Dimanche, François Fillon s’impose face à Alain Juppé avec 44% des voix, Nicolas Sarkozy, arrivé troisième, reconnait sa défaite. La semaine dernière, les sondages donnent Alain Juppé vainqueur au premier tour puis au second tour, face à Nicolas Sarkozy. Les sondages prévoyaient une victoire écrasante de Juppé, que le Brexit n’arriverait pas ou encore que Trump serait battu par Clinton. Les sondages, devenus des incontournables de la couverture politique, peuvent se tromper. 5 points pour mieux percevoir les sondages.
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Qui fait les sondages ?
En France, il existe une dizaine d’instituts de sondages. L’Insee, TNS-Sofres, l’IFOP, le CSA ou encore Opinion Way figurent parmi les plus connus. La presse, tout comme les institutions publiques et les ministères commandent ces études d’opinions. Dans les médias, les sondages fonctionnent sur le modèle dit « omnibus » : les questions sur les préférences politiques des sondés font partie d’une liste de questions sur des sujets variés. Ils s’inscrivent dans la nécessité de couvrir l’actualité chaude et d’alimenter en continu le flux d’informations.
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Quelle est la représentativité des sondages ?
Aujourd’hui, le sondage s’impose comme l’instrument de mesure de l’opinion, si bien que l’opinion publique se confond de plus en plus avec l’opinion des sondés. Or, il faut absolument regarder l’échantillon de référence à partir duquel on effectue le sondage. Généralement, la population de l’échantillon oscille entre 1500 et 8000 personnes. À partir d’un petit groupe d’opinions, les sondages dégagent de grandes tendances, formulées de cette manière « X% des français pensent que… »
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« L’opinion publique n’existe pas »
Titre d’un ouvrage de Pierre Bourdieu, qui postule que les sondeurs produisent l’opinion plus qu’il ne la recueille. Pierre Bourdieu adopte une posture très critique sur les sondages. Selon le sociologue français, il est faux de penser que les sondés ont toujours une opinion sur les questions. Le sondage crée une illusion d’un accord sur les questions qui méritent d’être posées alors que les personnes sont en réalité indifférentes au débat. Enfin, il pense que le sondage crée une illusion de l’opinion publique : elle serait une addition des opinions individuelles. Or, on ne peut représenter l’opinion publique en terme de pourcentage. C’est le résultat d’un rapport de forces, mouvant, qui est impossible à mesurer.
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Les effets pervers des sondages d’opinions
Il n’est pas souhaitable que la démocratie fonctionnent sur la base de l’opinion publique. De fait, les sondages mettent les systèmes politiques en situation d’élection permanente. Ils sont une forme de mise en demeure des dirigeants qui doivent rendre des comptes. La centralité des sondages peut conduire à la démagogie. En définitive, le sondage rendrait la société ingouvernable.
Les sondages ont aussi pour effet de renforcer la personnalisation vie politique. Enquêtes de popularité, élections abordées sous l’angle du vainqueur et de l’analyse de la performance plus que du programme. Ces éléments ont pour effet de déplacer le regard citoyen sur des questions de personnes plus que de fond. Ce qui influence aussi la stratégie des acteurs politiques : les choix sont davantage faits sur la personne que sur les enjeux politiques.
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Pour lire un sondage, comment dois-je procéder ?
Veiller à l’échantillon de référence et observer les mentions obligatoires lors de la diffusion d’un sondage par un média. Selon le site vie publique, « la loi impose de faire figurer dans la publication du sondage les mentions suivantes : le nom de l’institut de sondage, le nom et la qualité du commanditaire et de l’acheteur du sondage. » L’intégralité du texte des questions posées doit également figurer dans le résultat. Si un média choisi de ne pas publier le texte en entier, il ne doit pas orienter et travestir les résultats de l’enquête.