Qui a dit que la mode était forcément irresponsable envers l’environnement? Décryptage d’une nouvelle tendance qui émerge aujourd’hui : la slow-fashion.
La fast-fashion, un modèle de consommation peu responsable
Deuxième industrie la plus polluante après celle du pétrole, l’industrie de la mode a besoin de se réformer. La fast-fashion, majoritaire dans nos modes de consommation, représente un modèle de production nuisible à l’environnement. En effet, la surconsommation qu’elle entraîne provoque des pollutions massives à plusieurs échelles. Du transport maritime, au gaspillage des produits invendus ou non-recyclables, en passant par l’impact désastreux des microplastiques liés au lavage de textiles chimiques, la fast-fashion s’est prouvée ravageuse…
Pour réduire ces répercussions, des projets écoresponsables ont fleuri ça-et-là. Des mots comme « fait-main », « seconde-main », « recyclable » et « surcyclage » font de plus en plus leur apparition dans le vocabulaire de la mode. Les géants du textile tentent de s’adapter pour répondre à la demande de consommation écoresponsable : tandis que les collections de Zara et de H&M scorent tous deux 10% de produits respectueux de l’environnement, C&A en aurait atteint 30%. Évidemment, ces chiffres ne sont pas suffisants pour réaliser une véritable transition vers une consommation responsable de la mode.
« 90 % des consommateurs sont prêts à changer de comportement » mais « seuls 3 % d’entre eux savent comment le faire », selon une étude de la start-up Retviews
Des solutions proposées pour réduire l’impact de l’industrie
En août 2019, une coalition mondiale d’une trentaine d’entreprises de la mode et du textile s’est formée en signant le Fashion Pact. L’objectif est de se fournir en énergies renouvelables à hauteur de 100% pour toute la chaîne d’approvisionnement d’ici 2030, et de s’engager à compenser les émissions de carbone pour atteindre zéro émission nette d’ici 2050. Parmi les entreprises, on peut compter Adidas, Nike, Chanel et Prada, mais aussi H&M, Gap, ainsi que des groupes de distribution comme Auchan ou Carrefour. Cependant, malgré cette promesse d’efforts, des problèmes tels que la surconsommation, le gaspillage et la pollution aux microplastiques demeureront.
Pour pallier ces problèmes, des modèles de production et de consommation différents se font de plus en plus entendre. La slow-fashion propose l’artisanat au lieu de l’industrie. Ces productions à petites échelles constituent de belles alternatives lorsqu’elles allient l’utilisation de matériaux écoresponsables, locaux, et préconisent le recyclage ou le surcyclage, c’est-à-dire l’utilisation de matériaux dont on a plus l’usage, comme les chutes de tissu. La slow-fashion met également en avant les artisans, contrastant avec les conditions précaires des travailleurs dans les industries du textile à l’étranger.
Interview avec une plateforme de slow-fashion : 13pourcent
Nous avons rencontré l’une de ces start-up françaises, 13pourcent, créée par Océane Puel-Cheng, une étudiante de vingt ans sensible aux enjeux environnementaux.
Pouvez-vous vous présenter et nous en dire davantage sur ce qui vous a motivé dans ce projet ?
Je m’appelle Océane Puel-Cheng et suis franco-chinoise. Après avoir grandi en Chine, je suis allée faire mes Humanités Politiques à Sciences Po, j’envisage désormais de poursuivre dans le master de luxe et marketing. Je mène également un projet avec passion, celui de changer la mode. C’est cette même passion qui m’a poussée à créer ma marque de vêtement slow-fashion en 2019, OCPC, qui est aujourd’hui proposée sur la plateforme 13pourcent. Cependant, le projet n’était pas encore clairement défini, aujourd’hui grâce à la participation de nos consommateurs dans le projet, nous essayons de dessiner une transition devenue essentielle.
Comme beaucoup de français durant le premier confinement, je me suis rendu compte du nombre de vêtements qui n’ont servi qu’à de rares occasions. Il existe un véritable problème dans la place que l’on accorde au vêtement, il est souvent considéré comme un instrument social si bien que l’on croit augmenter son crédit en achetant davantage de vêtements. Alors qu’il suffirait d’acheter le bon vêtement. Cela fait plusieurs années que j’essaye de faire attention à ma consommation, notamment en n’achetant quasi-exclusivement que de la seconde-main. Au rythme des saisons, les tendances passent, un cycle infini et toujours plus rapide s’installe, notre planète ne peut le tolérer.
Le projet de 13pourcent est avant tout une façon de vivre que je veux proposer aux consommateurs, rester tendance sans pour autant surconsommer. Être responsable ne signifie pas renoncer au style, à l’élégance et aux vertus qui font la fierté du luxe français. C’est l’alliance des deux qui motive notre imagination, façonne notre signature.
Pouvez-vous nous présenter 13pourcent ?
13pourcent est une plateforme de prêt-à-porter écoresponsable, éthique et fabriqué en Europe. Ce n’est pas juste une marque : c’est surtout un nouveau concept de percevoir et consommer la mode. 13pourcent propose un abonnement mensuel sans engagement de vêtements responsables, permettant ainsi de promouvoir une économie cyclique et locale sans surconsommer. Plusieurs marques travaillent de concert au sein de la plateforme 13pourcent, elles proposent au client une plus grande variété de style, taille et coloris, l’objectif étant d’apprendre de nos clients et de répondre à leurs attentes sur mesure.
Comment fonctionne 13pourcent ?
13pourcent est une plateforme de vente en ligne présente sur tous les réseaux sociaux, possédant son site internet. La plateforme 13pourcent propose deux formules; de la vente détail en ligne et petite innovation, une formule d’abonnement. Comment fonctionne cette formule d’abonnement me direz-vous? C’est très simple, elle est sans engagement sur la durée, les clients payent pour un abonnement et reçoivent alors un questionnaire. Nos clients peuvent demander des pièces en particulier , aussi peuvent-ils laisser le soin à 13pourcent de sélectionner des pièces mystères. Cette sélection a le soucis d’être le plus proche des goûts, attentes et envies de nos clients, ils découvriront ce que nos ateliers leur ont préparé sur mesure. Les vêtements peuvent être loués 3 mois. Il existe plusieurs formules d’abonnements que vous retrouverez sur notre site.
Quelles sont les valeurs derrières 13pourcent ?
13pourcent innove et transforme la mode à son échelle en la rendant accessible au plus grand nombre. C’est aussi un pari, celui de voir si les Français sont prêts à s’engager par leurs achats à dépolluer l’industrie de la mode. Le nom de la start-up 13pourcent m’est venu d’une estimation de 2018, seulement 13% des français avaient le soucis des répercussions environnementales de leurs achats vestimentaires.
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
13pourcent s’inscrit dans les mouvements contemporains de design. La mise en scène naturelle, urbaine et audacieuse. Une séance photo postée sur notre page Instagram a aussi beaucoup joué dans la mise en image de la marque. Je voulais un fond neutre mais aussi cette touche authentique, propre à nos clients. Ce sont les paysages de mon enfance qui se reflètent au travers de ces collections; on y retrouve les “hutong” gris contrastés aux immeubles de verres et aux monuments millénaires impériaux pékinois, les lacs, les bambous et la tranquillité qui ont rythmés mes vacances en Chine, la poésie, la lumière le romantisme et l’amour qui jaillissent de Paris. Enfin les bancs éphémères, le phare et la dune du Pilat qui ont marqués mes étés français.
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