008), pour n’en citer qu’un). James Bond n’a pas échappé à ce traitement : tué avant même le générique d’ouverture, l’agent entame une descente dans les ténèbres qui l’emmène jusqu’aux terres de son enfance, et interroge son rapport avec M, qui éclipse toutes les autres James Bond girls.

Peut-on cependant parler de film d’auteur ? En comparaison avec la trilogie Batman de Christopher Nolan ou le reboot de Spider-Man de Marc Webb sorti cet été, les deux «nouveaux» thèmes sont semblables : le rapport à l’enfance meurtrie et la peur d’un monde technologique en constant changement. De plus, Mendes ne déroge pas aux règles de la franchise : scènes d’action rythmées, humour britannique (qui avait manqué à Quantum of Solace en 2008), explosions en tout genre et le fameux gun-barrel (dont les enjeux sont très bien expliqués par la rédaction du Monde ici).

Mendes ne s’est donc permis de personnel que la séquence finale, dont la haute teneur symbolique est ridiculisée par Silva (Javier Bardem, méchant à humour grinçant aussi jubilatoire que dans No Country for Old Men (2007) des frères Coen). Irradié par les flammes de la demeure Bond, comme une référence à sa scène apocalyptique de Jarhead (2005), 007 tire un trait sur son passé et tire sans ciller sur ce qui est une parenthèse-hommage à lui-même. Un très bon reboot de blockbuster, donc.

http://www.youtube.com/watch?v=BWFNT6sfZoU
Crédit photo : Sony Pictures

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